Il y a quelques temps, au soir de la victoire de l’équipe nationale de la coupe arabe des nations, des milliers de fans ont convergé vers la place des Martyrs (ex-place Carnot), au coeur de la ville de Tiaret, pour célébrer le sacre des Verts.
Une fête qui s’est prolongé jusque tard dans la nuit et qui n’a pas manqué de déborder quelque peu, au point d’avoir raison sur le petit muret qui abrite la plaque commémorative du martyr Ali Maachi et ses deux compagnons d’infortune, Djillali Bensotra et Mohamed Djahlène.
Le lendemain, c’est la consternation sur les réseaux sociaux : des internautes avaient en effet imputé le sort réservé au muret à une profanation. Sitôt recadré et le calme revenu, les élus de l’assemblée ont vite fait de rattraper le retard en sollicitant certains artistes locaux. L’un d’eux a spontanément répondu à l’appel de l’APC et de la daïra de Tiaret. Dix jours se sont écoulés et voilà que notre artiste d’un bureau d’études local a fini par présenter un petit chef-d’oeuvre à l’égal des sacrifices des trois martyrs qu’on fête tous les 8 juin depuis l’institution de la journée de l’artiste en 1997.
La stèle de trois mètres de hauteur sur deux de large est un ensemble combiné où l’on a fait ressortir le symbolisme de l’arbre, le bicentenaire platane sur lequel a été suspendu par les pieds le chantre de la musique algérienne, Ali Maachi d’avec le microphone dans lequel excellait le chanteur compositeur des anghams El Djazair pour exprimer «son amour à la patrie en lutte contre le colonialisme français».
C’est ce que dira M. Beddiar Bouharket, celui-là même qui a réalisé le canon de l’émir dans la placette à la sortie ouest de la ville en allant vers Guertoufa. Notre interlocuteur précise que «cette oeuvre a été réalisé presque à titre gracieux mis à part les produits entrant dans la confection de l’oeuvre». Et d’ajouter : «Nous avons utilisé les feuilles de granit noire royale avec sculpture des branches de platane avec de l’argile sur moule et versement de l’aluminium fondu à une haute température supérieure à 750 degrés.»
Pour ainsi dire, renchérit-il, «nous nous sommes inspirés de grandes oeuvres et monuments de par le monde pour réaliser en un temps record l’oeuvre dédiée aux arts et aux martyrs de la révolution». En dernier, conclut notre sympathique artiste : «Nous utiliserons une gravure douce au laser plus un balayage avec ultra-violet pour la protéger des facteurs externes.» Pour rappel, ce travail à saluer a nécessité l’intervention de quatre ingénieurs et trois artistes qui ont travaillé en atelier quatorze heures par jour. Inauguration probable le 18 février prochain.