Plusieurs dirigeants de pays arabes et musulmans ont demandé hier au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) d’adopter «une résolution décisive et contraignante» pour mettre fin à l’agression brutale israélienne contre la Bande de Ghaza.
Réunis à Riyad, en Arabie Saoudite, lors d’un sommet d’urgence organisé conjointement par la Ligue arabe et l’Organisation de la conférence islamique (OCI), les chefs d’Etat arabes et musulmans ont réitéré leur appel pour «un cessez-le-feu immédiat» tout en refusant de qualifier la sale guerre menée par les forces d’occupation israéliennes contre la Bande de Ghaza de «légitime défense» ou de «la justifier sous n’importe quel prétexte».
Dans la déclaration finale sanctionnant les travaux du sommet, les dirigeants arabes et musulmans ont évoqué des «crimes de guerre» et des «massacres barbares, brutaux et inhumains» commis par les forces d’occupation israéliennes. Dans la même déclaration, ils ont appelé à la levée du siège total imposé à l’enclave palestinienne depuis le 7 octobre dernier, et à «forcer l’entrée des convois d’aide humanitaire arabes, musulmans et internationaux dans la Bande».
Comme ils ont appelé tous les pays à cesser de fournir aux autorités israéliennes «des armes et des munitions qui sont utilisées par leur armée et les colons terroristes pour tuer le peuple palestinien et détruire ses maisons, ses hôpitaux, ses écoles, ses mosquées, ses églises et toutes ses capacités».
Les participants au sommet ont également demandé au procureur de la Cour pénale internationale d’«achever l’enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par Israël contre le peuple palestinien dans tous les Territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est».
Ils ont chargé dans ce sillage «les secrétariats généraux de l’OCI et de la Ligue de créer deux commissions de surveillance juridique pour documenter les crimes israéliens commis à Ghaza depuis le 7 octobre et préparer des plaidoiries juridiques sur toutes les violations du droit international et du droit international humanitaire commis contre le peuple palestinien».
Dans la même déclaration, les chefs d’Etat arabes et musulmans ont considéré l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme «le seul représentant légitime du peuple palestinien», demandant ainsi aux différentes factions palestiniennes à «s’unir sous son égide».
Échec du conseil de sécurité
A l’ouverture des travaux de ce sommet, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, a appelé à la mise en place de «couloirs humanitaires» pour apporter une aide immédiate aux habitants de la Bande de Ghaza. Il a également exprimé le rejet de son pays de «cette guerre brutale à laquelle les frères palestiniens sont exposés». «Nous sommes confrontés à une catastrophe humanitaire qui témoigne de l’échec du Conseil de sécurité et de la communauté internationale à mettre fin aux violations israéliennes, démontrant ainsi qu’il y a deux poids, deux mesures», a-t-il poursuivi.
De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que Ghaza subit «une barbarie sans précédent», caractérisée par les bombardements incessants contre les hôpitaux, les écoles et les camps de réfugiés. «C’est une honte que les pays occidentaux, qui parlent toujours de droits de l’homme et de liberté, restent silencieux face aux massacres en cours en Palestine», a-t-il dénoncé, estimant que «les efforts de normalisation dans la région resteront stériles tant que la question palestinienne est ignorée».
Le roi de Jordanie, Abdallah II, a souligné que «le fait qu’Israël empêche l’eau, la nourriture et les médicaments d’entrer dans la Bande de Ghaza est un crime de guerre».
Pour sa part, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a déclaré que «les forces d’occupation ont lancé une guerre d’extermination sans précédent contre notre peuple et franchi toutes les lignes rouges». «Les autorités d’occupation et ceux qui les soutiennent sont responsables du meurtre de chaque enfant et de chaque femme en Palestine», a-t-il affirmé tout en imputant aux Etats-Unis, l’entière responsabilité «de ne pas parvenir à une solution politique à la crise».
Egalement présent au sommet, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a carrément appelé les pays musulmans à qualifier l’armée d’occupation israélienne d’«organisation terroriste» et à «se préparer à armer les Palestiniens» si Israël continue ses crimes de guerre.