La relance du barrage vert fait partie de la stratégie de lutte contre la désertification qui vient d’être appuyée par la recherche scientifique et les compétences universitaires, avec l’installation, le 17 juin dernier, du Comité scientifique et technique de la lutte contre la désertification et de la restauration du barrage vert (LCDBV).
L’Algérie est située dans le pourtour méditerranéen, région considérée par le Groupe intergouvernemental des experts internationaux sur l’évolution du climat (GIEC) comme l’un des 24 «hot spots» les plus vulnérables au changement climatique. Elle est touchée par des phénomènes climatiques extrêmes et récurrents, dont les hausses de température, sécheresses, incendies de forêt, inondations… d’où l’engagement d’actions d’adaptation pour protéger les populations et les infrastructures.
La relance du barrage vert fait partie de cette stratégie qui vient d’être appuyée par la recherche scientifique et les compétences universitaires, avec l’installation, le 17 juin dernier, du Comité scientifique et technique de la lutte contre la désertification et de la restauration du barrage vert (LCDBV).
Créé par décret exécutif n°20-213 du 9 dhou el hidja 1441 correspondant au 30 juillet 2020, il est composé de 27 chercheurs et universitaires affiliés aux établissements de l’enseignement supérieur et centres de recherche, ce comité a rejoint, sur injonction du président de la République, l’organe national de coordination chargé de l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation du programme d’action de lutte contre la désertification et la relance du barrage vert.
Ce dernier est représenté par 16 ministères, dont ceux de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) en tant que président, de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, des Ressources en eau, de l’Environnement, ainsi que de plusieurs organismes et acteurs du secteur.
Préserver les écosystèmes
Le barrage vert a vu le jour par la décision du 23 juin 1970 relative à la mise en place d’un périmètre de reboisement de Moudjebara dans la wilaya de Djelfa. C’est une ceinture forestière d’une longueur de 1500 km, qui vise à stopper l’avancée du désert vers le nord du pays par le reboisement de 3 millions d’hectares. Elle est perçue aujourd’hui telle une action d’anticipation sur les aléas de l’ensablement.
Une entreprise écologique et de prévention du dérèglement climatique vieille de cinquante ans, mais dont le bilan reste modeste. Selon une étude réalisée par le Bureau national des études pour le développement rural (Bneder) sur la vulnéraire de cette bande verte, il est relevé une accélération de la dégradation, notamment sur les versants centre et ouest. Le but du lancement de l’initiative nationale pour la restauration du barrage vert, projet piloté conjointement par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est d’améliorer la résilience climatique dans les steppes et les zones de forêts sèches. Et aussi d'augmenter son extension de 10%.
Pour atteindre cet objectif, ce sont 43 millions d'arbustes qui doivent être plantés dans le cadre d'une campagne nationale de reboisement. «La désertification constitue un risque pour l’Algérie en menaçant une grande partie des écosystèmes, d’où la volonté de l’Etat pour la réhabilitation du barrage vert», a rappelé le secrétaire général du MADR, à l’occasion de la célébration de la journée de lutte contre la désertification, insistant sur l’apport des compétences universitaires, par le choix des espèces, des aménagements, ainsi qu’avec l’accompagnement technique.
Implication des locaux
Une étape décisive dans ce projet dont la réussite dépend de la synergie qui prendra forme grâce à l’implication des scientifiques et de la population locale. A ce propos, si cette dernière n’a pas été partie prenante par le passé, elle l’est devenue depuis. Son intégration dans les travaux d’aménagement, ainsi que sa contribution dans l’exécution du projet ont été évoquées par Saliha Fertas, directrice générale des forêts (DGF) et point focal UNCCD (Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification) : «Le projet intègre à la fois des domaines forestiers, pastoraux, alfatiers et fourragers… Chaque commune sur le tracé du projet et concernée par des aménagements aura son comité local pour le barrage vert.»
La demande croissante sur les ressources naturelles, combinée à l’expansion des villes et des infrastructures, affaiblit largement les écosystèmes en réduisant leurs capacités d’appui aux populations. Partant de ce constat, la préservation de cette biodiversité interpelle l’action.
Celle traduite par des opérations de reboisement, dont plusieurs sont déjà en cours, et ce, jusqu’à 2030. Le budget alloué à cette deuxième étape de la réhabilitation du barrage vert, qui s’étalera sur une période de sept ans, soit la plantation de 17 000 hectares, est estimé à 75 millions de dinars, est-il indiqué. Selon les données de la DGF réalisées à l’aide de GPS, la superficie du projet couvre 13 wilayas, 183 communes, dont plus de 200 zones d’ombre.