«A quelque chose malheur est bon», dit-on. C’est le cas du tri sélectif qui a trouvé dans l’informel la raison d’exister, faute d’une véritable mise en place d’une récupération intelligente des déchets.
En effet, les porteurs de projets sélectionnent parfois les déchets à mains nues et les colportent jusqu’aux acheteurs du secteur industriel. Ces ambulants récupérateurs de déchets tentent de suppléer l’absence du secteur public et le manque d’organisation des collectivités locales.
Le directeur de l’environnement de Boumerdès reconnaît que « les moyens sont insuffisants pour doter les villes de bennes de tri sélectif ; sachant qu’il en faut quatre (verre, papier, organique et plastique) pour chaque pâté de maisons ». Il y a actuellement une opération de réalisation d’un dispositif de tri sélectif dans le cadre du FNEL d’un montant de 50 millions de dinars. Il est attendu une autre somme de 100 millions de dinars dans la perspective de généralisation du tri, l’éradication des décharges sauvages et la réhabilitation du cadre de vie lié aux jets d’ordures. Mais pour l’instant, les moyens financiers parviennent avec parcimonie.
À Boumerdès, le Cet de Corso traite 265 tonnes de détritus alors que celui de Zaâtra, plus modeste, atteint les 50 tonnes. Mais l’insuffisance des moyens financiers n’est pas le seul problème.
L’implication de certaines directions et des collectivités locales souffre également de faiblesse. Certains pointent du doigt en direction de Madinet, l’entreprise chargée de collectes des ordures dans le tiers des communes de la wilaya : «C’est une entreprise qui engrange des bénéfices importants qu’elle n’investit pas ou très peu dans le tri sélectif au niveau des communes où elle se trouve.»
Pourtant, cette entreprise à travers ces deux CET (Corso et Zaâtra) a récupéré 5268 tonnes de déchets en 2020 dont le PET 4192 t, le film plastique 395 t ; soit un pourcentage de 87 % des déchets récupérés. Le fer, le carton et les pneus n’enregistrent que 3,6%. Ce dernier pourcentage est loin de correspondre à la quantité réelle jetée par les consommateurs.
La raison en est simple, les porteurs de projets informels précèdent Madinet dans la récupération des produits en papier et les pneus usagés. Quant au fer, autant dire qu’il leur est revendu avant même d’être jeté. Autrement dit, l’informel est plus rapide que le public. « The time is money » est une devise plus ancrée dans le secteur privé - formel ou informel - que le public. Pour la simple raison que ce dernier est plus impliqué dans cette juteuse opération de récupération des déchets. Boumerdès.