Technologies, biens et services dédiés à la sécurité intérieure des états : Les firmes israéliennes persona non grata au Milipol Qatar 2024

24/07/2024 mis à jour: 00:04
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Israël est indésirable dans les grandes manifestations internationales - Photo : D. R.

L’enjeu de cette 15e édition de Doha, dont les préparatifs vont bon train sur les différents sites d’accueil, est loin d’être négligeable : le marché de la sécurité intérieure au Moyen-Orient connaît une croissance de 14,5%, offrant des opportunités lucratives pour les exposants, issus des quatre coins du monde.

Temps durs, mauvaise passe et nouvelle déconvenue pour les entreprises de défense et de sécurité israéliennes. Après leur exclusion, sur décision des autorités françaises, du Salon de défense Eurosatory, tenu du 17 au 21 juin à Villepinte, au nord de Paris, suite au bombardement meurtrier, fin mai dernier, d’un camp de déplacés palestiniens à Rafah et la vague d’indignation internationale soulevée, en France surtout, les fabricants d’armes, de technologies et d’équipements policiers et militaires de l’entité sioniste ne pourront pas exposer leurs arsenaux et dernières innovations au Salon mondial de la sécurité intérieure et de la défense civile Milipol Qatar 2024, qui aura lieu du 29 au 31 octobre, au Centre des expositions et des congrès de Doha (DECC) au Qatar.

«(...) Aucun exposant israélien n’est inscrit au Salon Milipol Qatar 2024, organisé à Doha, par le ministère de l’Intérieur de l’Etat du Qatar en partenariat avec la société française Comexposium Security, sous le patronage du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Sheikh Mohammed bin Abdurrahman Al Thani», a confirmé à El Watan Salwa Ghorayeb, chargée des relations publiques à l’agence Action Qatar. Dit autrement, l’entité sioniste y est indésirable.

Le Milipol étant, faut-il le préciser, un Salon bisannuel que le Qatar et la France accueillent à tour de rôle. Sa première édition à Doha remonte à 1996. Reconnu pour sa capacité à rassembler des acteurs clés du secteurs public et privé de la sécurité intérieure.

Milipol Qatar, cette vitrine exceptionnelle pour les dernières avancées technologiques, biens et services allant de «l’analyse des risques, contrôle des frontières, forces de l’ordre, forces spéciales, gestion des risques, intégration de systèmes, lutte contre la criminalité organisée, lutte contre la cybercriminalité, lutte contre le terrorisme, lutte contre les cybermenaces» en passant par «la Protection civile, protection des sites industriels, protection des sites sensibles, sécurité aéroportuaire, sécurité des systèmes financiers, sécurité des transports, sécurité portuaire, sécurité privée, sécurité routière, sécurité urbaine, services médico-légaux, systèmes d’information, systèmes de communication, systèmes de protection des données», aurait pu ouvrir le boulevard à de nouvelles opportunités d’affaires et d’expansion, sans égal, dans la région pour les industriels israéliens, ceux intervenant dans la sécurité miniaturisée surtout, comme Israël Aerospace Industries (IAI), spécialisée dans le développement et la production de systèmes aérospatiaux, de défense et de sécurité ou encore BriefCam, fournisseur attitré de logiciels de reconnaissance faciale aux polices européennes.

L’enjeu de cette 15e édition de Doha dont les préparatifs vont bon train sur les différents sites d’accueil est loin d’être négligeable : le marché de la sécurité intérieure au Moyen-Orient connaît une croissance de 14,5 %, offrant des opportunités lucratives pour les exposants, issus des quatre coins du monde.

Pas que. Considérant l’expansion de la cybersécurité, la filière des équipements et de technologies de la sécurité civile, militaire, paramilitaire et policière est appelée à connaître une dynamique indéniable un peu partout dans le monde, les régions les plus exposées et vulnérables aux menaces cybernétiques, en particulier.

