Pogacar a-t-il pris l’ascendant ? Vingegaard fera-t-il la différence dans les Alpes ? A quand une étape pour Van Aert et Van der Poel ? Et quid des autres favoris et des Français ? Cinq questions sur un Tour de France sublimé par un duel en passe d’entrer dans la légende. Au lendemain de la journée de repos à Clermont-Ferrand, le peloton a repris sa route hier, direction le Jura et les Alpes où devrait se sceller le destin de cette 110e édition partie sur des chapeaux de roue.
- Que vaut la rivalité entre Pogacar et Vingegaard ?
Elle est en train de rentrer dans l’histoire des plus grands duels du Tour après un début de course d’une intensité folle, où les deux champions, d’un niveau très proche, se sont rendus coup pour coup, au Pays basque espagnol, dans les Pyrénées et dans les pentes effroyables du Puy de Dôme. Après des années sous le joug d’un seul homme (Froome après Armstrong le banni), elle offre un fil doré au narratif de l’épreuve plus que centenaire et renvoie aux plus grands combats d’antan, les Anquetil/Poulidor, les Hinault/Lemond ou les Schleck/Contador. Et cela pourrait durer car le Slovène, sacré en 2020 et 2021, deuxième l’an dernier, et Vingegaard, deuxième en 2021 et vainqueur en 2022, n’ont que 24 et 26 ans.
- Pogacar a-t-il pris l’ascendant ?
Dans le dur à Marie Blanque où il a concédé une grosse minute, Pogacar a renversé la dynamique en semant le maillot jaune dans les deux dernières grandes ascensions, jeudi à Cauterets-Cambasque et dimanche au Puy de Dôme. Au chrono, la différence est minime puisque les deux hommes se tiennent en 17 secondes. Mais mentalement le Slovène s’est refait une cerise, tout en se rassurant sur l’état de son poignet fracturé fin avril. Leur duel devrait reprendre vendredi dans la montée au Grand Colombier, une des quatre arrivées au sommet de cette 110e édition, puis dans les Alpes, de samedi à mercredi, un terrain que Vingegaard estime mieux adapté à ses qualités de coureur de fond. Si aucun des deux n’arrive à se détacher, le Tour pourrait se décider dans les Vosges, à la veille de l’arrivée à Paris le 23 juillet, lors d’une finale de rêve.
- Où en est la course au podium ?
Un monde sépare les deux ogres des autres prétendants au podium qui, sauf accident ou défaillance, vont se battre pour la troisième place. L’Australien Jai Hindley a pris un coup d’avance avec son exploit à Marie Blanque qui lui a permis d’endosser le maillot jaune pour un jour. Le vainqueur du Giro affiche un retard de 2:40 sur Vinegaard mais compte 1:42 sur le prometteur jeune Espagnol Carlos Rodriguez et plus de deux minutes sur un trio britannique composé des frères Adam et Simon Yates ainsi que de Tom Pidcock. Ce dernier sera à suivre dans les Alpes où il avait bluffé son monde l’an dernier avec une victoire à l’Alpe d’Huez et ses descentes supersoniques.
- Comment vont les Français ?
C’est un peu la soupe à la grimace. Candidat déclaré au podium, David Gaudu a été lâché dans toutes les montées et navigue au huitième rang à 6:01 du maillot jaune. Une déception après les espoirs nés de sa deuxième place à Paris-Nice derrière Pogacar mais devant Vingegaard. Formaté pour jouer le général, le leader de Groupama-FDJ mise sur les Alpes pour remonter au classement à l’usure. Mais son équipe pourrait jouer aussi la carte Thibaut Pinot et Valentin Madouas pour viser des étapes dès mardi. Romain Bardet, 10e à 6:58, a d’ores et déjà annoncé qu’il allait changer de fusil d’épaule pour chasser les étapes, en espérant bénéficier d’une liberté plus grande maintenant qu’il est loin au général. C’est aussi le cas de Julian Alaphilippe (27e à 28:29) et Guillaume Martin (17e à 11:12) qui rêve d’offrir une deuxième victoire à Cofidis et à la France après celle de Victor Lafay à Saint-Sébastien.
- Van Aert et Van der Poel vont-ils gagner une étape ?
Les deux grands rivaux sur les classiques sont toujours bredouilles après une semaine de course. Wout Van Aert, qui vise un 10e succès dans le Tour, est passé près à plusieurs reprises, mais a été dominé par le sprinteur d’Alpecin Jasper Philipsen (3 victoires d’étape). Il s’est aussi mis au service de Vingegaard dans les montées. Van der Poel a lui brillé dans un rôle de poisson-pilote pour Philipsen et connu une journée très émotionnelle dimanche sur les terres de son grand-père Raymond Poulidor. Comme Van Aert, il mise sur les trois prochaines étapes pour ouvrir son compteur sur ce Tour.