L’armée a bombardé hier les paramilitaires à l’artillerie lourde à Khartoum, rapporte l’AFP. Dans le nord et dans le sud de la capitale, les bases des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo sont sous le feu des canons de l’armée du général Abdel Fattah Al Burhane au 47e jour d’une guerre qui a déjà fait plus de 1800 morts, selon l’ONG Acled.
Peu avant, à Djeddah, en Arabie Saoudite, les émissaires du général Al Burhane ont «suspendu les négociations» en cours depuis près d’un mois pour un cessez-le-feu censé ouvrir des passages aux civils et à l’aide humanitaire. L’armée a pris cette décision «parce que les rebelles n’ont jamais appliqué un des points de l’accord de trêve temporaire, qui prévoit leur retrait des hôpitaux et des maisons», a expliqué un responsable gouvernemental soudanais.
Depuis le début de la guerre, le syndicat des médecins dénonce l’occupation de plusieurs hôpitaux par des belligérants. Hier, le ministère de la Santé a annoncé la fermeture de neuf hôpitaux d’Al Jazira, l’Etat qui borde Khartoum au sud et accueille des dizaines de milliers de familles déplacées, «à cause de la présence des FSR autour qui menace les soignants et l’approvisionnement des établissements». Les trois quarts des hôpitaux dans les zones de combat sont hors d’usage, selon le syndicat. Jusque-là, aucun couloir n’a été dégagé pour permettre le passage de l’aide humanitaire, dont ont désormais besoin 25 des 45 millions de Soudanais, selon l’ONU. Les rares cargaisons qui ont pu être acheminées ne couvrent pas les immenses besoins.
Le pays est au bord de la famine, selon l’ONU. Au total, plus d’un million et demi de personnes, principalement des Soudanais mais aussi des réfugiés au Soudan, ont été forcées de fuir. Plus d’un million sont encore dans le pays, mais 350 000 autres ont rejoint les pays voisins. La moitié est arrivée en Egypte, en pleine crise économique, les autres au Tchad, au Soudan du Sud, en Centrafrique ou en Ethiopie.
Si l’armée a dit se retirer des négociations à Djeddah, rien ne permet cependant d’affirmer que les discussions ne vont pas reprendre. Les combats sont les plus violents au Darfour, une région frontalière du Tchad, dont certaines zones sont totalement coupées du monde, sans électricité ni téléphone. Là, de nouveaux appels à armer les civils font redouter une «guerre civile totale», selon les Forces de la liberté et du changement (FLC), le bloc civil évincé du pouvoir lors du putsch mené en 2021 par les deux généraux, alors alliés.
Aujourd’hui, les partisans de la dictature islamo-militaire de Omar El Béchir, déchu en 2019, reviennent en force, assurent les experts, en pesant de tout leur poids derrière l’armée et le général Al Burhane.