«L’Algérie a pu, à travers Sonatrach, honorer tous ses engagements contractuels avec la partie espagnole (10,5 milliards de m3) via le gazoduc Medgaz à lui seul, sans le moindre problème», a indiqué Toufik Hakkar, PDG du Groupe.
Le Groupe Sonatrach table sur un investissement de près de 40 milliards de dollars entre 2022-2026, dont 8 milliards de dollars en 2022, selon les déclarations du PDG du groupe, Toufik Hakkar, qui s’exprimait dimanche dans le cadre d’une interview accordée à la chaîne internationale AL24 News.
Les déclarations du premier responsable de Sonatrach interviennent alors que l’embellie des prix du pétrole se poursuit en ce début d’année 2022, quoique la conjoncture économique demeure difficile et l’évolution du marché pétrolier incertaine au vu de la persistance de la crise sanitaire mondiale.
En termes de bilan, le PDG de Sonatrach indique que son groupe a pu, grâce à la hausse des cours du pétrole sur le marché mondial, augmenter ses recettes d’exportation d’hydrocarbures de 70%, plus de 34,5 milliards de dollars, contre 20 milliards de dollars en 2020, tandis que les recettes réalisées sur le marché national s’élèvent à 2,5 milliards de dollars, ce qui renforce les capacités de Sonatrach et ses possibilités d’investissement.
Les quantités exportées par Sonatrach ont augmenté de 19% durant l’année écoulée, selon Toufik Hakkar qui indique que les quantités globales de production de Sonatrach ont enregistré un taux de croissance de 5% fin 2021.
Concernant l’année 2022, M. Hakkar a affirmé la détermination de Sonatrach à poursuivre son plan visant à développer les capacités nationales de production, en vue de répondre aux besoins internes qui enregistrent une croissance annuelle de 5%, ainsi qu’aux engagements contractuels avec les différentes partenaires, notamment en Europe et en Asie.
Les projections ambitieuses du PDG de Sonatrach sont révélées par ailleurs quelques mois après la décision prise par les pouvoirs publics en vue d’alléger le fardeau des deux groupes énergétiques nationaux qui participaient pour une part importante au budget de l’Etat.
Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a fait savoir, à l’occasion de la confection de la loi de finances 2022, que l’Etat comptait renoncer aux bénéfices des deux groupes publics, Sonatrach et Sonelgaz, et d’autres entreprises publiques, pour leur permettre de les réinvestir et d’élargir leurs activités.
Lors du débat sur le Projet de loi de finances (PLF2022) M. Benabderrahmane avait précisé que le gouvernement s’attend à une baisse des revenus exceptionnels, notamment des bénéfices des entreprises publiques, comme Sonatrach et Sonelgaz. A ce titre, le Premier ministre a affirmé que l’Etat a décidé de renoncer aux bénéfices de Sonatrach et Sonelgaz, pour leur permettre de les investir dans leurs domaines d’activité.
Le PDG de Sonatrach a souligné que la plus grande part des investissements prévus pour la période 2022-2026 «sera orientée vers l’exploration et la production afin de préserver les capacités productives nationales» et «honorer ses engagements sur le marché national ainsi qu’auprès de ses clients étrangers».
Le PDG soulignera cependant que «pour assurer la mise à disposition de ces fonds, Sonatrach doit maintenir la stabilité des prix du pétrole dans une fourchette de 70 dollars le baril».
Il s’agit également, selon le PDG de Sonatrach, de financer les projets de raffinage pour répondre à la demande nationale dans ce domaine, relevant que son groupe aspire à réaliser quatre projets au moins dans le domaine de la pétrochimie.
Une filière qui focalise l’intérêt de Sonatrach à travers notamment un contrat signé avec le français Total pour la construction d’une unité de production de polypropylène d’une capacité de 555 000 tonnes par an et d’une usine de déshydrogénation de propane. Le projet représentant un investissement d’environ 1,4 milliard de dollars, et implanté à côté de la zone industrielle d’Arzew, devrait entrer en production en 2025.
Medgaz, capacités en hausse
Sonatrach compte mettre en service durant ce mois de janvier le 4e turbocompresseur du gazoduc Medgaz qui assure le transport du gaz algérien vers l’Espagne et le Portugal, a annoncé, en outre, Toufik Hakkar, confirmant que l’extension permettra d’assurer – en dépit de la fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) – les approvisionnements des marchés espagnol et portugais en gaz algérien conformément aux quantités contractuelles et de répondre aux éventuelles demandes de quantités supplémentaires.
«L’Algérie a pu, à travers Sonatrach, honorer tous ses engagements contractuels avec la partie espagnole (10,5 milliards de m3) via le gazoduc Medgaz à lui seul, sans le moindre problème», a-t-il ajouté.
Concernant les quantités de gaz supplémentaires, le PDG de Sonatrach a fait savoir qu’à ce jour, les clients espagnols n’ont demandé aucune quantité au-delà de celles prévues dans les contrats, mais s’ils le font, «Sonatrach est prête à négocier la quantité, le prix et les modes de transport. Les capacités algériennes de liquéfaction sont importantes et peuvent être utilisées pour répondre à toute demande de quantités supplémentaires par l’Espagne», a-t-il soutenu, ajoutant que «vu sa proximité géographique, l’Espagne pourra recevoir sa commande en moins de 24 heures».
A propos des informations faisant état de l’envoi ces derniers mois au Maroc de navires de transport de gaz relevant de Sonatrach, le premier responsable du groupe a précisé qu’il s’agissait du «transport de petites quantités de gaz propane et butane dans le cadre d’anciens contrats avec des clients marocains».
Il précisera qu’«arrivés à expiration fin 2021, ces contrats n’ont pas été renouvelés conformément aux décisions souveraines de l’Algérie en la matière». Toufik Hakkar soulignera en outre que «les quantités qui étaient initialement destinées au marché marocain ont été réorientées vers d’autres marchés méditerranéens».
Gazoduc Algérie-Nigeria, les études en cours de finalisation
A une question sur le projet de pipelines Algérie-Niger-Nigeria, le PDG de Sonatrach a fait savoir que les études menées dans ce cadre par des groupes de travail mixtes étaient en cours de finalisation.
Ces études visent à actualiser les études de faisabilité réalisées entre 2009 et 2014 et financées par des banques internationales, afin d’avoir une vision plus précise du processus et du coût d’investissement, a-t-il expliqué. «Le travail se poursuit et nous annoncerons les résultats dans les prochains mois», a-t-il dit.
Concernant les énergies renouvelables, M. Hakkar a indiqué que Sonatrach s’employait à développer plusieurs projets dans le domaine de l’énergie solaire, notamment à travers sa société mixte avec Sonelgaz.
Le groupe s’attelle aussi à développer des projets dans les domaines de l’hydrogène et des biocarburants à travers la création d’un centre de recherche spécialisé, la mise en place de partenariats avec des groupes étrangers de renommée comme l’italien Eni et le lancement de projets pilotes, a poursuivi le responsable.