La guerre, qui ravage le Soudan depuis plus de quatre mois, a gagné deux nouvelles villes fortement peuplées: Al Facher, l’un des chefs-lieux du Darfour, et Al Foula, capitale du Kordofan-Ouest, a rapporté hier l’AFP.
La situation est particulièrement préoccupante à Al Facher, où les combats ont cessé il y a près de deux mois, car de nombreuses familles fuyant pillages, viols, bombardements et exécutions sommaires ailleurs au Darfour (ouest) s’y sont réfugiées.
«C’est le plus grand rassemblement de civils déplacés avec 600 000 personnes qui se sont réfugiées à Al Facher», assure Nathaniel Raymond, directeur du laboratoire en recherche humanitaire de l’Université américaine de Yale. Si la guerre entre l’armée du général Abdel Fattah Al Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a ravagé Khartoum et poussé plus de trois millions d’habitants de la capitale à la fuite ou l’exil, le conflit est différent au Darfour.
Là, des rescapés ont signalé des exécutions sur la base de l’appartenance ethnique, des milices arabes alliées des FSR abattant des civils uniquement parce qu’ils n’étaient pas Arabes et des colonnes de familles fuyant sur des dizaines de kilomètres, au Tchad voisin pour les plus chanceux ou ailleurs au Darfour, désormais en passe de s’embraser partout.
Dans cette vaste région, la guerre a déjà fait des ravages en 2003 et la Cour pénale internationale (CPI), qui parle de génocide à l’époque met en garde contre une répétition de l’histoire. Plus à l’est, à 800 km de Khartoum, Al Foula, le chef-lieu du Kordofan-Ouest, localité jusqu’ici épargnée, a elle aussi été gagnée par les combats.
Depuis le 15 avril, seul un bilan très sous-estimé de la guerre a été établi: 3900 morts, selon l’ONG Acled. Et quatre millions de personnes ont dû fuir leur maison.