Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a affirmé, jeudi dernier, que les nouveaux droits de douane de 30% imposés par les Etats-Unis sur les importations sud-africaines sont préoccupants et soulignent le besoin urgent d’un nouvel accord commercial bilatéral.
Les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud et des dizaines de milliers d’emplois dépendent de cette relation, le secteur automobile comptant parmi les principales exportations sud-africaines. L’Afrique du Sud reste engagée dans une relation commerciale mutuellement bénéfique avec les Etats-Unis, a déclaré M. Ramaphosa après les annonces de Donald Trump.
Cependant, les «droits de douane unilatéralement imposés et punitifs sont une préoccupation et constituent des barrières au commerce et à la prospérité partagée», a-t-il ajouté dans un communiqué. Ils mettent en évidence «l’urgence de négocier un nouvel accord commercial bilatéral et mutuellement bénéfique avec les Etats-Unis, comme une étape essentielle pour assurer la prévisibilité commerciale à long terme», poursuit-il.
L’Afrique du Sud, dont l’industrie est la première du continent africain, souhaite maintenir l’accord commercial AGOA (African Growth and Opportunities Act), qui permet un accès préférentiel au marché américain à de nombreux pays africains et doit être renouvelé cette année.
«Discrimination raciale»
Le pays est le premier exportateur hors pétrole dans le cadre de l’AGOA, avec 3,6 milliards de dollars en 2023, dont une grande partie dans l’automobile. Environ 86 000 emplois sont directement liés à l’AGOA chez les constructeurs automobiles et même 125 000 en incluant les sous-traitants, selon les responsables du secteur.
Les Etats-Unis ont également imposé des droits de douane de 25% sur les automobiles importées, entrés en vigueur dès jeudi. L’Afrique du Sud est particulièrement ciblée par Washington depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, en janvier. Le républicain a coupé les aides américaines au pays en l’accusant de traiter de façon «injuste» les descendants de colons européens, en créant même une procédure d’asile aux Etats-Unis pour les «réfugiés afrikaners».
Il avait alors décidé que les Etats-Unis encourageraient «la réinstallation» de ceux-ci, «fuyant la discrimination raciale encouragée par le gouvernement», selon lui. Elon Musk, natif d’Afrique du Sud et puissant allié de Donald Trump, avait également accusé le gouvernement sud-africain de discrimination envers les populations blanches.
Trump avait aussi attaqué l’Afrique du Sud pour sa plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice. Washington a également ordonné le 14 mars à l’ambassadeur sud-africain aux Etats-Unis, Ebrahim Rasool, de quitter le territoire après qu’il a été déclaré persona non grata par le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, qui a accusé ce partisan affiché de la cause palestinienne d’être un «homme politique raciste qui déteste l’Amérique».
Lors d’un séminaire en ligne organisé par un think tank basé à Johannesburg, Ebrahim Rasool avait accusé le président Trump de mener une politique basée sur le «suprémacisme».
Malgré cette crise qui couvait, le président Cyril Ramaphosa continue à choisir la voie diplomatique. «L’amélioration de nos relations avec les Etats-Unis d’Amérique est une priorité pour nous», avait-il réagi à la suite de l’expulsion de son ambassadeur. «Face à de tels défis, le dialogue permet de trouver des solutions. C’est exactement ce que nous allons faire», avait-il relevé. Hocine Lamriben