Sommet Corée du Sud-Afrique : Séoul promet des milliards de dollars aux Africains

05/06/2024 mis à jour: 03:32
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Le premier sommet Corée du Sud-Afrique de l’histoire à Séoul s’est ouvert hier à Séoul. Vingt-cinq chefs d’État et des délégations de 48 pays du continent prennent part à cette rencontre qui a pour objectif d’approfondir les rapports économiques entre l’Afrique et la Corée du Sud. 

Séoul veut avoir accès aux abondantes ressources minérales du continent africain comme le cobalt ou le platine, importantes pour des secteurs technologiques allant de la fabrication de véhicules électriques à l’industrie de la défense et des semi-conducteurs de pointe . 

Sachant que la quatrième économie d’Asie est très en retard par rapport à ses voisins chinois et japonais quant au développement de ses relations, notamment économiques avec un continent convoité pour ses terres rares, en parallèle par d’autres puissances, entre autres, les Etats-Unis, la Russie, la l’Inde, Turquie. 

Dans son discours d’ouverture, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a annoncé plusieurs milliards de dollars d’aide et de soutien à l’investissement pour l’Afrique. Il s’est engagé à ce que son pays double son aide publique au développement en faveur de l’Afrique pour atteindre 10 milliards de dollars d’ici à 2030, et à fournir 14 milliards de dollars de financements à l’exportation pour aider les entreprises coréennes à développer leurs échanges commerciaux et leurs investissements sur le continent, selon des propos recueillis par l’AFP.

 «Nous contribuerons également activement aux efforts d’intégration économique régionale de l’Afrique par le biais de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui a été lancée en 2019», a-t-il ajouté. La ZLECAf, est un accord de libre-échange rassemblant 54 pays, visant à harmoniser les tarifs douaniers sur tout le continent et qui entre progressivement en vigueur avec l’espoir de stimuler et doper le commerce intra-africain. 

Le président sud-coréen s’est aussi engagé à «accélérer la conclusion d’accords» sur de nombreux autres partenariats commerciaux. La Corée du Sud est désireuse d’étendre sa coopération en matière d’infrastructures et d’énergie avec les pays africains et veut aussi contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, a indiqué le président Yoon. Il a cité notamment des projets, tels que la centrale géothermique d’Olkaria au Kenya et la construction du système de stockage d’énergie par batterie en Afrique du Sud.Entre-temps, Séoul mise sur cette rencontre, baptisée «L’avenir que nous construisons ensemble : croissance partagée, durabilité et solidarité», pour signer des accords bilatéraux spécifiques avec chaque Etat. 

Ainsi, depuis quelques jours, de nombreux tête-à-tête ont eu lieu entre les différentes délégations. Dimanche, la présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, et son homologue sud-coréen, ont signé un accord qui permettra à Dodoma de recevoir un montant global de 2,5 milliards de dollars de la part de Séoul entre 2024 et 2028, selon un communiqué publié par la présidence tanzanienne.

 Les deux partenaires ont également signé deux accords portant sur l’exploitation des ressources océaniques du pays de l’est africain et l’extraction de minerais critiques tels que le nickel, le lithium et le graphite. 

Le même jour, l’Ethiopie a signé un accord de prêt d’un milliard de dollars sur quatre ans avec le pays asiatique pour financer des projets dans les domaines des infrastructures, de la science et la technologie, de la santé et du développement urbain, a rapporté la chaîne publique éthiopienne, Fana.

Aujourd’hui, les chefs d’entreprises sud-coréennes organiseront un sommet commercial axé sur l’investissement, le développement industriel et la sécurité alimentaire.


Continuité

La politique africaine de Yoon Suk Yeol est en continuité avec la vision de ses prédécesseurs des années 2000. En 2006, le président Roh Moo-hyun (2003-2008) a lancé «L’Initiative coréenne pour le développement de l’Afrique». La même année, il a effectué une tournée africaine le menant en Algérie, en Égypte et au Nigeria, mis sur pied la Conférence ministérielle de la Coopération économique entre la Corée et l’Afrique (KOAFEC), ainsi que le Forum Corée-Afrique (KOAF) pour servir de plates-formes pour sa coopération avec l’Afrique. 

De son côté, son successeur, Lee Myung-Bak (2008-2013), a fondé en mai 2013 le club des «Amis de l’Afrique» afin de promouvoir les investissements sud-coréens sur le continent.

 En 2013, le forum «l’Afrique, Nouvelle ère» de l’Assemblée nationale coréenne a permis d’instaurer les bases d’une diplomatie parlementaire sud-coréenne relative à l’Afrique. En 2016, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a annoncé au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba en Ethiopie la mise en œuvre de «Initiative de Coopération globale avec l’Afrique», un cadre favorable à l’établissement d’un partenariat de coopération entre l’Afrique et la Corée du Sud. 

En 2018 est créée une Fondation Corée-Afrique au sein du ministère sud-coréen des Affaires étrangères pour favoriser les échanges au niveau privé et du monde des affaires. 

 En 2022, le montant cumulé des investissements sud-coréens en Afrique s’élevait à 9,2 milliards de dollars tandis que les échanges bilatéraux étaient de 20,45 milliards de dollars. En 2023, l’Afrique n’a reçu que 25% de l’aide publique au développement (APD) sud-coréenne contre 49% pour la zone Asie. 

Lors de la 7e Conférence de la Koafec, en septembre 2023 à Busan, Séoul s’est engagée à accorder des financements globaux de 6 milliards de dollars sur deux ans à l’Afrique pour soutenir la réalisation de plusieurs projets dans les domaines de la transition énergétique, de l’agriculture, de l’éducation et de la formation professionnelle.

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