Tipasa : Un site archéologique traversé par les eaux usées

21/03/2023 mis à jour: 02:12
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Photo : El Watan

Il s’agit d’un site archéologique qui s’étend sur une superficie de 16,58 ha, qui abrite une végétation, des espaces forestiers et des pierres romaines, mitoyen avec le littoral méditerranéen, situé à proximité est du port de pêche de Tipasa.

Il est réputé pour sa colline dite de Sainte-Salsa, qui, selon la pancarte, fait référence à la jeune martyre chrétienne du IVe siècle. Ce site en question est classé en série sur la liste du patrimoine mondial culturel de l’Unesco depuis 1982.

La création de la wilaya en 1984, avec son siège à Tipasa, localité côtière déjà classée par l’Unesco en 1982, aura causé des dégâts urbanistiques énormes. Les nouvelles constructions des milliers de logements, des bâtiments administratifs, des résidences individuelles et semi-collectives avaient contribué à la disparition et à la destruction des sites archéologiques.

Les anciens réseaux des eaux usées de l’ancienne ville de Tipasa n’arrivent plus à supporter aujourd’hui les volumes des rejets des eaux de la ville. Une STEP (station de traitement et d’épuration des eaux) avait été construite à Chenoua (Tipasa).

Depuis le changement du statut de la localité côtière de Tipasa, nonobstant l’implantation des habitations illicites déjà existantes, il y a eu une multiplication effarante, de surcroît  dans le désordre, des constructions conformément aux projets inscrits, en l’occurrence les milliers de logements, les bâtiments et autres équipements publics, qui avaient hélas défiguré l’urbanisme du chef-lieu de Tipasa, une ville dite touristique. Des milliers d’hectares de terres agricoles avaient été décimés par le béton.

Parmi tant d’exemples qui ont suscité l’ire de certains intellectuels de la wilaya et des familles qui avaient visité le site archéologique de Sainte-Salsa, il a été constaté la traversée (rivière, ndlr) des eaux usées dans ce site. Les responsables de Seaal affirment : «Il existe un ouvrage appelé déversoir d’orage, (DVO) ; aujourd’hui, le réseau est sous dimensionné par rapport à la collecte des eaux usées de la zone est de la ville de Tipasa.

Ce que vous avez vu, c’est lorsqu’il y a un trop plein, que ces eaux traversent le site archéologique et se déversent vers la mer expliquent-ils.

Seaal procède parfois à des curages manuels du déversoir, nous avons réalisé une étude technique dans le passé qui a été mise à jour, destinée à refaire le système, en redimensionnant le réseau d’abord et pouvoir ensuite acheminer les eaux usées depuis le déversoir jusqu’à la STEP du Chenoua, Seaal exploite, mais ne réalise pas les travaux», concluent nos interlocuteurs de Seaal.

Le directeur des ressources en eau de la wilaya déclare : «L’inscription du projet relatif à la construction du réseau plus adapté au volume des déversements des eaux usées en question est en cours pour l’année 2023 inch’Allah.

Une station de relevage existe déjà au port de Tipasa, nous comptons raccorder les eaux usées depuis cette station de relevage vers la STEP de Chenoua ; nous attendons l’inscription de ce projet pour entamer les travaux», précise M. Bencheikh. La chef de Daïra de Tipasa, qui gère simultanément l’APC de Tipasa, s’est rendue sur les lieux, nous déclare : «ce que vous avez vu sur le site archéologique de Sainte-Salsa est le trop plein du regard qui se trouve à coté de la Cour de justice.

Quand il pleut, le regard n’arrive plus à contenir l’excès du volume des eaux usées, elles débordent, et traversent le site archéologique et se jettent ensuite dans la mer indique-t-il, il y avait eu la construction de 2200 logements, en plus d’autres projets de logements qui sont en cours de réalisation, quand la pluie tombe, les eaux usées débordent.

Nous avons effectué des travaux pour atténuer les problèmes chez les populations atteintes directement par ces débordements des eaux usées. Les eaux usées avaient été déviées vers la mer, dans l’attente de la réalisation du projet de déviation du réseau des eaux usées vers la STEP de Chenoua, enchaîne-t-elle.

Il y avait eu un fiche technique en 2016 ou 2017, le montant à l’époque du projet était estimé à 80 milliards de centimes, mais ce projet avait fait l’objet du gel, c’est un projet sectoriel, dont l’étude technique a été confiée à Seaal, le montant doit être revu à la hausse.

Cela ne dépend pas de l’APC. C’est un projet sectoriel. Nous attendons son inscription», conclut la chef de daïra de Tipasa. La saison estivale avance à grands pas. Les odeurs nauséabondes dans un site archéologique devra faire réagir la direction de la culture.

La protection de ce prestigieux site archéologique d’Algérie, protégé à la fois par son classement à la législation algérienne et son classement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, devra être protégé également par le comportement de ses visiteurs, en plus d’une vigilance permanente des éléments du secteur de la culture, destinée à préserver le site des agréssions.                                                                                                                                  

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