Société nationale de sidérurgie (SNS) : Le groupe Al Solb annonce l’arrêt du haut-fourneau

02/01/2025 mis à jour: 17:38
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Photo : D. R.

Le groupe industriel Al Solb (ex-Imetal) a annoncé, mardi, un nouvel arrêt temporaire de son haut-fourneau en raison de «retards récurrents dans l’approvisionnement en coke métallurgique», un combustible essentiel à son activité.

Cet arrêt, effectif depuis le 22 décembre 2024, met en lumière les défis logistiques persistants auxquels fait face le complexe sidérurgique d’El Hadjar, aggravés par une gestion défaillante des matières premières. L’année 2023 avait déjà été marquée par un arrêt similaire du 17 septembre au 19 décembre, soit trois mois, pour le même motif. Malgré les alertes et l’importance stratégique du coke, dont un stock de 50 000 tonnes est nécessaire pour un mois de fonctionnement, la situation ne s’est pas améliorée.

En parallèle, d’autres produits consommables critiques risquent également une rupture d’approvisionnement, accentuant la précarité des opérations. Des sidérurgistes, excédés, s’interrogent : «Comment garantir un avenir pour les 6200 employés du complexe alors que la gestion des besoins fondamentaux fait défaut ?» Ils pointent du doigt «une gouvernance incapable de répondre aux exigences de l’industrie», rappelant que «le coke représente à lui seul 52% des charges du complexe, soit environ 200 millions de dollars annuellement».

Face à ces défis, des experts appellent à une transition énergétique urgente vers le process de réduction directe (DRI), basé sur l’utilisation de gaz naturel, ressource abondante en Algérie. «Ce virage pourrait réduire la dépendance au coke et aligner la production sur des standards modernes et économiques», estiment-ils.

Dans un communiqué officiel, la direction générale de Al Solb affirme que «les cargaisons retardées de coke devraient arriver début janvier 2025, permettant ainsi un redémarrage prévu dans les prochaines semaines. En attendant, les autres unités de production poursuivent leurs activités grâce à des stocks suffisants de produits semi-finis. Une commande de 20 000 tonnes de ces produits a également été lancée pour anticiper les besoins du marché et éviter des perturbations dans les livraisons».

Des résultats en chute libre

L’année 2024 se conclut avec un bilan de production historiquement bas. Sur un objectif de 600 000 tonnes de fonte liquide, seulement 368 424 tonnes ont été réalisées, soit un taux d’atteinte de 61%. La production totale de produits finis s’élève à 273 626 tonnes, correspondant à 49% des prévisions.

A cela s’ajoutent des chiffres préoccupants : 152 arrêts du haut-fourneau en 2024, une moyenne record de 12 arrêts par mois, et une fonte en fosse estimée à 30 000 tonnes, un gaspillage monumental. Ces interruptions répétées entraînent une consommation excessive de coke par tonne de fonte produite, augmentant les coûts bien au-delà des normes internationales.

Pire encore, elles réduisent la durée de vie du haut-fourneau, dont la campagne initiale de 15 ans pourrait être raccourcie à seulement 10 ans. Malgré un investissement colossal de 400 millions de dollars en 2017 pour moderniser la zone chaude, cette dernière reste le point névralgique des arrêts et des dysfonctionnements. La ligne de galvanisation, par exemple, n’a atteint qu’une production de 23 000 tonnes sur une capacité annuelle de 100 000 tonnes.

Ce sous-rendement profite directement aux importateurs, obligeant l’Etat à débourser des devises pour acquérir des produits qui auraient pu être fabriqués localement. Pour les experts, la crise actuelle dépasse la simple question des approvisionnements en coke. Elle révèle des lacunes structurelles profondes dans la gouvernance et la stratégie de l’entreprise. Une réforme est impérative pour établir une vision claire, stabiliser les chaînes d’approvisionnement, optimiser la maintenance des infrastructures et restaurer la confiance des employés et des partenaires.
 

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