Troisième anniversaire du conflit ukrainien : Sous l’ombre de Trump

25/02/2025 mis à jour: 14:44
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Les alliés européens de Kiev tentent de se mobiliser depuis le revirement américain - Photo : D. R.

Cet anniversaire intervient en plein revirement américain, les Etats-Unis de Donald Trump négociant directement avec Moscou et se montrant très critiques du président ukrainien, lui faisant porter la responsabilité de l'offensive russe lancée le 24 février 2022.

Pour marquer les trois ans de l'intervention russe en Ukraine, de nombreux dirigeants occidentaux sont arrivés hier à Kiev, dont la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants de pays baltes, scandinaves ou de l'Espagne, rapporte l’AFP.

A cette occasion, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé à une «paix réelle et durable» en 2025 en accueillant à Kiev un sommet avec des dirigeants étrangers à l'occasion du troisième anniversaire de l'intervention russe en Ukraine.

Cet anniversaire intervient en plein revirement américain, les Etats-Unis de Donald Trump négociant directement avec Moscou et se montrant très critiques du président ukrainien, lui faisant porter la responsabilité de l'offensive russe lancée le 24 février 2022. La Russie, qui occupe 20% du territoire ukrainien, a de son côté déclaré qu'elle ne cesserait les combats que lorsqu'elle aura obtenu ce qu'elle veut des négociations sur la fin de la guerre.

Moscou affirme que l'Europe cherche à poursuivre le conflit. «Cette année devrait être l'année du début d'une paix réelle et durable», a déclaré V. Zelensky en présidant à Kiev un sommet avec une vingtaine de dirigeants étrangers, certains ayant fait le déplacement et d'autres en visioconférence, qui ont exprimé leur soutien à l'Ukraine. «Poutine ne nous donnera pas la paix ni ne nous l'accordera en échange de quoi que ce soit.

Nous devons gagner la paix par la force, la sagesse et l'unité», a souligné le président ukrainien. Une alerte aérienne à travers le pays a été brièvement déclenchée pendant le sommet, signalant le risque de frappes de missiles russes.

Dans la même veine, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a averti que malgré l'ouverture de discussions unilatérales entre Washington et Moscou, Vladimir Poutine n'était, selon elle, pas prêt à reculer. «Son objectif reste la capitulation de l'Ukraine», a-t-elle déclaré.

«La guerre en Ukraine reste la crise la plus centrale et la plus lourde de conséquences pour l'avenir de l'Europe», a ajouté la responsable, venue à Kiev avec une douzaine d'autres dirigeants occidentaux dont le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

L'Union européenne a imposé hier un 16e train de sanctions contre la Russie. «Depuis trois ans, la Russie bombarde sans relâche l'Ukraine, espérant s'approprier des terres qui ne lui appartiennent pas», a dénoncé la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas dans un communiqué. «Chaque paquet de sanctions prive le Kremlin des fonds nécessaires pour mener cette guerre», a-t-elle assuré.

Enjeux

Ces nouvelles sanctions, formellement adoptées par les ministres des Affaires étrangères de l'UE, ciblent notamment 73 nouveaux pétroliers «fantômes», utilisés par la Russie pour contourner les sanctions déjà existantes destinées à limiter les exportations de pétrole russe.

Elles comprennent également une interdiction d'importer de l'aluminium russe dans l'UE. «Cette nouvelle série de sanctions ne vise pas seulement la flotte fantôme russe, mais aussi ceux qui  soutiennent l'exploitation de pétroliers dangereux, les manettes de jeux vidéo utilisées pour piloter des drones, les banques utilisées pour contourner nos sanctions et les organes de propagande utilisés pour répandre des mensonges», a énuméré Kaja Kallas.

Ces sanctions, censées affaiblir la machine de guerre russe, constituent l'un des enjeux des négociations sur un règlement du conflit qui vont s'ouvrir sur l'Ukraine entre les Etats-Unis et la Russie.

Les alliés européens de Kiev tentent de se mobiliser depuis le revirement américain. Le président français Emmanuel Macron devait rencontrer Donald Trump hier à Washington, plusieurs jours avant le Premier ministre britannique Keir Starmer. Le président américain a qualifié de «dictateur sans élections» V. Zelensky, élu en 2019 pour cinq ans mais qui reste au pouvoir en raison de l'impossibilité d'organiser un scrutin en pleine guerre.

Washington prépare en outre un sommet entre D. Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, et a jugé irréaliste une adhésion de l'Ukraine à l'Otan. Aussi, le président américain insiste sur sa volonté de récupérer le montant de l'aide américaine fournie depuis cette date à Kiev en obtenant un accès aux ressources minières ukrainiennes.

L'administration de Donald Trump fait pression sur l'Ukraine pour signer un accord dans ce domaine, V. Zelensky a exclu à nouveau dimanche de signer un texte qui à ce stade ne prévoit pas selon lui de garanties de sécurité américaines et dont le poids pèserait à l'avenir sur «dix générations d'Ukrainiens».

Moscou réclame une reddition

Hier, Kiev a cependant annoncé être en phase finale de ces pourparlers, la vice-première ministre Olga Stefanichyna les qualifiant sur X de «constructives». «Nous nous approchons de la normalité», a confirmé hier une source ukrainienne haut placée sous couvert de l'anonymat.  L’Ukraine a proposé aux Etats-Unis de signer «un accord cadre» à Washington en présence de MM. Zelensky et Trump, et attend la réponse de Washington, a ajouté cette source.

De son côté, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a prévenu hier que la Russie ne cessera les combats en Ukraine que lorsqu'elle aura obtenu ce qu'elle veut des négociations sur la fin de la guerre que les présidents russe et américain ont unilatéralement initiées. «Nous ne cesserons les hostilités que lorsque ces négociations aboutiront à un résultat ferme et durable qui conviendra à la Fédération de Russie», a-t-il déclaré devant la presse, lors d'un déplacement à Ankara en Turquie.

Moscou réclame une reddition de l'armée ukrainienne, que Kiev lui cède cinq régions entièrement ou partiellement occupées, son renoncement à rejoindre l'Otan et la «dénazification» du pays. Le Kremlin espère que ces revendications puissent aboutir, du fait du revirement des Etats-Unis avec le retour au pouvoir de Donald Trump, qui a adopté ce mois-ci un discours très critique de Kiev.

De son côté, le président chinois Xi Jinping a salué hier lors d'un appel téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine les efforts de la Russie et d'autres pays pour «résoudre la crise» en Ukraine, selon un média d'Etat. «La Chine est contente de voir les efforts positifs déployés par la Russie et les autres parties concernées pour résoudre la crise en Ukraine», a déclaré Xi Jinping à son homologue russe, d'après l'agence de presse Chine nouvelle.

Pour sa part, le Kremlin a annoncé que V. Poutine a «informé» Xi Jinping des discussions russo-américaines qui ont débuté la semaine dernière, notamment sur le conflit en Ukraine, selon un communiqué de la présidence russe. 
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui apporté son soutien à son homologue ukrainien en déclarant dans un discours vidéo que Kiev et Moscou devaient être représentées de manière équitable aux négociations et plaidant en faveur de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

La Turquie, bien que membre de l'Otan, est parvenue depuis le début du conflit à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev. Elle fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais ne s'est pas jointe aux sanctions occidentales contre la Russie.

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