La sociologue Fatma Oussedik n’a pas effectué le déplacement à Oran pour assister à la présentation de son livre intitulé Avoir un ami puissant… (Editions Koukou 2022). Une enquête sur des familles urbaines d’Alger, d’Oran et d’ Annaba.
La rencontre a été organisée mercredi au TRO et les tentatives de la connecter via un des systèmes de visioconférence ont été souvent infructueuses rendant ses interventions presque inaudibles et inexploitables face à un auditoire qui, dans sa quasi majorité, n’a pas encore lu le livre. Un livre qui n’était aussi pas disponible sur place.
Celui-ci a été présenté mais de manière succincte d’abord par Nabila Moussaoui, enseignante chercheure au département des sciences politiques de l’univesrité Oran 2 qui a commencé par mettre en avant la symbolique du lien familial avant de présenter les différentes parties de l’ouvrage, fruit d’un travail de terrain soumis aux outils méthodologiques permettant de saisir le sens de l’objet de cette recherche centrée sur l’évolution dans le temps et dans l’espace du cadre familial.
Lui succédant, Boudjemaa Abdelkader, inspecteur retraité de l’éducation nationale, a ajouté les autres dimensions contenues dans l’ouvrage tel l’anthropologie ou l’histoire, l’intérêt étant de contribuer à répondre à la question : qui sommes-nous et que savons-nous de nous ? Pour sa part, Sekoura Babadji, diplômée universitaire ayant fait carrière dans l’administration de la formation professionnelles, devait aborder les questions juridiques et s’est félicité de la richesse thématique d’un livre où les problématiques de genre n’ont pas été omises.
La présence de l’auteur aurait sans doute permis de clarifier beaucoup de questions soulevées ou simplement des propos ou des avis émis dans le débat. Un des rares intervenants ayant lu l’ouvrage a par exemple profité de l’occasion pour avoir des explications sur le choix du titre Avoir un ami puissant… , une expression différemment appréciée mais évoquée dans ses aspects basiques comme un appui pour accéder au logement, aux hautes fonctions, etc.
De manière générale et de quelque côté qu’on prenne les choses, les questions urbaines soulèvent très souvent des débats passionnés notamment quand elles sont liées à l’évocation du monde rural. C’est le cas même lorsque les choses sont juste sous entendues. Cette fois encore, la question a été soulevée amenant par exemple l’auteure a se justifier en disant «moi, en tant que chercheure, je ne porte pas de jugement de valeur.
Et à l’un des conférenciers de préciser, comme pour apporter du crédit à un fait social, que «90% (le chiffre façon de parler) des acteurs du mouvement national sont issus du monde rural».
Mais pouvait-il en être autrement alors que la population dans son ensemble est elle aussi à plus de 90% (toujours façon de parler) vit ou a été contrainte à vivre dans le monde rural quitte à ce que ce soit à la périphérie des villes construites par la colonisation française.
Une intervenant a fait remarquer qu’Oran qu’elle a connu dans les années 1970 est différente de l’actuelle. Beaucoup expriment une certaine nostalgie comme s’il s’agissait de revendiquer le privilège d’être parmi les premiers à occuper les espaces laissés par la communauté européenne après la colonisation.
Ceci car on n’a pas souvenance de l’existence avant l’Indépendance de promoteurs immobiliers autochtones qui ont réalisé des immeubles dans l’espace urbain d’Oran ou même d’ailleurs au profit des leurs.
Les nouveaux occupants des appartements vacants qu’ils proviennent de Msirda (wilaya de Tlemcen), de Tighenif (wilaya de Mascara) d’Ighil Ali (wilaya de Béjaia) de Sidi Ali (wilaya de Mostagnem) de Kenadsa (wilaya de Béchar) ou alors des pans des médinas ou cités médiévales qui ont échappé à la destruction coloniale doivent avoir ressenti la même sensation à l’usage de l’ascenseur (en appuyant sur un simple bouton), de l’eau chaude dans les robinets, du gaz de ville, etc.
Ce sont les premières vagues de l’exode qu’il soit rural ou pas mais il n’y en avait pas pour tout le monde. Cette façon de considérer les nouveaux arrivants de manière relativement négative s’est déplacée aujourd’hui même dans les villages notamment anciennement coloniaux.
Le livre évoque bien la question du logement et son évolution après l’indépendance mais le livre pose d’autres questions car des métropoles de cette taille revendiquant le statut de villes méditerranéennes devraient de ce fait et en principe être relativement cosmopolites. Le débat peut également s’orienter et il est temps vers la mobilité interne.