Trêve durant le ramadhan à Ghaza : Des négociations décisives aujourd’hui au Caire

03/03/2024 mis à jour: 02:22
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Photo : D. R.

Joe Biden et son administration prennent tout leur temps s’agissant du projet de cessez-le-feu à Ghaza, et devant transiter par une trêve, alors que la situation sur le terrain ne cesse de dépasser les limites de l’horreur, de l’inhumain et de l’insupportable pour près de 2 millions de Ghazaouis.

Après avoir déclaré il y a près d’une semaine, l’air décontracté et un incongru cornet de crème glacée à la main, que l’on était sur le point de parvenir à un accord sur une trêve de six semaines, pariant même sur la journée de lundi dernier comme date de conclusion, le président américain s’est finalement résolu à des déclarations beaucoup moins optimistes.

Interrogé par des journalistes avant-hier, Joe Biden reconnaît que le chemin restait encore semé d'embûches et dit espérer qu’une trêve puisse être concrétisée dans l’enclave palestinienne avant le mois du Ramadhan.

«Nous allons y arriver, mais on n'y est pas encore, et on pourrait ne pas y parvenir», répond-il, laissant planer les doutes de la première puissance mondiale et la plus engagée aux côtés de Tel-Aviv, sur la suite des événements.

Le maître de la Maison-Blanche estime que les «incidents» meurtriers de la nuit de mercredi à jeudi derniers, en fait la boucherie innommable commise par l’armée israélienne sur des centaines de Palestiniens tenaillés par la faim et s’étant rués sur un convoi de transport d’aide alimentaire, ont compromis les avancées réalisées jusqu'ici dans les négociations entre la direction du Hamas et le gouvernement israélien.

Sauf que les projections américaines sur la journée de lundi dernier, comme celle devant voir sceller l’accord sur la trêve, avait surpris toutes les parties, et bien avant que n’intervienne le massacre du quartier Nabulsi.

Le gouvernement Netanyahu s’était même permis de faire des mises au point à peine indirectes à son tuteur américain, s’étonnant de l’agenda avancé. Du côté du Hamas également, la direction politique du mouvement avait exprimé sa surprise de voir  s’annoncer un calendrier aussi précis et aussi proche sur la conclusion d’un accord alors que les obstacles restaient nombreux du côté israélien pour l’aboutissement des négociations.

Des porte-parole du mouvement de résistance ont pour la énième fois accusé Benjamin Netanyahu de multiplier les tueries au nord comme au sud de la bande de Ghaza pour saborder les négociations et allonger le temps de la guerre, en plus d’accentuer la pression sur la partie palestinienne pour lui arracher le maximum de concessions.

Les massacres de populations comme moyen de pression

Jeudi dernier, le Premier ministre israélien a une nouvelle fois douché les espoirs d’une suspension à court terme des opérations militaires, rejetant la responsabilité des blocages sur la partie palestinienne. «Nous sommes face au mur de briques des exigences délirantes et surréalistes du Hamas», a-t-il accusé invitant les Israéliens à ne pas trop miser sur une issue favorable des négociations.

L’homme tient plus que tout à sa sale guerre pour renouveler des sursis à sa carrière politique, quitte à mettre dans l’embarras son principal allié américain. Jeudi, Benjamin Netanyahu a une nouvelle fois agité la menace d’une offensive militaire d’envergure à Rafah, alors que des voix s’élèvent, y compris du bloc occidental, pour avertir contre les conséquences encore plus désastreuses sur les populations.

26 Etats membres de l’Union européenne (UE), longtemps attachés à ce permis de tuer délivré à Netanyahu  au nom du «droit d’Israël à se défendre», ont exigé lundi dernier  «une pause humanitaire immédiate» à Ghaza.

«Nous ne céderons à aucune pression internationale, quelle qu’elle soit, si elle va dans le sens contraire des intérêts israéliens», remballe le Premier ministre israélien, assuré de l’impunité que lui garantit le bouclier américain et l’impuissance de la communauté internationale.

Une journée auparavant, le mercredi, Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas a, quant à lui, affirmé que le mouvement de résistance restait réceptif à toute offre sérieuse pouvant mener à la cessation des combats et  l’arrêt du supplice infligé au peuple palestinien, mais qu’il restait entièrement engagé à poursuivre les combats.

Tous ces échanges se déroulent alors que les rounds techniques de négociations n’ont pas cessé depuis des semaines, tour à tour à Doha et au Caire. L’agence Reuters et la chaîne  Al Jazzera ont annoncé hier que de nouvelles rencontres «indirectes» sont prévues aujourd’hui dans la capitale égyptienne entre les représentants du Hamas et ceux du gouvernement israélien.

La base de travail aurait été déjà arrêtée et comprendrait un accord sur la durée de la trêve et des détails sur le nombre des prisonniers palestiniens et des détenus israéliens à libérer, ainsi que l’acheminement des aides humanitaires aux populations.

La principale pierre d’achoppement demeure, selon les informations de la chaîne qatarie, l’exigence formulée par les représentants du mouvement Hamas sur un retrait des troupes israéliennes de la bande de Ghaza  et le droit des populations déplacées à reprendre le chemin du nord de l’enclave.

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