- Comment vous est venue l'idée d'écrire l’ouvrage intitulé e-gouvernement en Algérie, Etat des lieux, obstacles et solutions, qui vient de paraître ?
Durant mon mandat de président du Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN) de 2020 à 2022, j'ai régulièrement été sollicité par les médias pour donner mon avis sur l'état du e-gouvernement en Algérie.
Cependant, j'ai constaté que ce sujet complexe était souvent mal compris par le grand public en raison de sa technicité. J'ai donc décidé d'écrire ce livre pour offrir une présentation complète et accessible du e-gouvernement en Algérie, en expliquant les concepts clés, les avantages et les défis rencontrés dans la mise en place de ce système.
De plus, en travaillant avec les administrations publiques, j'ai pu constater que l’erreur du passé se reproduisait encore : chaque administration travaillait en solo, sans coordination avec les autres, et que la mise en place du e-gouvernement en Algérie était encore un défi majeur. Ainsi, ce livre vise à offrir une analyse complète de la situation du e-gouvernement en Algérie, en mettant en lumière les réalisations, les obstacles et les défis, ainsi que les solutions possibles pour surmonter ces obstacles.
- D'après vos recherches et les données récoltées, pensez-vous que l'Algérie est sur la bonne voie pour concrétiser les objectifs de la gouvernance électronique ?
L'Algérie a fait de bons progrès en termes de connectivité et d'infrastructures, mais il reste encore beaucoup à faire en matière de dématérialisation des démarches administratives, de culture numérique et d'engagement citoyen. Notre pays a un potentiel énorme pour améliorer son index EGDI et se classer parmi les meilleurs pays en matière de «e-gouvernement».
La volonté politique de réaliser la transformation numérique de l'Algérie est également présente et forte, et nous l'avons bien vu dans l'engagement n°25 du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui stipulait : réaliser une transformation numérique pour améliorer la communication et vulgariser l'usage des technologies de l'information et de la communication, notamment dans les services publics, et améliorer la gouvernance du secteur économique.
Nous avons besoin de mécanismes pratiques pour concrétiser cette volonté politique sur le terrain, ce qui nécessite une coordination accrue entre les différents secteurs et acteurs gouvernementaux, ainsi qu'un investissement continu dans les infrastructures et les services numériques. La mise en œuvre du e-gouvernement nécessite une vision claire et une stratégie solide, et nous sommes sûrs qu'avec les outils appropriés et la bonne direction, l'Algérie peut atteindre le sommet dans le domaine du e-gouvernement.
- L'un des facteurs qui a ralenti le processus est le fait que chaque administration et chaque entité gouvernementale a mené ce projet en solo, alors qu'il s'agit d'unifier. Partagez-vous cette critique ?
Effectivement, chaque ministère, wilaya, commune, administration centrale et locale a entrepris sa propre transformation numérique sans avoir une vision claire et partagée, ce qui a abouti à une fragmentation de l'approche et a eu des conséquences négatives sur l'efficacité des efforts déployés. L'absence d'une stratégie nationale coordonnée a entraîné une duplication des initiatives et une redondance des données, avec différentes administrations et ministères investissant dans des projets similaires et concurrents, sans coordination ni partage des ressources.
De plus, les services en ligne proposés par les administrations sont souvent insuffisants, se limitant généralement à permettre aux citoyens de télécharger et d'imprimer les documents requis. Malheureusement, pour finaliser leurs démarches administratives, les citoyens doivent souvent déposer ces documents dans d'autres administrations, ce qui est non seulement frustrant, mais aussi un frein à l'efficacité et à la productivité de l'administration. Je rappelle encore une fois qu'une administration électronique est une administration 0 papier.