Sortie de l’ouvrage «L’Arbre des couscous» de Rachid Sidi Boumedine : A la découverte des grains de couscous translucides

02/05/2023 mis à jour: 03:55
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Ameziane Ferhani (A gauche) et Azzedine Guerfi lors de la présentation de l’ouvrage «L’Arbre des couscous, Unité et diversité» ( Photo : H. Lyes)

Décédé en novembre dernier, le regretté sociologue et urbaniste Rachid Sidi Boumedine a laissé pour la prospérité un intéressent ouvrage  intitulé L’Arbre des couscous, Unité et diversité, publié aux éditions Chiheb International.

A l’occasion de la sortie de cet ouvrage, les éditions Chiheb International ont organisé, samedi dernier, au niveau du Bastion 23 à Alger, une rencontre-hommage au défunt sociologue Rachid Boumedine, animée par le journaliste et auteur Ameziane Ferhani. 

Cette rencontre-hommage émouvante à titre posthume a été rehaussée par la présence de plusieurs écrivains et intellectuels ainsi que des proches, des amis et d’anciens élèves du défunt qui ont apporté leurs témoignages sur l’homme et l’auteur.

Dans son intervention, le directeur des éditeurs Chiheb International, Azzedine Guerfi signale d’emblée que c’est la directrice des éditions de la maison, Yasmina Belkacem, qui a suivi le projet du vivant de Rachid Sidi Boumedine et a continué à  y travailler après la disparition du sociologue. L’orateur rappelle que Rachid Sidi Boumedine est un chercheur et sociologue qui compte à son actif plusieurs ouvrages sur le patrimoine et l’architecture des villes algériennes. 

Le défunt accordait un intérêt particulier au rapport de l’homme à son espace urbain ainsi qu’aux éléments du patrimoine matériels et immatériels, notamment sur la cuisine algérienne. Son intérêt pour l’architecture des lieux s’est illustré notamment par la publication d’un ouvrage intitulé Bétonvilles contre bidonvilles, cent ans de bidonvilles à Alger, publié par les éditions APIC en 2016. Etant un grand observateur de sa société, le sociologue a publié plusieurs ouvrages notamment Cuisines traditionnelles en Algérie : Un art de vivre en 2015, Aux sources du hirak en 2019 et Céramique d’Alger  en 2022.

D’une voix émue et sincère à la fois, le directeur des éditions Chiheb International retient de Rachid Sidi Boumedine sa modestie, son humilité, son intégrité intellectuelle, la vivacité de son esprit, la finesse de son humour, de sa grande culture où il passait d’un sujet le plus pointu, de la technologie, du management à l’urbanisme. «Rachid Sidi Boumedine, dit-il, est dans le détail du détail. Quand il a un nouveau projet, il ne se présente jamais avec un ouvrage. 

Il vient et il présente son projet oralement. On parle pendant une heure et demi, deux heures et puis il part à la rédaction de son ouvrage. Quand il me ramène son ouvrage trois ou quatre mois après, j’ai l’impression de l’avoir déjà lu. C’est une reproduction de ce qu’il a présenté de son ouvrage dans l’écrit. J’ai toujours été fasciné par sa mémoire et par sa facilité de la présentation de l’oral à l’écrit.»

Prenant la parole à son tour, le journaliste et auteur Améziane Ferhani connaissait assez bien le défunt sociologue, puisque c’était son professeur de sociologie à l’Université algérienne dans les années 1970. L’interlocuteur précise l’autobiographie de Y aouled ! parcours d’un indigène de Rachid Sidi Boumedine est un livre polymorphe, à l’image de son auteur. 

Cette autobiographie revient sur la naissance du défunt en 1938 au Clos Salembier à Alger. C’est un livre, aussi, qui fait traverser au lecteur tout un siècle d’histoire. Le regretté sociologue était réputé pour sa polyvalence. Preuve en est avec son dernier-né L’Arbre des couscous. Un ouvrage qui se situe entre la sociologie, l’histoire et l’art culinaire. 

Il propose même de succulentes recettes. «Quand on prend cet ouvrage entre les mains, précise-t-il, on retrouve la constance. Pour moi, le premier élément qui forme la personnalité de Rachid Sidi Boumedine est le sens de l’observation, très pointu. Je pense que c’est ce qui caractérise beaucoup la nature de ses recherches. Il partait du réel pour aller ensuite vers la théorie. 

C’est ce qu’il fait dans cet ouvrage sur les couscous avec un avantage supplémentaire, il savait cuisiner. Il a écrit en sachant de quoi il parlait, puisqu’il pratiquait l’art culinaire. Le deuxième point à soulever, c’est son esprit indépendant, pertinent et impertinent qui était marqué par toutes les formes d’humours tels que la dérision, parfois le sarcasme et l’autodérision. C’est une manière de se détacher du réel et de prendre du recul pour mieux voir les choses.»

Amézaine Ferhani confie qu’il a suivi toute l’éclosion du dernier livre L’Arbre des couscous de Rachid Sidi Boumédienne. Pour l’intervenant, le sociologue était tellement humble et en questionnement perpétuel. «Il envoyait toujours ses manuscrits à des gens en consultation. Moi, j’étais le plus joyeux, car j’étais son ancien étudiant. On s’échangeait des messages et on s’écrivait régulièrement.» 

Pour Ameziane Ferhani, L’Arbre des couscous, c’est une première, compte tenu qu’il n’y a pas eu beaucoup de publications, excepté l’ouvrage Le plat du partage, Histoire du couscous de Leila Boukli.Toujours selon Améziane Ferhani, à travers L’Arbre des couscous, Rachid Sidi Boumédine a fait une généalogie des couscous. Il développe la notion d’unité et de diversité. «Il parle des origines des couscous, de l’inscription dans les relations sociales et économiques ainsi que des liens, symboliques, culturels et les pratiques sociales. 

C’est un livre qu’on peut lire dans tous les sens. Je dirai en conclusion que c’est une pièce majeure de la réflexion sur notre identité. Il nous montre concrètement combien ce qui nous diffère, nous, les Algériens, les uns des autres et surévalués et ce qui nous rassemble est bien plus fort. 

Quand j’ai lu ce livre, je me suis dit qu’il ne voulait pas nous parler de couscous, mais nous dire que nous étions comme les milliers de grains de ce plat qui forment un tout, plein de saveur, de signification et de valeur», conclut-il. 

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