Plusieurs villages et hameaux de la commune de Tamokra, sur la rive droite de la Soummam, ne sont pas desservis par les navettes de transport public, avons-nous appris auprès des villageois.
A se fier aux résidents de ces localités excentrées, les déplacements vers le centre urbain du chef-lieu communal et les villes de la vallée de la Soummam sont problématiques.
«Nous sommes les éternels oubliés des pouvoirs publics, qui n’ont jamais songé à des mesures incitatives pour encourager le privé à exploiter ces lignes», fulmine un retraité du village Tizi Aïdel, soulignant que les villages sont logés à la même enseigne.
«Les habitants de Boukerdous, Taourirt et Boutouab endurent la même galère. Même Bicher, le village le plus densément peuplé, n’est pas desservi, ne serait-ce que par une seule rotation quotidienne», s’insurge un père de famille.
«Le fourgon de transport ne se hasarde dans notre village que par un concours de circonstance», ajoute-t-il sur un ton de dépit.
Des villageois affirment unanimement que le nœud gordien réside dans la rentabilité : «L’exploitation d’une ligne de transport obéit à la logique de rentabilité, même si le transporteur est censé assurer un service public au profit de la population», déclare un quadragénaire du village Tizi Aidel. Il en veut, néanmoins, aux propriétaires de fourgons d’être «prisonniers de leurs calculs d’apothicaires».
Pour transporter un malade, relève-t-on, la situation s’avère encore plus alambiquée ? «Les gens prient pour ne pas avoir un malade sur les bras ou une parturiente à évacuer en urgence, car trouver un moyen de transport relève du miracle, surtout que la couverture sanitaire dans notre commune laisse à désirer», souligne un habitant de Taourirt.
De s’être monté le bourrichon, bien des villageois ont fini par céder aux sirènes de l’exode. A vrai dire, les habitants de ces localités déshéritées sont accablés par une litanie de carences, dont ils n’ont pas pu entrevoir ne serait-ce un début de solution. «L’obsession de partir habite tous les esprits. Le mouvement d’exode s’amplifie d’année en année.
A ce rythme, tous nos villages finiront par se muer en lieux déserts», subodore un citoyen du village Bicher.