Son président observe un lourd silence depuis le 8 septembre dernier : Quel avenir pour l’ANIE et ses membres ?

10/10/2024 mis à jour: 07:07
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Mohamed Charfi et les membres de son instance observent un lourd silence depuis plusieurs jours - Photo : D. R.

Lors de son entrevue avec des journalistes, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait affirmé : «Ce qui s’est passé est une première dans les annales des élections», précisant que des «investigations approfondies sont en cours» pour déterminer les responsabilités.

Silence radio ! Ayant subi, depuis le 8 septembre dernier, de vives critiques en raison de la cacophonie qui marqué le dernier scrutin présidentiel et ses résultats, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, et ses membres observent un lourd silence. Aucune déclaration et plus aucune apparition publique. Pourtant, lors de son communiqué publié dans la nuit du 8 septembre dernier, l’instance avait promis «d’informer l’opinion publique» sur les imprécisions de ses chiffres concernant la présidentielle.

Des imprécisions qui portent à la fois sur le taux de participation et les scores attribués à chacun des trois candidats. Ces derniers avaient d’ailleurs publié un communiqué commun pour critiquer l’ANIE et réclamer une enquête sur la cacophonie ayant caractérisé l’annonce des résultats préliminaires de la présidentielle. Depuis cette date, Mohamed Charfi n’a fait qu’une seule apparition.

C’était lors de la cérémonie d’investiture du président Abdelmadjid Tebboune. Invité, l’homme donnait l’impression d’être très affecté par la polémique. Il a quitté la salle aussitôt après la fin de la cérémonie, refusant de faire une quelconque déclaration aux journalistes qui voulaient l’interroger sur ce qui s’est passé. «Laissez-moi me reposer un peu et ensuite j’aurais le temps de répondre à toutes vos questions !» leur avait-il lancé avant de quitter la salle de conférence du Club des pins.

Un mois après le scrutin, les Algériens n’ont toujours pas d'explication officielle de ce qui s’est passé. Il a fallu attendre, samedi 5 octobre, pour voir le président Abdelmadjid Tebboune évoquer le sujet. Lors de son entrevue avec des journalistes, le chef de l’Etat avait affirmé : «Ce qui s’est passé est une première dans les annales des élections», précisant que des «investigations approfondies sont en cours» pour déterminer les responsabilités.

«Nous ne pouvons juger personne»

«Nous avons ordonné des enquêtes précises et minutieuses pour clarifier quelles influences ont pu affecter le processus électoral, afin de traiter la situation. Nous nous préparons à des élections complexes, impliquant des dizaines de milliers de candidats. Si la machine électorale n’a pas été à la hauteur, il faudra la réviser», a-t-il précisé.

Abdelmadjid Tebboune ne s’est pas exprimé sur le sort du président de l’ANIE et ses membres, nommés pour un mandat de six ans non renouvelable. «L’ANIE est une institution constitutionnelle, un pilier de la démocratie et de l’intégrité des élections en Algérie. Parfois, certaines personnes n’ont pas été à la hauteur de cette institution, et même l’institution elle-même pourrait ne pas avoir été au niveau requis par la Constitution», avait-il dit.

Et d’ajouter : «Nous ne pouvons juger personne, avant l’aboutissement des investigations.» Quel est l’avenir de cette institution ? Quelles sont les mesures à prendre pour éviter un éventuel remake des mêmes couacs ? Attendons pour voir.

Mais pour les partis politiques de l’opposition, des changements profonds s’imposent. L’idée de sa création a été lancée, rappelons-le, lors du premier sommet de l’opposition tenue, en juin 2014 à Mazafran (Zéralda). A l’époque, l’opposition a exigé une instance indépendante de gestion des élections. Faut-il revoir tous les textes, y compris la Constitution, régissant le fonctionnement de cette instance ? 


 

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