Sommet Chine-Afrique, business et géostratégie

09/09/2024 mis à jour: 00:01
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Le grand sommet Chine–Afrique, qui s'est ouvert mercredi dernier à Pékin sur fond de promesses de coopération dans les infrastructures, l'énergie et l'éducation, a été inauguré par Xi Jinping, «un vrai ami de l'Afrique», comme l'a assuré la presse officielle chinoise cette semaine, insistant sur les liens entre Pékin et le continent africain, «qui ont atteint de nouveaux sommets depuis son arrivée au pouvoir». 


Les prêts des banques publiques chinoises ont ainsi permis de financer de nombreuses infrastructures destinées à doper la croissance africaine (voies ferrées, ports, routes...). Ces prêts ont aussi donné lieu à des endettements, dont les dirigeants africains invités, plus d'une vingtaine, n'ont pas omis d'en discuter lors des entretiens en tête-à-tête avec le président Xi Jinping. Les Chinois peuvent se permettre d'être souples avec leurs invités, dès lors qu'ils se targuent d'être la deuxième économie mondiale et le premier partenaire commercial du continent africain, avec des échanges bilatéraux à hauteur de 167, 8 milliards de dollars au premier semestre 2024, selon les médias officiels chinois. La Chine a envoyé, ces deux dernières décennies, des centaines de milliers d'ouvriers et d'ingénieurs en Afrique pour construire ces grands projets. 

Le montant des prêts accordés par la Chine aux pays africains l'an passé s'élève à 4,61 milliards de dollars, en net recul par rapport aux sommets atteints en 2016, où ils s'élevaient à près de 30 milliards de dollars. Cette chute est expliquée par le ralentissement économique actuel en Chine et les conséquences de la crise de Covid-19, qui a paralysé pendant presque deux années tous les secteurs productifs, et la Chine, qui en a été la première victime, en a payé le prix fort. 


Ce sommet intervient aussi sur fond de concurrence entre les Etats-Unis et la Chine en Afrique, en matière d'influence et d'intérêts. «Approfondir l'engagement économique envers l'Afrique, dans tous les domaines, reste l'un des objectifs de la Chine», explique une experte occidentale du dossier chinois. L'avantage de la Chine est qu'elle ne se trouve en confrontation directe avec aucun pays occidental, pas même les Etats-Unis depuis le rapprochement issu du voyage historique de Richard Nixon à Pékin en 1972. Bien au contraire, la Chine accompagne sa montée en puissance économique d'une politique d'intégration au système international et d'un effort d'apaisement de ses contentieux historiques avec les pays voisins, l'Inde notamment, qui est à ses côtés dans le nouveau projet des Brics, contestant de fait la suprématie planétaire des Etats-Unis. 

En revendiquant, justement, la modification en profondeur de la situation stratégique d'un monde, qui a immodérément changé, prévalant depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Symboliquement peut-être pour la Chine, dans l'espoir de retrouver sa grandeur et sa puissance, qui ont marqué son histoire millénaire, jusqu'aux humiliations infligées par l'Occident, à travers les guerres de l'opium et les traités inégaux au XIXe siècle, puis par le Japon, victorieux de la guerre sino-japonaise et le déclin qui s'en est suivi, jusqu'à la fin des années 1970. 

Ce qui lui est demandé actuellement, c'est de financer un peu moins la dette américaine et de lorgner vers d'autres horizons, comme elle le fait ces jours-ci à travers le sommet qu'elle organise à Pékin avec l'Afrique, continent en devenir voulant s'émanciper de ses anciennes et écrasantes pesanteurs. 

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