Le Salon international du tourisme, des voyages et des transports (Siaha), dans sa 12e édition organisée à Oran, a permis de déceler plusieurs tendances. La première est celle d’un retour vers l’authentique, le patrimoine et les racines.
Situé à 5 minutes de l’aéroport d’Alger, à proximité de Bab Ezzouar et à 20 minutes d’Alger-Centre, M Suite Hôtel propose des chambres à la décoration locale pour sa clientèle dans une atmosphère authentique et contemporaine. Le slogan choisi est assez évocateur : «Vivez le voyage dans le voyage».
Des petites fiches dans les chambres donnent plus de détails pour chaque destination, comme Mers El Kébir à Oran, le nom de cette localité, «le grand port» en arabe, exprime bien son histoire, étroitement liée à la Méditerranée et Mensourah la victorieuse de Tlemcen.
C’est le premier «boutique hôtel» en Algérie, correspondant à un marché de niche apparu en réaction à la trop grande standardisation des établissements des grandes chaînes hôtelières. Ce genre d’établissement crée l’ambiance d’un invité personnel dans une maison privée, plutôt que d’un simple occupant d’hôtel.
L’hôtellerie joue de plus en plus la différenciation et s’engage dans de nouvelles tendances de l’hospitalité. Afin d’améliorer l’expérience client, les hôtels ont tout intérêt à miser sur la personnalisation de l’accueil.
En utilisant des outils technologiques pour exploiter les données des clients, les établissements seront en mesure de créer des offres personnalisées plus pertinentes et attrayantes pour les clients existants et potentiels.
Il y a aussi une demande de plus en plus exprimée pour les hôtels pied dans l’eau. L’avantage est d’accéder à la plage en seulement quelques pas. Bercés par le clapotis des vagues, enivrés par le grand air et l’atmosphère iodée, les plaisirs du bord de l’eau s’offrent aux vacanciers, notamment en saison estivale, sans route à traverser pour un moment de détente ou un séjour plus animé.
L’hôtel Les Sables d’Or de Zéralda, qui renaît après plusieurs mois de réhabilitation et de mise à niveau, surfe sur cette vague, les chambres s’ouvrent sur le bleu de la Méditerranée et l’odeur du grand large. Le même paysage est offert par la nature au complexe touristique Tipasa village (ex-CET) et la Corne d’Or.
Par ailleurs, le secteur se numérise et se digitalise progressivement via des innovations technologiques sur des plateformes de réservation d’hôtellerie. L’objectif commun : développer le tourisme algérien et surtout faciliter le voyage. La transformation numérique des hôtels en Algérie est vitale.
Deux chiffres à retenir : 93% des touristes recherchent leur séjour et hôtel sur internet dans le cadre professionnel ou personnel et 80% des décisions d’achat sont prises suite à la vérification des avis.
L’internaute avant de prendre une décision de voyage consulte l’internet (les avis) et à la fin du séjour, il donne aussi son point de vue et partage son expérience. Il a complètement adopté le changement.
En termes de capacité des hôtels, il y a 45 millions de nuitées disponibles en Algérie. On est passé de 8 millions de nuitées réellement vendues (2018/2019) à 3 millions de nuitées vendues à cause de la Covid-19.
L’écart est considérable. Un secteur avec un fort potentiel, mais restreint par des difficultés. Pour faire une réservation d’hôtel aujourd’hui, il faut se déplacer. Les réservations en ligne sont freinées par d’autres facteurs, tels que les offres et les tarifications non attractives, il y a aussi le manque d’information. La part du e-commerce en Algérie n’est même pas de 5%.
Transformation digitale
Un million de hashtags relatifs au voyage sont cherchés par semaine. Le hashtag «travel» est en troisième position des fréquences d’utilisation. 62% des instagrammers choisissent une destination en s’inspirant en ligne. 68% des utilisateurs de Pinterest font des recherches par rapport au lieu qu’ils ont prévu de visiter.
Des milliers de contenus sur le tourisme sont disponibles : des photos de paysages et des «city guides» pour aider les internautes à trouver les meilleures choses à faire ou lieux à visiter dans la destination de leur choix. Les publicités Pinterest sont de très bons leviers marketing pour toucher les audiences dès les phases inspirationnelles du parcours client.
Qu’il parte à l’aventure ou en voyage organisé, le touriste est à la recherche d’informations pour connaître sa destination, trouver de bons plans pour le grand départ, les excursions à faire une fois sur place, les lieux insolites et inconnus à découvrir. Les touristes passent beaucoup de temps à chercher de l’inspiration, des idées, des astuces afin de passer le meilleur séjour possible une fois sur place.
Dans ce contexte, Amara Amaouz, cofondateur de Namlatic, première start-up algérienne spécialisée dans la réservation d’hôtel via internet et dont le siège se trouve à Alger, est un fervent défenseur de la numérisation du secteur hôtelier.
Cette plateforme, qui offre ses services dans les langues arabe, anglaise et française, opère actuellement avec plus de 150 établissements hôteliers de différentes étoiles et non classés, répartis à travers 38 villes du pays.
