Les chefs d’Etat et de gouvernement du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) se réunissent à partir de vendredi à Hiroshima à l’ouest du Japon. Ce sommet de trois jours constitue une occasion pour présenter un front uni face à la Chine et la Russie.
La Chine n’a jamais condamné publiquement le président russe, Vladimir Poutine, pour son intervention en Ukraine. Pékin se présente comme partie neutre dans le conflit et entend jouer un rôle de médiateur, même si sa position de proche partenaire économique et diplomatique de Moscou le disqualifie aux yeux de certaines capitales occidentales. En mars, le président chinois a effectué une visite en Russie.
A cette occasion, il a indiqué que les relations entre Pékin et Moscou sont entrées dans «une nouvelle ère», après avoir signé avec son homologue russe, Vladimir Poutine, une déclaration sur «l'approfondissement du partenariat stratégique» russo-chinois. Ce dernier a salué, de son côté, la «nature spéciale des relations russo-chinoises». Dans une déclaration commune, les deux dirigeants ont fustigé l’Occident, accusant les Etats-Unis de «saper» la sécurité internationale pour conserver leur «avantage militaire», et exprimé leur «préoccupation» face à la présence croissante de l’Otan en Asie.
Selon des responsables nippons, le G7 à Hiroshima devrait aussi faire une déclaration sur le désarmement nucléaire. Une liste longue d’invités non membres du G7 a été établie. Les dirigeants de l’Inde, du Brésil et de l’Indonésie figurent parmi les participants. Si le conflit en Ukraine a redonné de l’importance au G7, le Japon et d’autres pays de ce groupe estiment que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour attirer des Etats non-alignés qui hésitent à prendre parti.
Le G7 ressent d’autant plus ce besoin d’ouverture que le G20 est lui dans l’impasse, la Chine et la Russie s’opposant à toute référence au conflit en Ukraine.
Les dirigeants du G7 devraient se montrer prudents à l’égard de Pékin, en affichant d’un côté leur unité sur Taïwan tout en s’efforçant d’éviter d’attiser les tensions. Aussi, le sommet de Hiroshima devrait approuver le retrait de chaînes d’approvisionnement cruciales de l’influence chinoise. Washington a déjà adopté une approche ferme sur le sujet, bloquant l’accès de Pékin aux semi-conducteurs les plus avancés et aux équipements nécessaires à leur fabrication, et a convaincu Tokyo et La Haye d’en faire de même. Le sommet de Hiroshima devrait préconiser des mesures pour combler les failles des sanctions que les pays du G7 ont imposées à la Russie. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui vient de faire une tournée en Europe, s’adressera au sommet en vidéoconférence.
«Le prix fort»
Réunis à Karuizawa, au Japon en avril dernier, les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 ont affiché un front uni à l’égard de la Chine et de la Russie. A cette occasion, ils ont averti de faire payer «le prix fort» aux Etats qui viennent en aide à la Russie dans son intervention en Ukraine, et se sont engagés à «intensifier» les sanctions contre Moscou. «Nous renforcerons nos efforts de coordination pour empêcher la fourniture d'armes par des tierces parties à la Russie et y répondre, et nous continuerons de prendre des mesures à l'encontre de tous ceux qui apportent un soutien matériel à la guerre menée par la Russie», ont-ils affirmé.
Le G7 s'est dit opposé aux ambitions de la Chine, en mer de Chine et ses manœuvres autour de l’île de Taïwan. «Il n'y a pas de changement dans les positions basiques des membres du G7 sur Taïwan», ont assuré les chefs de la diplomatie dans leur communiqué commun. Jugeant «indispensable» le maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit. «Les revendications maritimes expansionnistes de la Chine en mer de Chine méridionale n'ont aucun fondement juridique et nous sommes opposés aux activités de militarisation menées par la Chine dans cette région», a indiqué le groupe.
Comme il a évoqué la nécessité de renforcer la coopération contre la «coercition économique» qui restreint le commerce ou les investissements extérieurs à des fins politiques. Aussi, les diplomates ont exprimé leurs «inquiétudes» à propos de «l'expansion continue et accélérée de l'arsenal nucléaire de la Chine», appelant Pékin à une plus grande transparence en la matière. Le groupe a en outre critiqué la «rhétorique nucléaire irresponsable» de la Russie.
Récemment, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré que le Vieux continent doit «recalibrer» ses relations avec l’Empire du Milieu. «Nous recherchons une approche multidimensionnelle de nos relations économiques avec la Chine», a indiqué lundi la présidente de la Commission européenne,
Ursula von der Leyen. Mais «cette approche se caractérise par une réduction des risques et non par un découplage», a-t-elle observé. Mme von der Leyen a cité des exemples précis de tentatives chinoises de coercition économique visant la Lituanie, le Japon et l’Australie. «Nous sommes les plus vulnérables à la coercition (...) là où les dépendances s’accumulent. C’est pourquoi nous prenons des mesures», a-t-elle ajouté, estimant que les matières premières essentielles constituent un domaine d’action.
L’Union européenne a déjà récemment irrité Pékin en proposant de restreindre ses exportations de technologies sensibles à huit entreprises chinoises soupçonnées de réexpédier ensuite ces produits vers la Russie.