Le tourisme médical couvre un large éventail de traitements, dont les chirurgies, qu’elles soient esthétiques ou réparatrices, la médecine alternative, les soins dentaires, les soins de fertilité, les traitements préventifs, la psychiatrie, les soins de convalescence et bien d’autres.
Nombreux sont les patients qui n’hésitent plus à se rendre à l’étranger pour subir des opérations de chirurgie esthétique, des traitements expérimentaux ou encore des implants dentaires. Cette pratique, appelée tourisme médical, prend de plus en plus de l’ampleur, et cela, depuis une vingtaine d’années déjà.
Le tourisme médical désigne donc le déplacement de personnes en dehors de leur lieu de résidence habituelle, en vue d’accéder à une opération ou un traitement médical à des tarifs avantageux, qui ne sont disponibles qu’à l’étranger.
Si la Turquie est l’un des pays leaders dans ce domaine, l’Algérie peut devenir un concurrent sérieux au vu du potentiel remarquable qu’elle recèle en matière de compétences et d’infrastructures de santé.
A cet effet, Dr Touahri, chirurgien généraliste au sein d’une clinique privée à Alger, assure que l’Algérie peut tout à fait être un pôle dans le domaine du tourisme médical, à l’instar des autres pays développés dans ce secteur. «L’Algérie possède une technicité médicale immense.
Preuve en est, beaucoup de nos médecins trouvent du travail assez facilement à l’étranger quand ils partent», poursuit-il. Selon M. Touahri, le seul point qui reste à améliorer reste l’organisation afin que les patients viennent se faire soigner en Algérie. «En dehors de ça, tout ce qui est structures, compétences humaines, médicales et paramédicales sont beaucoup plus que satisfaisants», affirme-t-il.
"Nous ne communiquions pas assez sur nos compétences"
Un avis largement partagé par Yasmine Siad, responsable au niveau d’une clinique dentaire à Alger. Selon elle, l’Algérie dispose de toutes les capacités, les compétences et les infrastructures nécessaires pour devenir un pôle de tourisme médical. «Il est vrai qu’il y a des pays qui sont leaders dans ce domaine, comme la Turquie, mais l’Algérie pourrait également le devenir», assure-t-elle.
Pour elle, l’Algérie avait plutôt un retard en termes de marketing et la communication à ce sujet. «En fait, nous ne communiquions pas assez sur nos compétences et nos infrastructures qui sont aux normes européennes, plus grandes et plus belles et tout aussi équipées qu’ailleurs dans le monde», explique Mme Siad.
Cette dernière précise par ailleurs qu’il existe deux types de tourisme médical. «L’Algérie étant un très grand pays, nous recevons donc beaucoup de patients venus d’autres wilayas.
En ce qui concerne le volet international, on reçoit des patients venus d’Afrique», ajoute-t-elle. Mme Siad précise qu’il existe une catégorie importante à ne pas négliger : «Il s’agit de la diaspora algérienne. Il faut savoir que beaucoup de patients algériens, qui vivent à l’étranger, viennent faire leur soin pendant leurs visites familiales».
Finalement, le tourisme médical, l’Algérie dispose d’un grand marché, qu’il soit local ou africain. Autre atout de l’Algérie et non des moindres : la thalassothérapie.
En effet, les services et offres proposés par celle-ci pourraient intéresser plus d’un. Dr Meziane, médecin traitant au niveau de la thalassothérapie de Sidi Fredj, explique : «La thalassothérapie est la seule station en Algérie et même en Afrique, qui traite les patients avec l’eau de mer. Nous avons une station au large d’où on récupère l’eau de mer pour soigner les malades.
Nous avons d’ailleurs reçu, à de nombreuses reprises, des patients venus de l’étranger, généralement, ils viennent pendant la saison estivale. En fait, ils joignent l’utile à l’agréable. Ils font du tourisme et se soignent par la même occasion. C’est la définition même du tourisme médical.»
Et afin de développer au maximum ce secteur, Mohamed Senouci, docteur en relations internationales et responsable développement projets du groupe Memorial, estime qu’il est important de s’inspirer des expériences des pays précurseurs dans ce domaine à l’exemple de la Turquie.
A cet effet, il confie : «Il faut savoir que dans les années 2000, quand la Turquie a décidé de se lancer dans le tourisme médical, l’Etat fut le premier soutien à ce secteur en créant ce qu’on appelle justement le tourisme médical. Cela fut possible car le tourisme chez eux a atteint des sommets».
C’est pourquoi, M. Senouci assure que pour bien lancer le tourisme médical en Algérie, il est important de se concentrer sur le développement du secteur du tourisme, à savoir hôtels, restauration, services. «Tout étranger souhaitant venir se soigner en Algérie demandera en premier lieu après l’hôtel où il séjournera. Et c’est justement cet aspect qu’il faudra développer.»
Pour le cas de l’Algérie, M. Senouci estime inutile de parler de compétences, car la compétence des médecins algériens est connue de tous. «De plus, le pays a connu un important développement en termes d’infrastructures durant les 10 dernières années», assure-t-il.
Autre recommandation de M. Senouci, c'est d’encourager le développement du tourisme médical à travers des offres. «En Turquie par exemple, l’Etat a exempté d’impôt tout hôpital ou clinique accueillant des patients dans ce cadre, et ce, dans le but d’encourager le tourisme médical», affirme-t-il.
Enfin, M. Senouci appelle fortement de développer le «modern marketing». «Il est important de créer des plateformes fournissant toutes les informations nécessaires susceptibles d’attirer les patients étrangers», conclut-il.