L’avènement du candidat Abdelmadjid Tebboune au poste de président de la République le 13 décembre 2019 n’est pas intervenu pour lui dans des circonstances tout à fait favorables. Des villes algériennes bouillonnantes et l’amorce d’une pandémie ravageuse ont donné à ce début de mandat une allure de pessimisme venant s’ajouter à un héritage marqué par une situation économique désastreuse, une chute du niveau de vie des ménages, une vie politique sclérosée et un climat des affaires largement détérioré. Au niveau international, l’Algérie est devenue sous l’ancien régime un désert diplomatique et les contacts extérieurs de ses dirigeants étaient nuls. La chute des prix du pétrole est venu s’ajouter au marasme social et la société était menacée de voir la cohésion nationale mise à mal. Plus grave, le président Abdelmadjid Tebboune a été contaminé par la Covid-19. La complication de son état de santé a nécessité un transfert dans un hôpital allemand, où il y sera admis pendant plus d’un mois et demi. Après sa convalescence, il mettra la machine gouvernementale en marche pour entamer les 54 points de son programme avec comme slogan «Une Algérie nouvelle», un largage en bonne et due forme de «l’ordre ancien» tel que rejeté par la rue. Peu à peu, pandémie oblige, mais également avec le durcissement opéré par le pouvoir, le hirak se flétrit puis s’éteint. Il fallait tenter le périlleux pari de restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernés et s’engager pour parachever l’édifice institutionnel en réaffirmant la limitation à deux mandats présidentiels. Avec la fin de ces manifestations populaires hebdomadaires, le Président entamera dès la mi-2020, une série de consultations auprès des partis politiques, personnalités et plus largement des pans entiers de la société civile en vue d’apporter certains amendements à la Constitution.
Dissolution de l’APN et des assemblées élues puis élections. Des structures sans hégémonisme partisan avec une composante plus jeunes et un taux appréciable de présence des femmes apparaissent, tel que définit dans le programme présidentiel. La machine institutionnelle se remet donc en branle et l’appareil judiciaire est remodelé et continuera à juger les responsables et autres qui ont bénéficié d’indus avantages. Dans la foulée redéploiement constitutionnel tel que consacré par le référendum du 1er novembre 2021, le président Tebboune instituera le Conseil constitutionnel pour veiller «à la préservation d’un Etat de droit et à la protection des libertés individuelles et collectives».
Autre référent de cette reprise en main des affaires de l’Etat : la bonne gestion de la crise économique nationale au plus fort de la pandémie dans laquelle le pays a vécu en véritable autarcie. La résistance de notre pays à ce fléau qui a ébranlé le monde entier n’a pas donné lieu chez nous à de trop grandes souffrances. Le plan de crise a été efficace avec des produits de première nécessité (même s’il y a eu une tension passagère sur la semoule) disponibles chez les plus grand nombre et les couches vulnérables bien protégées grâce à une solidarité nationale qui n’a pas manqué de prendre sa place traditionnelle chez les Algériens. Un satisfecit public et particulier du Président a été donné à la production agricole. Elle a été tout au long de cette pandémie (rappelons-nous les couvre-feux décrétés dans quasiment toutes les wilayas) abondante et régulière.
relancer l'économie
Avec la rigueur budgétaire instituée et la réduction drastique du train de vie de l’Etat, nos réserves en devises sont restées épaisses grâce à un plan de réduction des importations de produits secondaires sans conséquence sur le régime de consommation des ménages. Le leitmotiv régulier des équipes gouvernementales a été de relancer l’économie en favorisant, par différents moyens, la création d’emplois particulièrement en direction des jeunes tout allégeant la législation pour ouvrir le chemin aux investissements directs étrangers ( IDE).
La nouvelle loi sur l’investissement est attendue avec impatience. A Tebboune, il l’a répété a plusieurs reprises, ne veut pas d’un gouvernement de bureaucrates qui n’ont pas d’emprise sur les réalités concrètes de la mission qui leur incombe. C’est pour cela que les ministres sont en contact au quotidien avec le terrain et parfois, comme ce fut le cas pour Tissemsilt, c’est le gouvernement en partie ou en entier qui se déplace dans les wilayas. Une attention particulière est accordée aux «zones d’ombre» laissées depuis des décennies à l’écart du développement et du progrès (AEP, éléctricité, routes, logements, structures de santé. Les zones d’ombre sont une préoccupation majeure du président de la République. Qu’il ait été chef de daïra ou wali par le passé, il a eu à constater que le sort de ces populations rurales et isolées ( il n’existe parfois aucune voie d’accès à ces zones) n’a pas beaucoup changé. C’est pour cela que depuis trois ans l’opinion publique a eu à être éclairée sur cette frange de la population désœuvrée et quasi inaudible laissée à l’écart de la richesse nationale. Un grand hôpital algéro-qatari-allemand va être érigé à Meftah, dans l’Algérois, afin d'accroître et moderniser le potentiel du secteur de la santé pour atténuer la tension des demandeurs de soins dans une région qui renferme plus de 20% de la population nationale.
