Sixième édition du Kaki d’Or à Mostaganem : Le texte théâtral à l’honneur

16/05/2023 mis à jour: 21:35
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Le regretté dramaturge Djamel Bensaber

La sixième édition du Kaki d’Or, qui s’est tenue le 13 mai dernier à Mostaganem, s’est déroulée en trois phases: deux communications, un hommage et des récompenses. Les deux interventions, qui ont eu lieu dans la bibliothèque de lecture, se sont attelées à mettre en lumière la nécessité du texte théâtral. 

M. Kada Mohamed a succinctement décrit l’évolution du théâtre de la Grèce antique à nos jours en insistant sur l’aspect saillant qu’est l’idée maîtresse du texte, incarnée d’abord de façon individuelle par un héros, pour devenir au fil du temps une trame et un objectif collectifs construits par tous les personnages. Mansour Benchehida a d’emblée situé la motivation du Kaki d’Or en précisant qu’Ould Abderrahmane Kaki a réussi l’instrumentalisation du théâtre universel dans l’expression de faits historiques algériens. Procédant de façon pédagogique, M. Benchehida a expliqué comment naît un texte. Il en a exposé les principaux constituants en prodiguant quelques conseils pour pallier la carence flagrante du texte théâtral que nous constatons aujourd’hui. Les débats se sont concentrés sur la langue d’expression théâtrale avec une insistance sur l’arabe populaire et l’auto- censure imposée.

Après l’accueil d’un intermède de musique et de chants andalous interprétés par un magnifique groupe de jeunes prodiges, «Ibn Baâdja» et conduit par le talentueux Benkredi Fouzi, la Maison de la culture offre ses planches à la deuxième phase: un hommage à deux dramaturges disparus. Djamel Bensaber, dramaturge et ancien Président de l’Association nationale Kaki d’Or et Mokhtar Otmani, créateur de la troupe Prolet Cult. 

Des médailles d’or leur ont été décernées à titre posthume, et remises à des membres de leurs familles. La troisième phase, objectif principal de cette édition, a été la récompense aux quatre meilleurs textes théâtraux, sur les vingt-six soumis au concours, dont deux auteurs du sud, un de l’est et un du centre. Le premier prix a été octroyé à un texte en tamazight.

C’est grâce aux hommes de théâtre et aux artistes de Mostaganem, vivants et disparus, que la distinction du Kaki d’Or est devenue un repère qui rappelle que l’esprit du grand dramaturge est perpétuellement mis à l’honneur. Le héros, en tant que personne, laisse désormais la place au héros qu’est le théâtre avec ses dimensions pédagogiques de conscientisation de la société en vue d’une projection vers le meilleur. 

Aussi, le théâtre doit-il être le lieu où l’intellect est le mieux pragmatiquement et artistiquement symbolisé. 
Il doit être le lieu par excellence où temps et espace se fondent, se confondent et se refondent, car en perpétuelle recherche de nouveaux moyens pour s’affirmer. C’est en prenant racine dans le peuple, et souvent sous les pressions des crises, que le théâtre produit du génie qui s’exprime par le texte avant de s’entendre et de se voir. Le Kaki d’Or concourt à ce que les chants du ghennay fusent dans les airs, les sentences du meddah finissent par émerger, les dires du goual résonnent dans chaque mur.                           
 

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