Spéculation sur les véhicules neufs : Envolée des prix et revente malgré les dispositifs de la loi

03/04/2025 mis à jour: 00:48
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Photo : D. R.

Les véhicules, nouvellement acquis, continuent d’être vendus sur le marché de seconde main à des tarifs exorbitants, en dépit des nouvelles réglementations en vigueur régissant la commercialisation automobile par les concessionnaires.

La relance de l’activité automobile, amorcée depuis deux ans, n’a toujours pas permis à la filière de connaître une stabilité. L’inertie, qui s’est installée dans ce secteur depuis 2018, a provoqué un véritable «cataclysme» dans l’offre et la demande automobile. En quelques années seulement, l’acquisition d’un véhicule passe d’une simple formalité à un rêve presque inaccessible pour le citoyen algérien.

Même le retour des quelques marques automobiles sur notre marché n’a pas suffi d’atténuer cette crise en raison d’une faible disponibilité. Eu égard à cela, le ministère du Commerce avait mis en place, dans le cadre des nouvelles réglementations qui régissent l’activité automobile, une plateforme numérique nationale qui a pour effet de conditionner l’acquisition de véhicules neufs auprès des concessionnaires.

Dans le détail, les concessionnaires automobiles s’engagent à l’égard de la loi «à ne vendre qu’un seul véhicule de tourisme par personne physique pour une période de cinq années, sauf en cas de réforme dûment justifiée», tel que stipulé dans le nouveau cahier des charges régissant l’activité.

Une approche qui a pour but de réguler et prémunir le marché et le consommateur des pratiques spéculatives. Au demeurant, ce dispositif coercitif n’a pas montré son efficacité, du moins durant cette période. Les effets sur le marché automobile algérien n’ont pas été aussi marquants qu’escomptés.

Les véhicules, qu’ils soient neufs ou d’occasion, continuent d’être vendus à des tarifs exorbitants, notamment ceux fabriqués dans l’usine de Tafraoui de Fiat Algérie. Les concessionnaires agréés de Fiat Algérie font face à des délais de livraison étendus, et parallèlement, les voitures neuves sont touchées par le phénomène de revente. En effet, des revendeurs, faisant fi à la nouvelle réglementation en vigueur, tirent profit de la situation en acquérant ces véhicules, parfois sous des prête-noms (parents, enfants ou grands-parents), pour ensuite les revendre avec d’importantes marges bénéficiaires.

Pour citer quelques exemples édifiants, une Fiat Tipo qui est proposée dans les concessions de la marque au tarif de 2 699 000 DA se négocie dans le marché de seconde main au-delà des 3 300 000 DA. Le nouveau Doblo panorama, qui a connu un grand engouement du public, vendu au prix de 3 340 000 DA dans le réseau Fiat se négocie dès sa sortie au-delà de 4 000 000 DA chez les revendeurs.

C’est à se demander comment cela devient possible sachant que le ministère de la Justice avait lui aussi pris une mesure préventive en demandant aux notaires de ne plus enregistrer les transactions de vente de voitures neuves. L’objectif de l’instruction du ministère de la Justice était de lutter contre la spéculation illégale sur le marché de la vente de véhicules, et ainsi, préserver le droit des citoyens à obtenir un véhicule à usage personnel et professionnel.

Face à cela, les associations de protection des consommateurs appellent à l’application de la «loi contre la spéculation illicite». Pour l’association nationale pour la protection des consommateurs Aman, cette pratique constitue un délit économique contre l’activité officielle des concessionnaires, en plus d’être une atteinte aux droits des consommateurs. Son président Hacène Menouar avait déjà interpellé les autorités sur ce phénomène, affirmant que la loi contre la spéculation illicite appliquée sur certains produits, doit aussi être appliquée contre ces personnes.

Le département ministériel de l’Intérieur avait annoncé au tout début de la relance de l’activité automobile en 2023 qu’il allait prendre des mesures strictes, dans le cadre de ses prérogatives, pour faire face à cette situation. Il n’en demeure pas moins que cette intervention n’a toujours pas été concrétisée et les revendeurs de véhicules continuent de surenchérir sur un marché, disons le, marqué par un sevrage et des délais de livraison long. 
 

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