Ce Ramadhan 2022 a signé la reprise d’une vie normale, débarrassée des contraintes liées au dispositif de lutte contre la pandémie, et de facto le renouement avec le «by night d’Oran» qui renaît enfin de ses cendres après deux années chaotiques marquées successivement par un confinement et un couvre-feu.
Il ne va pas sans dire, en effet, qu’en ces jours ramadanesques, les gens vivent davantage la nuit que le jour, ce qui incite Oran, chaque soir, à se mettre sur son «31» pour accueillir le déferlement de passants, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, qui aiment à arpenter ses rues, faire du lèche-vitrine ou tout simplement s’attabler à la terrasse d’un café et se lancer, en compagnie de bandes d’amis, dans d’interminables palabres jusqu’à l’appel, parfois, du muezzin à la prière de l’aube.
Notons qu’à mesure que passent les années, le rendez-vous annuel d’avec le Ramadhan s’espace de plus en plus de la période chaude qui s’étale de mai à septembre.
De ce fait, la vie nocturne qui prévaut en ce mois sacré revêt un caractère particulier, découlant de la seule ambiance ramadanesque sans qu’elle ne soit «additionnée» à celle qui a naturellement cours durant la saison estivale. Beaucoup d’ailleurs se réjouissent à l’idée que les prochaines années verront le Ramadhan se pointer en des saisons plus clémentes, non seulement sans canicule, mais en plus avec un horaire avancé pour rompre le jeûne. «J’ai en mémoire le Ramadhan de l’année 2002 qui est était tombé au mois de novembre. C’était quelque chose, la nuit, de voir les gens s’habiller chaudement, s’engoncer dans des manteaux et portant des cache-nez pour sortir le soir.
C’était quelque chose de voir des rues animées, des cafés bondés à 1h, alors que ça caillait à mort», se souvient un nostalgique. Bien que le Ramadhan soit tombé au mois d’avril – et que le climat, en dents de scie ces derniers jours, rappelle au souvenir de tout un chacun ce vieux dicton qui stipule qu’en ce mois, il ne faut pas se découvrir d’un fil –, force est d’admettre, à quelque similitude près, que nous vivons d’ores et déjà un Ramadhan «presque hivernal», contrastant franchement avec les éditions ramadanesques précédentes.
Au centre-ville, à l’approche de minuit, la cohue est telle, à la rue Larbi Ben M’hidi, qu’il est difficile de se frayer un chemin. Les devantures des magasins attirent les chalands, avec les enseignes allumées pour la circonstance et les cafés – dont nombreux ont ouvert leurs portes ces derniers mois – affichant complet.
Dans une sorte de chocolaterie faisant office également de cafétéria, on aperçoit que toutes les tables dont elle dispose sont accaparées par une clientèle féminine, au point que certains auraient juré que cet établissement est de ceux exclusivement «women».
Finalement, pas du tout, et c’est juste le hasard qu’il ait été, à cette heure tardive (1h), fréquenté seulement par les femmes. Un véritable pied de nez à tous ces cafés rabougris qui renâclent à l’idée de changer de mentalités et n’accueillent qu’une clientèle «mâle».
Un autre établissement, prenant l’allure d’un café-théâtre, ayant ouvert ses portes à la dernière semaine du mois de mars, attire, lui, une clientèle mixte et jeune, et permet en plus à nombre d’artistes en herbe, des musiciens et chanteurs notamment, de se produire tous les soirs sur scène. L’engouement est tel, qu’il faut s’y prendre très tôt pour trouver une place disponible.
Autre aspect, et pas des moindres, de l’ambiance ramadanesque qui prévaut cette année à Oran est assurément la vie culturelle, qui reprend des couleurs, voire qui s’épanouit tant il ne se passe pas une soirée sans que plusieurs manifestations ne se déroulent quasi-simultanément. Celles et ceux friands de sorties culturelles ont en effet l’embarra du choix et ne savent plus où donner de la tête.
Le théâtre d’Oran a scindé sa programmation en deux parties, axant la première sur le quatrième art et la seconde sur les spectacles musicaux. Parmi les temps forts, on peut compter le groupe Houti bande qui s’est produit, à l’invitation de l’Institut français, sur les planches du TRO le 14 avril face à un nombreux public.
De son côté, l’ONCI a concocté un très riche programme de concerts musicaux qui se sont déroulés (et se déroulent encore) au cinéma Maghreb, cette emblématique salle située à la rue Larbi Ben M’hidi, à ce point belle et clinquante que certains l’affublent du surnom de «l’Olympia d’Oran». Lamia Aït Amara, Lila Borsali ou encore, jeudi dernier, Aït Menguellet s’y sont d’ores et déjà produits. Le Théâtre de la fourmi, de l’autre côté de la ville, enchaîne lui aussi des soirées tour à tour musicales puis théâtrales, parvenant au tour de force de remplir à chaque fois ses 120 sièges.
