Succession de Boris Johnson : Neuf candidats déjà dans la course

11/07/2022 mis à jour: 03:54
AFP
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Photo : D. R.

Deux jours après l’annonce de la démission de Boris Johnson, neuf députés conservateurs sont désormais lancés pour lui succéder. Dernière à se lancer hier matin : la secrétaire d’Etat au Commerce international, Penny Mordaunt, 49 ans. Cette ancienne réserviste de la marine, qui a été la première femme à occuper le poste de ministre de la Défense en 2019, a insisté sur la nécessité que le débat public «tourne un peu moins autour du leader», pour se concentrer sur le «navire».

Trois nouveaux prétendants de haut rang étaient entrés dans la course samedi soir. Outre Savid Javid, se sont portés candidats le nouveau ministre des Finances, Nadhim Zahawi, et l’ancien ministre des Affaires étrangères et de la Santé, Jeremy Hunt, qui avait affronté Boris Johnson en 2019 pour la direction du parti conservateur. Ils avaient été précédés par l’actuel secrétaire d’Etat britannique aux Transports. L’ex-ministre des Finances, Rishi Sunak, figure parmi les poids lourds entrés en course.

La compétition qui va s’ouvrir pour la tête du parti conservateur et donc Downing Street, les Tories étant majoritaires à la Chambre des Communes, pourrait durer plusieurs mois.

L’ambitieux Rishi Sunak

Le secrétaire d’Etat aux Transports, Grant Shapps, a annoncé sa candidature en promettant un gouvernement «stratégique» et «sobre». Député expérimenté qui a fait ses premières armes au cabinet de l’ex-Premier ministre David Cameron en 2010, il ne fait pas partie des favoris des sondages.

Pas plus que trois autres candidats eux aussi déclarés, l’ex-secrétaire d’Etat à l’Egalité, Kemi Badenoch, la procureure générale Suella Braverman et le député Tom Tugendhat.

En revanche, l’ex-ministre des Finances, Rishi Sunak, 42 ans, a été vendredi le premier prétendant d’envergure à lancer sa candidature, dans une vidéo particulièrement léchée, au point d’alimenter des suspicions de candidature préparée de longue date et de trahison. Dans ce clip, qui a fait sept millions de vues samedi, il promet de «restaurer la confiance», «reconstruire l’économie et réunifier le pays».

«Énorme colère»

Faisant longtemps figure de favori pour entrer à Downing Street si Boris Johnson chutait, Rishi Sunak s’était trouvé nettement affaibli il y a quelques mois après la révélation de l’avantageux statut fiscal dont bénéficiait sa richissime épouse, qui lui permettait d’éviter de payer au fisc britannique des impôts sur ses revenus à l’étranger. Il avait aussi pâti d’une réponse jugée insuffisante dans l’opinion face à la crise du coût de la vie, dans un Royaume-Uni en proie à une inflation au plus haut depuis 40 ans (plus de 9%).

L’annonce de sa candidature, à laquelle plusieurs députés se sont immédiatement ralliés, a semble-t-il créé un rebond : un sondage vendredi pour Channel 4 auprès de 493 membres du parti le donne candidat préféré des conservateurs (25%), devant la ministre des Affaires étrangères Liz Truss (21%), qui ne s’est pas encore déclarée.

Reste que les fidèles de Boris Johnson n’ont pas digéré l’attitude de Rishi Sunak, le Financial Times évoquant samedi une «énorme colère» à son égard au sein de l’équipe du Premier ministre sortant. Rishi Sunak avait été l’un des premiers à quitter le gouvernement mardi soir, apparemment sans même prévenir Boris Johnson, avec le ministre de la Santé Sajid Javid. Ces deux démissions quasi-simultanées avaient déclenché une hémorragie politiquement fatale au héros du Brexit.

Un vote d’ici la rentrée

L’état du parti laisse augurer une compétition très ouverte, dans laquelle la secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Penny Mordaunt, qui ne s’est pas déclarée, et Sajid Javid font aussi figure de sérieux concurrents. Un autre poids lourd qui figurait parmi les favoris, le ministre de la Défense, Ben Wallace, a en revanche décidé samedi de ne pas se présenter.

Dans un contexte de crise du coût de la vie, la fiscalité devrait jouer un rôle important dans la compétition, et jusqu’à une quinzaine de candidatures sont anticipées au total. Face à la perspective d’un tel afflux, un relèvement du nombre des parrainages et des votes requis dans la première partie du processus de désignation est envisagé, a expliqué un membre du Comité 1922, chargé de l’organisation interne du parti. Et ce, afin que les deux finalistes puissent être connus d’ici deux semaines, avant la trêve parlementaire estivale qui commence le 22 juillet.

Le vote final des adhérents du parti conservateur – 160 000 votants lors de la dernière élection interne de 2019 – interviendrait ensuite d’ici la rentrée, selon le scénario qui semble se détacher dans la presse britannique. 

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