Sortir de la salle d’observation

07/03/2022 mis à jour: 03:03
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Des dossiers ayant un impact direct sur la vie des citoyens émergent incidemment de la chronique nationale qui répercute également le tumulte en cours à l’échelle internationale. A la fin de la semaine dernière, le thème de la santé de proximité est revenu dans le discours officiel à la faveur d’une sortie sur le terrain du ministre en charge du secteur. 

L’annonce relative à l’amélioration de la qualité des soins, intervenue au cours d’une inspection dans les structures sanitaires de la capitale, prend une résonance particulière dans les régions les plus reculées du territoire national. Comme l’attestent régulièrement les échos provenant du pays profond, les attentes en matière de couverture sanitaire sont aussi nombreuses que lancinantes.

 De séminaire en colloque et de rencontres régionales en assises nationales, le secteur de la santé peine à dépasser la phase d’observation, alors que le diagnostic a été établi depuis de nombreuses années. Les professionnels de la santé et les gestionnaires des unités de soins sont unanimes à conclure à «un manque de moyens». 

Et ils sont prioritairement financiers. Il ne s’agit pas tant de réinventer une politique de gestion que de mobiliser les financements nécessaires au renforcement des moyens techniques et à la stabilisation des personnels d’encadrement. 

Dans le sillage des projets de réforme et de restructuration, il est question d’abandonner l’organisation actuelle des EPSP (Etablissement public de santé de proximité) pour revenir au schéma traditionnel des circonscriptions sanitaires incluant l’hôpital et les unités de base. En l’état actuel des moyens humains et des équipements, le niveau des soins restera fatalement inchangé, sinon en régression si la baisse de la qualité de prise en charge des malades dans les structures publiques n’est pas résorbée. 

Les responsables en activité dans les services de soins mettent en avant la priorité de rénover et de développer le côté infrastructurel du secteur. En raison de l’étendue du territoire national, il est difficile d’obtenir une radioscopie relativement exacte du dispositif sanitaire dans les régions où l’inquiétude et la détresse des populations restent souvent inaudibles et sans écho dans les centres de décision. 

Les retards de développement local sont souvent si prononcés que l’état des routes, ou ce qui en fait office, rend les visites officielles d’inspection inenvisageables. Pourtant, les besoins en matière de soins y sont équivalents à ceux exprimés dans les grands centres urbains. 

Bien qu’occupant une place privilégiée dans les postes de dépense, les dotations budgétaires destinées à la santé arrivent dans un état proche de l’anémie dans les structures de proximité. La prise en charge de l’hygiène et de la sécurité, des aspects souvent relevés dans les unités de soins, est rendue possible à travers la procédure d’externalisation et de contractualisation, mais rarement concrétisée en raison du manque de financement. Au plan médical, les conventions avec les médecins spécialistes sont également prévues mais non effectives pour les mêmes raisons.

 Si les autorités ont pris acte de l’exigence du logement en faveur des praticiens, la question du salaire demeure celle qui peut freiner la propension à l’exil ou la migration vers les cliniques privées. Le système de santé pourra être considéré fonctionnel et probant quand le coût des soins ne sera plus supporté par le malade mais par l’Etat et les organismes de sécurité sociale.

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