La maison d’édition Random House a annoncé que le roman inédit de Gabriel Garcia Marquez est publié dix ans après sa mort par ses fils.
En effet, les fils du regretté écrivain colombien ont décidé après mûre réflexion de publier ce roman, jugé de «dispersé» mais «complet». Le roman en question intitulé En agosto nos vemos («Nous nous verrons en août») est sorti dans un premier temps la semaine dernière en langue espagnole. Une sortie du roman en question est attendue respectivement le 13 mars en français et le 20 mars en anglais. Ce roman inédit posthume est le fruit d’un dernier effort de l’écrivain pour continuer à écrire contre vents et marées, expliquent ses fils, Rodrigo et Gonzalo García Barcha, cités dans le communiqué.
Dans En agosto nos vemos («Nous nous verrons en août»), l’écrivain colombien, Gabriel Garcia Marquez, utilise comme à son accoutumée une plume des plus élégantes. «On y retrouve les aspects les plus remarquables de l’œuvre de García Márquez, comme son imaginaire, la poésie de la langue, la narration captivante, sa compréhension des êtres humains et son affection pour leurs expériences et leurs malheurs», précise le communiqué. Romancier, nouvelliste, mais également journaliste et militant politique, Gabriel Garcia reçoit en 1982 le prix Nobel de littérature. Affectueusement surnommé «Gabo» en Amérique du Sud, il est l›un des auteurs les plus significatifs et populaires du XXe siècle.
Son œuvre se démarque par un imaginaire fertile et constitue une chronique à la fois réaliste, épique et allégorique de l’Amérique latine dans laquelle se recoupent son histoire familiale, ses obsessions et ses souvenirs d’enfance. Il est comparé dans la presse à François Rabelais pour sa prose truculente ainsi qu’à Miguel de Cervantès et Victor Hugo pour sa dimension monumentale. Etudiant, García Márquez poursuit en autodidacte ses études, après avoir abandonné ses études de droit et avant de se lancer dans le journalisme. Très tôt, il ne montre aucune retenue dans sa critique de la politique intérieure comme extérieure de la Colombie et sur la situation en Amérique du Sud.
Par ailleurs, il ne fait pas mystère de ses sympathies pour la gauche radicale et les mouvements révolutionnaires auxquels il apporte parfois une aide financière. En 1958, il épouse Mercedes Barcha avec qui il a deux fils : Gonzalo et Rodrigo García, devenu réalisateur. Il voyage à travers l’Europe et s’établit ensuite à Mexico où il lance une édition mexicaine de son hebdomadaire colombien Cambo.
En tant qu’écrivain, García Márquez commence sa carrière en publiant nombre d’œuvres littéraires, bien reçues par la critique, comme des nouvelles et des ouvrages non-fictionnels. Cependant, ce sont les romans Cent ans de solitude (1967), Chronique d’une mort annoncée (1981) et L’Amour aux temps du choléra (1985) qui lui apportent la reconnaissance du public, des médias et de ses pairs. A la suite de la parution de Cent ans de solitude, considéré comme son chef-d’œuvre, l’auteur connaît un succès commercial planétaire.
Son nom est fréquemment associé au «réalisme magique», courant artistique qui insère des éléments magiques et des motifs surnaturels dans des situations se rattachant à un cadre historique, culturel et géographique avéré. La plupart de ses livres fondent une quête du temps perdu et abordent différents thèmes, tels que la solitude, le pouvoir, l’amour, le désir, la décadence, la violence et la mort. Le regard de l’auteur sur la civilisation et la nature humaine se veut tour à tour ironique, désabusé, méditatif et fataliste. L’action de plusieurs de ses œuvres se déroule dans le village fictif de «Macondo».
Plusieurs de ses histoires ont inspiré de nombreux écrivains, artistes et cinéastes. En 1987, le metteur en scène italien, Francesco Rosi, réalise Chronique d’une mort annoncée, d’après le roman homonyme de García Márquez. Plusieurs adaptations sont tournées au Mexique, dont La Viuda de Montiel (1979) de Miguel Littín, Maria de mi corazón (1979) de Jaime Humberto Hermosillo et El coronel no tiene quien le escriba (1998) d’Arturo Ripstein. Le cinéaste anglais Mike Newell (Quatre mariages et un enterrement tourne) L’Amour aux temps du choléra à Carthagène des Indes, en Colombie. Le scénario est écrit par Ronald Harwood (Le Pianiste). Le roman De l’amour et autres démons est quant à lui adapté et mis en scène par le réalisateur costaricien Hilda Hidalgo, diplômé du Film Institute de La Havane et dans lequel l’auteur colombien se rend souvent pour des ateliers d’écriture de scénarios.
En 1996, Récit d’un naufragé inspire Pobre mi esperanza, clip musical dirigé par José Luis Lozano et interprété par Isabel Pantoja. Le cinéaste serbe Emir Kusturica, grand lecteur de García Márquez dont l’univers a nourri les films Le Temps des Gitans et Underground entreprend par ailleurs l’adaptation de L’Automne du patriarche et rencontre l’écrivain à La Havane en 2005 afin de discuter de la mise à l’écran de son livre. Kusturica souhaite également porter à l’écran d’autres œuvres de l’auteur parmi lesquelles Cent ans de solitude.
Néanmoins, aucune des adaptations souhaitées ne voit le jour. En 2011, l’auteur et réalisatrice australienne Julia Leigh avoue avoir voulu transposer dans une époque contemporaine les thèmes et l’atmosphère de Mémoire de mes putains tristes ainsi que des Belles endormies de Yasunari Kawabata avec Sleeping Beauty, son premier film.