Au niveau social, les trois ans de Tebboune ont été marqués par d’autres actions plus importantes les unes que les autres dans le souci de répartir équitablement les richesses nationales. D’abord le maintien, vaille que vaille, de la politique de soutien aux prix des produits de première nécessité, la stabilité des prix de l’énergie (l’essence vendu dans les stations est le moins cher du monde).
L’eau potable est abondante et à un prix modique pour les ménages et l’électricité ne connaît plus de délestage depuis que notre production est excédentaire (24 000 MW produits pour une consommation de 14 000 MW, la différence est exportée). L’inflation, si elle n’est pas au galop, trottine tout de même, mais il n’empêche qu’elle est moins bien supportée par les couches les plus défavorisée.
A trois reprises en trois ans, les salaires ont été revalorisés et les pensions de retraite et les allocations chômage revues à la hausse dès l’annonce d’une embellie financière, tandis qu’une lutte implacable est menée et une législation rendue sévère est appliquée désormais contre les spéculateurs et les fraudeurs de tout acabit et décidé du blocage des prix de certains produits, particulièrement les viandes blanches. Dans ce registre, il semble que les produits, qui étaient sous tension (le lait en particulier) ont soudainement reparu au grand bonheur des citoyens.
Mais le Président est plus attendu au niveau de la promotion du logement comme une priorité nationale pour ne pas avoir à ralentir le rythme de réalisation amorcé sous son action de ministre de l’Habitat sous Bouteflika. Chacun sait qu’il a été les années passées le catalyseur de ce secteur qui a vu la réalisation et la distribution d’un million de logements sous son impulsion. La tendance, espère le commun des Algériens, devrait se confirmer et se renforcer sous son mandat pour mettre à disposition des logements décents à des centaines de milliers d’Algériens dans l’attente. Les observateurs apprécient que les promesses du Président sont non seulement amorcées sur le terrain, mais qu’il accorde une attention toute particulière aux délais de réalisations des projets.
une diplomatie performante
Au plan de la politique extérieure, chacun peut constater que notre diplomatie s’est départie de son attitude attentiste, voire apathique dont elle s’est parée ces 20 dernières années. Alger a été la capitale arabe les 1er et 2 novembre avec la présence d’un éventail de souverains et de chefs d’Etat et de gouvernement. «La déclaration d’Alger» a sanctionné les travaux dans le sentiment que la nation arabe s’est retrouvée et tait pour un moment ses rivalités internes. Idem pour l’extraordinaire tour de forces de réunir à Alger les factions palestiniennes en brouille depuis une quinzaine d’années et leur faire signer un acte de réconciliation interpalestinienne. Le rôle de la diplomatie algérienne a également été remarquable au Mali, au Niger, dans le conflit libyen tout en renforçant notre partenariat avec la Tunisie. Au niveau de l’Union africaine, l’Algérie a pratiquement empêchée l’entrée d'Israël dans l’UA en tant que membre observateur. Tout comme notre pays continue d’apporter son appui indéfectible à la cause sahraouie engagée dans sa lutte contre l’occupant. La crise entre la Russie et le bloc occidental à la suite de son occupation de l’Ukraine a permis à l’Algérie, sans prendre position, la prouesse diplomatique de maintenir des contacts équilibrés entre les deux parties. Le poids de notre pays permet à notre politique extérieure de soutenir la réforme du Conseil de sécurité avec la proposition d’intégrer cette instance onusienne. Rappelons que l’Algérie est déjà membre de la Commission des droits de l’homme de l’ONU.
Enfin comment ne pas indiquer cette ambition du Président de proposer l’Algérie à l’entrée dans le groupe des brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). L’Algérie, pays émergent d'entre les puissances régionales, aspire elle aussi à avoir un rayonnement économique et politique représentatif de son statut de puissance régionale montante.