En effet, «avec une valeur prévue de 2893,4 millions de dollars d’ici 2026 pour le marché de la cybersécurité au Moyen-Orient et en Afrique, les exposants bénéficient d’un terrain fertile pour l’innovation et les affaires», fait ressortir un document transmis à notre rédaction par Mme Ghorayeb d’Action Group Qatar.

En outre, «(…) avec les Jeux asiatiques de 2030 et la potentielle candidature aux Jeux olympiques de 2032, les exposants ont l’occasion de s’aligner sur des projets d’envergure qui marqueront la prochaine décennie», se réjouit le comité d’organisation, mettant les bouchées doubles pour la réussite de l'événement auquel l’Algérie devrait être présente à travers de grandes entreprises, notamment celles assurant le gardiennage et la sécurité des sites stratégiques et infrastructures sensibles, dont le besoin en logistiques et services nécessaires est sans cesse grandissant.

C’est dire que le franc succès qu’a connu le «village» des stands des firmes israéliennes lors du Mlilipol Paris 2023 n’est, désormais, plus qu’un souvenir. Elles avaient contribué à propulser l’Etat hébreu au rang de superpuissances des drones et autres outils ultra sensibles de défense et de sécurité qu’il occupe aujourd’hui.

Dans sa version française, la manifestation de référence mondiale en matière de sécurité intérieure des Etats, de sécurité publique, du maintien de l’ordre et de sécurité des sites sensibles, ayant eu lieu du 14 au 17 novembre 2023, à Villepinte (Seine-Saint-Denis), leur avait, en effet, permis de conclure des contrats en or.

D’autant qu’y avaient pris part des décideurs clés et des acheteurs gouvernementaux et privés de plus de 150 pays. Et contrairement à l’édition 2022 où, à en croire Mme Ghorayeb,  avaient été réunis quelque «222 exposants de 22 pays, 11 500 visiteurs professionnels de 84 pays, 389 délégations officielles de 33 pays et 587 journalistes», Milipol Qatar 2024 qui intervient dans un contexte de guerre génocidaire d’une rare intensité à Ghaza risque de bouleverser la géopolitique de la sécurité intérieure.

Estimé à près de 670 milliards d’euros, ce marché n’est pas près de connaître la crise. Son excellente santé, une croissance en nette évolution – 4,5 % en 2022 –, il la doit, en partie à Milipol. Outre Paris et Doha, ce format de Salon, organisé pour la première fois en France (1984), se tient également sous le nom de Milipol Asia Pacific à Singapour et Milipol India à New Delhi.

Notons, par ailleurs, que l’agence Frontex, instrument emblématique de la politique de contrôle des frontières extérieures de l’Europe et des pays qui lui sont associés dans ce domaine, est l’un des illustres hôtes et habitués de ce Salon. Elle compte particulièrement parmi les gros clients des fabricants israéliens de drones et de caméras de surveillance et autres technologies de sécurité, de sûreté, de détection et de prévention, exclusivement destinés à la lutte anti-émigrants clandestins.

D’ailleurs, le ministère du Commerce américain aurait, à en croire l’Irlandais David Cronin, écrivain spécialiste de Frontex et des questions migratoires, plus d’une fois recommandé aux fabricants d’armes du pays de garder un œil sur l’agence européenne. Mieux encore.  Cette dernière a son siège au Security &Defence Agenda (SDA), le seul groupe de réflexion sur la sécurité et la défense, basé à Bruxelles, qui vit essentiellement de financements de l’industrie d’armement et de la sécurité publique.

Claire Rodier, membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI, Paris) et cofondatrice du réseau euro-africain Migreurop, fera également référence aux enjeux derrière la présence régulière de Frontex au Salon Milipol lorsqu’elle assimile Frontex à «une irremplaçable courroie de transmission, en mettant en relation les industriels en quête de financement pour la recherche et la réalisation du matériel de surveillance, qu’elle pratique de longue date, avec les décideurs institutionnels».
 

 

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