Sortie du tome 2 de violences algériennes : Allaoua Bendif évoque «des dysfonctionnements sociaux majeurs»

06/04/2022 mis à jour: 19:48
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L’universitaire et docteur en psychologie clinique, Allaoua Bendif, vient de compléter sa large réflexion sur le phénomène de la violence en Algérie, sous ses différentes formes par la publication du tome 2 de Violences algériennes.

Ce deuxième opus sur le sujet sensible de la violence chez les Algériens vient de paraître chez Trésors de Jugurtha. Il faut dire qu’entre-temps, les faits et les situations de violence n’ont pas reculé, bien au contraire.

Ce qui s’est passé l’été dernier à LarbaNathIrathen, les féminicides, la criminalité routière, entre autres le confirment d’une manière qui exige de l’ensemble de la société plus de lucidité et de vigilance dans ce domaine.

Dans le tome 1 de Violences algériennes, paru chez Koukou Editions en 2019, il s’est surtout concentré sur la visibilité statistique de ce phénomène dans notre pays, fortement marqué par la violence terroriste paroxystique des années 1990, tout en faisant en sorte que cette dernière, malgré son grand impact sur la vie nationale et sur l’histoire contemporaine de notre pays, ne masque pas la progression des violences ordinaires que connaît la société algérienne.

La violence routière, les violences criminelles, les violences dans et autour des stades de football, les violences dans les urgences hospitalières, les violences contre les femmes et les enfants, etc., ne peuvent plus être ignorées et doivent requérir au contraire l’attention et la vigilance de tous.

Par ailleurs, pour l’auteur, replacer ces violences nationales dans le contexte des violences de l’environnement régional et international est indispensable à une lecture globale de ce fléau social dans notre pays.

Mais toutes ces violences, questionne Allaoua Bendif, ne sont-elles pas, en réalité, le résultat de certains dysfonctionnements sociaux majeurs ?

Ainsi, précise-t-il, ce deuxième opus est consacré à la présentation d’un modèle théorique explicatif de ce phénomène qui se répand partout sur la planète et qui se mue maintenant, non seulement en menace à la sécurité nationale et internationale, mais aussi, s’il n’était pas pris vigoureusement en charge, en véritable handicap au développement national.

Pour le docteur Allaoua Bendif, pour construire une telle approche explicative, il est indispensable de discriminer clairement, sur le plan sémantique et conceptuel, entre l’agressivité et la violence, car ces deux concepts sont souvent employés sans une conscience claire de leurs différences.

L’agressivité est un élément instinctif, participant de l’instinct de survie, d’adaptation et de régulation naturelle chez tous les êtres vivants.

La violence inclut l’agressivité, mais elle la dépasse par sa dimension individuelle et collective transgressive de la loi sociale. L’agressivité est destinée à être éduquée pour être maîtrisée et contrôlée, selon les lois et les valeurs de l’Ordre social et ainsi être gérée et orientée dans le sens du meilleur équilibre possible, entre la satisfaction des besoins des personnes et des groupes et les exigences inhérentes à la stabilité de cet Ordre social et de son évolution vers la meilleure configuration possible.

«Cette éducation a pour objectif la maîtrise, l’humanisation et la socialisation de l’agressivité individuelle en vue de la mettre au service de la création du meilleur équilibre possible entre les besoins de l’individu et ceux de la collectivité, dans le cadre d’un projet de vie personnel compatible et intégré au mieux aux caractéristiques, aux lois et aux valeurs de son milieu social.

Selon l’auteur, cette éducation au sens le plus large, est, fondamentalement, pour les Algériens comme pour toute personne à travers le monde, une séquence importante du long processus de construction et de maturation psychologique et sociale d’une personnalité équilibrée et dotée d’un potentiel adaptatif satisfaisant.

D’un autre côté, cette éducation/humanisation/socialisation de l’agressivité constitue l’une des dimensions dynamique constructrice du vivre ensemble, citoyen paisible pour faire société, pour faire peuple et pour faire Nation. 

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