Selon lui, il s’agit de «contribuer à réhabiliter le tourisme local, faire croître les réservations à l’échelle nationale et internationale, faire de l’Algérie une destination touristique privilégiée et convoitée sur le marché du tourisme mondial». Il faut ajouter aussi que les Algériens sont hyperconnectés, la quasi-majorité possède un smartphone et est présente sur les réseaux sociaux (25 millions sont sur Facebook) et ce facteur pourra contribuer à aller assez rapidement vers la transformation numérique des acteurs du tourisme.
La pandémie de Covid-19 en Algérie a orienté des solutions digitales pour satisfaire le client à distance. Le bilan du GIE Monétique fait ressortir une hausse du nombre global des transactions en 2021 avec 7 821 346 transactions d’un montant de 11,18 milliards de dinars. Aujourd’hui, 153 web marchands sont adhérents au système de paiement sur internet par carte interbancaire.
Les avantages du digital pour l’hôtelier sont énormes. Il génère plus de réservations et moins de mobilisations des effectifs de l’hôtel. Il permet une programmation et planification à l’avance en adaptant les ressources et dépendances selon les réservations réelles et confirmées.
L’hôtel se concentrera sur le service et l’hospitalité avec un gain de temps et d’argent.
Atriche Mohamed. Directeur du complexe La Gazelle d’Or (El Oued) : «Notre objectif est de fidéliser la clientèle loisirs et entreprises»
- Malgré l’impact négatif de la Covid-19 sur les activités touristiques, on constate une légère reprise, même si le secteur est encore convalescent. Quelle est votre analyse ?
La Covid-19 a apporté un côté positif dans le sens où les Algériens ont pu découvrir leur pays.
Avant ils partaient en grand nombre chez nos voisins, aujourd’hui, ils découvrent que l’Algérie est un beau pays avec un grand potentiel et de belles infrastructures, à l’image du complexe La Gazelle d’Or d’El Oued, des familles algériennes se ruent de plus en plus vers cette destination du Sud pendant les vacances scolaires et de fin d’année.
C’est plus qu’une simple observation d’un spécialiste de l’hôtellerie, c’est une tendance lourde confirmée par les chiffres officiels des autorités. Nous avons tout type d’hébergement : des villas pour familles, des chambres et des kheimas tout confort plantées au milieu d’une oasis envoûtante et d’un paysage verdoyant, donc un large choix d’hébergement avec des tarifs très compétitifs.
L’augmentation et la diminution des prix ne se font pas de façon aléatoire, mais après l’analyse et le suivi de nombreuses variables en temps réel, telles que le nombre de réservations, la saison et les événements marquants. Nous avons concrètement 4 tarifs durant l’année et nous lançons souvent des promotions, comme par exemple celle de Ramadhan, les clients peuvent bénéficier de deux nuitées offertes en prenant deux nuitées payantes en demi-pension (s’hour, f’tour).
- Dans ce contexte, l’offre aérienne a été renforcée pour rendre la destination plus accessible.
Je confirme. Les autorités nous ont écoutés, actuellement la destination El Oued est gâtée en termes de transport aérien : quotidiennement, un vol à partir d’Alger, deux dessertes Constantine-El Oued, Annaba-El Oued, et un autre vol vient d’être ajouté pour Oran (les mardi et jeudi), Djanet, Illizi et prochainement Tamanrasset, en attendant bien sûr l’ouverture internationale et la reprise du vol direct Paris-El Oued. Beaucoup d’étrangers veulent venir à La Gazelle d’Or.
Le marché le plus important pour nous aujourd’hui est celui de l’Europe de l’Est, notamment les Russes et les Polonais. Nous ciblons aussi notre diaspora établie à l’étranger, quand elle vient en vacances chez les grands-parents ou la famille, on l’incite à venir passer quelques jours à La Gazelle d’Or.
- Quel est le profil de vos clients et leurs habitudes de consommation ?
La saison au Sud se situe entre le 1er octobre au 31 mai, mais aujourd’hui, il y a beaucoup de clients qui fréquentent notre complexe pendant l’été et profitent de la grande piscine et la fraîcheur des nuits. Il y a aussi ceux qui viennent pour les cures. La ville d’El Oued s’est métamorphosée en métropole de soins, où beaucoup y viennent pour se soigner et se reposer.
C’est pour cette raison que nous avons également développé notre SPA de 2500 m² aussi spacieux que lumineux pour la remise en forme et le ressourcement. Cela répond à une demande actuelle pour évacuer les tensions et lutter contre la fatigue, le surmenage et les rythmes effrénés imposés par les grandes villes.
Concernant les entreprises algériennes, elles viennent chez nous en team building. Les employés et les cadres se réunissent pour travailler et bénéficier en même temps de loisirs, une manière pour eux de motiver et améliorer la cohésion d’équipe. Des activités peuvent aussi agrémenter le séjour : safari en 4x4 avec animation, city tour de la ville, balades en vélo ou calèche ou à dos de dromadaire.