Mercredi dernier, c’était l’ensemble musical Essalam d’Amine Kouider qui était à l’affiche de ce théâtre de poche, proposant aux mélomanes présents un récital de musique classique, suivi de morceaux typiquement algériens, avant de clore par des musiques de films. Des troupes théâtrales, généralement humoristiques, qui ont pignon sur rue à Oran, ont jeté leur dévolu, elles, sur le cinéma Murdjadjo (rue Larbi Ben M’hidi) pour se donner en spectacle et autant dire que la mayonnaise prend et le public vient en nombre les applaudir comme cette soirée où les Drôles-Madaires ont joué leur spectacle improvisé face à 200 spectateurs. Hier soir, c’était au tour de l’humoriste Walid Seddiki de faire son one-man-show au Murdjadjo. Même le conservatoire municipal d’Oran, une pépite architecturale mais, hélas !, très mal exploitée ces dernières années, ouvre occasionnellement ses portes au profit de comédiens qui viennent jouer leur spectacle.
Ce fut le cas, par exemple, le 15 avril avec les comédiens Imad Nouga et Amine Fouatih, qui ont fait s’esclaffer de rire l’assistance qui était venue les voir. La bibliothèque Sofia, au centre-ville également, organise également des «qaâdat», où les gens viennent «endimanchés» pour profiter de soirées typiquement ramadanesques, et où ils auront loisir à apprécier de beaux défilés de costumes traditionnels algériens, écouter de la musique du terroir ou même de participer au jeu des «boukalate». Le CDES Ibn Khaldoun, davantage porté sur les rencontres littéraires, a organisé, lui, il y a quatre jours de cela, une soirée de poésie et de Slam, avec un accompagnement musical.
Ce foisonnement de sorties culturelles, on l’aura compris, permet non seulement au public de se divertir mais offre également aux artistes une formidable opportunité de se mettre sous le feu des projecteurs et donner à leurs œuvres et talents davantage de visibilité.
Il faut aussi savoir que l’accès à la plupart de ces manifestations n’est pas gratuit, loin s’en faut, et le public est invité à débourser de 300 jusqu’à 1500 DA pour pouvoir y assister. Disons que la moyenne du prix de ces spectacles se situe entre 500 et 800 DA et autant dire que cela n’empêche le public – plutôt les différents publics ! – de s’y ruer.
Preuve patente que les gens sont friands de sorties culturelles à condition que ce soit des activités de qualité, loin du folklore qui a prédominé ces dernières années.
Près de 1,5 milliard de dinars pour parachever des projets d’aménagement urbain
La wilaya d’Oran vient de bénéficier d’une enveloppe financière supplémentaire de 1,470 milliard de dinars pour l’achèvement des projets d’aménagement urbain en prévision des Jeux méditerranéens, prévus l’été prochain dans la capitale de l’ouest du pays, a annoncé le wali, Saïd Sayoud.
Au cours de la troisième journée de la première session ordinaire de l’APW, le wali a indiqué que le ministère des Finances a cette semaine consacré une enveloppe financière de l’ordre de 1,470 milliard de dinars pour l’achèvement des projets d’aménagement urbain des communes du Grand Oran et de certaines autres en prévision de la 19e édition des Jeux méditerranéens.
Le même responsable a annoncé le lancement, la semaine prochaine, des projets d’aménagement urbain restants, ajoutant également celui d’une importante opération de promotion des JM devant toucher une dizaine de communes de la wilaya. En réponse aux préoccupations de certains membres de l’APW, le wali a signalé la réception imminente d’un certain nombre de bus au profit de l’entreprise publique des transports urbains pour renforcer les lignes urbaines dans les principales cités d’habitation de la wilaya, et l’ouverture de nouvelles lignes à travers les communes.
A ce titre, une campagne de réparation des bus en panne et leur remise en service est également prévue. Par ailleurs, Saïd Sayoud a indiqué que des enveloppes financières seront allouées au titre du budget complémentaire de l’exercice 2022 en vue de la prise en charge des lacunes relevées dans le secteur de l’éducation, en attendant de réserver d’autres montants au titre du budget de l’Etat et du budget initial de la wilaya pour faire face aux différents déséquilibres que connaît ce secteur. Le même responsable s’est dit satisfait du rythme de la campagne de nettoiement, lancée dans différentes communes, notamment dans le Grand Oran. Ces opérations se poursuivront jusqu’à l’éradication de tous les points noirs.
Pour sa part, le président de l’APW, Mohamed Chalabi, a annoncé l’installation d’une commission de wilaya chargée d’élaborer un plan de développement local, en collaboration avec la direction régionale de l’aménagement du territoire.
Ce plan sera considéré comme une feuille de route de l’APW durant son mandat, a-t-il précisé. Le même intervenant a souligné que la commission de la santé relevant de l’APW a été chargée d’élaborer un dossier sur l’hygiène et l’environnement, lors de la prochaine session de l’APW, prévue en mai et qui étudiera également le projet du budget complémentaire de l’exercice 2022.