Si certains commerçants se contentent de stocker les aliments pour les vendre à prix fort, d’autres vont beaucoup plus loin.
Des entrepreneurs en bâtiment et des ateliers de fabrication d’éléments de maçonnerie utilisent du sucre subventionné comme adjuvant dans la composition du béton pour en ralentir la prise, ou encore dans certains éléments de maçonnerie, qui servent de revêtement pour les façades.
Cette pratique inédite dénote du peu d’intérêt qu’accordent ces individus à la protection de l’économie nationale et aux moyens de subsistance des citoyens, qui s’en trouvent très affectés. Les forces de l’ordre, qui sont à cheval sur les inspections depuis un certain moment, ont pu mettre fin à ce genre de pratiques dans plusieurs localités de la capitale.
C’est lors d’enquêtes sur l’approvisionnement en aliments de première nécessité que la commission de wilaya de contrôle et de répression des fraudes, en coordination avec les services de la Gendarmerie nationale, a réussi à pister un entrepreneur frauduleux à Sidi Moussa, et à mettre fin à ses agissements.
L’enquête a révélé que l’accusé s’est procuré l’équivalent de 10 tonnes de sucre au total entre janvier et mars 2023. Cette quantité a été saisie à l’intérieur d’une usine de production de produits chimiques et de matériaux de construction, «le sucre était mélangé à d’autres éléments chimiques, avant d’être mixé avec le béton pour en ralentir et retarder le durcissement», a indiqué un communiqué des services de contrôle de la wilaya d’Alger.
Par ailleurs et dans le même sillage, les services de sécurité et ceux de la répression de la fraude, «ont saisi, 5000 kg de sucre dans un chantier, destinés à être mixés avec du béton pour être utilisés dans des travaux de construction», indique un autre communiqué du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations.
Les enquêtes préliminaires ont révélé que l’entrepreneur en charge du chantier situé à Heuraoua, une localité qui se trouve à l’est de la capitale, a acheté plus de 5000 tonnes de sucre qui allait êtres utilisés dans les travaux.
Selon le ministère, le sucre a été utilisé comme alternative à la matière de fixation dans le béton en vue d’économiser les coûts, étant donné que le sucre est subventionné par l’Etat. «L’opération s’inscrit dans le cadre des enquêtes ouvertes concernant le suivi de la commercialisation et d’approvisionnement du marché en produits de large consommation, notamment ceux subventionnés par l’Etat», peut-on lire dans le communiqué.
Ce qui a été découvert par les services de sécurité n’est certainement pas exhaustif. Les opérations de contrôle qui ont permis de dévoiler au grand jour ce genre de pratiques, doivent être multipliées, et ce, dans le but de protéger les produits subventionnés qui sont destinés aux couches sociales les plus défavorisées.
La pléiade de textes réglementaires prévue pour lutter contre la spéculation doit être renforcée par des opérations de contrôles dans les chantiers et les ateliers du bâtiment.