Le 8 mars 1974, un accident d’avion tragique emportait Mahmoud Maïdat, journaliste à la Télévision algérienne, alors qu’il accompagnait le président Houari Boumediène lors de sa visite au Vietnam.
Cinquante ans plus tard, ses filles, Badia et Siham Maïdat, ont entrepris un pèlerinage profondément personnel sur la terre où leur père a perdu la vie, renouant avec son souvenir et l’histoire d’une amitié indéfectible entre l’Algérie et le Vietnam.
Enfants au moment du drame, elles ont grandi avec une absence pesante, bercées par des souvenirs épars d’un père disparu trop tôt. Ce n’est qu’en 2023, en foulant le sol vietnamien pour la première fois, qu’elles ont pleinement mesuré la portée de leur perte.
Devant la tombe de leur père, un moment presque surnaturel s’est produit : un papillon est venu se poser délicatement sur la pierre tombale, symbole, dans la croyance vietnamienne, du retour des âmes des défunts. Un rayon de soleil a alors percé le feuillage, illuminant doucement le mémorial. Ce signe, aussi fugace qu’émouvant, leur a donné l’impression que leur père était là, veillant sur elles.
Le Vietnam, loin d’être simplement le lieu de son décès, s’est révélé être une terre de mémoire et de fraternité. Dès leur arrivée, Badia et Siham ont ressenti une étrange familiarité. «Nous avions l’impression de connaître déjà ces rues, ces visages, comme si nous étions déjà venues ici», confie Siham Maïdat avec émotion. Ce voyage n’était pas qu’un hommage : il était une redécouverte de leurs racines, confirmant que ce pays faisait désormais partie de leur histoire familiale.
Le sacrifice de Mahmoud Maïdat et de ses collègues n’a jamais été oublié.
Ces journalistes, pionniers de la presse algérienne après l’indépendance, ont contribué à façonner une profession qui jouait un rôle central dans la construction nationale. Leur tragédie a conduit au lancement du programme «Lumière sur toutes les régions», une initiative visant à mettre en valeur la diversité du pays, tout en rendant hommage aux reporters disparus. «Mon père faisait partie de cette première génération qui a jeté les bases du journalisme algérien. Ils n’étaient pas que des journalistes, mais des pionniers, et j’en suis fière», affirme Siham Maïdat.
Au-delà de la mémoire personnelle, Badia et Siham ont découvert une dimension plus vaste à leur voyage. L’Algérie et le Vietnam partagent une histoire commune de luttes pour l’indépendance, marquée par une solidarité née dans l’adversité. «La liberté ne vient pas sans combat, et chaque génération doit porter ce flambeau», souligne Siham Maïdat.
Pour elles, cette visite a révélé que l’histoire de leur père faisait partie d’un récit plus grand, celui d’une fraternité entre deux peuples. Aujourd’hui encore, à travers les monuments érigés en Algérie et au Vietnam, son nom reste gravé dans la pierre et dans les mémoires. Ce voyage n’a pas seulement permis à Badia et Siham de retrouver leur père, il leur a aussi révélé un héritage plus profond, un pont vivant entre deux nations bâti sur le courage, le sacrifice et une amitié qui résiste au poids des années.