Situation catastrophique à Ghaza : Les aides humanitaires loin de répondre aux besoins

26/10/2023 mis à jour: 04:12
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Les aides humanitaires apportées de manière limitée et insuffisante sont loin de répondre aux besoins importants de la population, qui vit sous les bombardements et endure des conditions de vie extrêmement difficiles et dangereuses.

L’accès aux ressources essentielles n’est pas encore totalement garanti, telles que la nourriture, l’eau, les médicaments et l’électricité. Une cinquantaine de camions ont franchi le point de passage de Rafah depuis samedi, chargés d’eau et de fournitures médicales. Mais il faut reconnaître que cette aide internationale entre au compte-gouttes dans la bande de Ghaza assiégée.

Le chef de l’aide humanitaire des Nations unies, Martin Griffiths, a qualifié les premières livraisons de «petite lueur d’espoir», mais a averti que la population aurait «besoin de plus, de beaucoup plus». L’aide humanitaire, y compris du carburant pour les hôpitaux, doit entrer «tous les jours» dans Ghaza pour répondre aux besoins des habitants, avait demandé l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les agences des Nations unies ont lancé encore hier des appels pour faciliter l’entrée sans entrave de l’aide dans la bande de Ghaza, qui est assiégée et soumise à des raids israéliens continus pour le 18e jour, laissant des milliers de martyrs et de blessés et la destruction massive de bâtiments et d’installations vitales.

Elles ont qualifié d’insuffisantes les livraisons d’aides actuelles, qui ont commencé samedi dernier à entrer, notant que le soutien aux Palestiniens dans la bande de Ghaza nécessite plus de 20 envois de ce type, selon Reuters.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi devant le Conseil de sécurité à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» et condamné les «violations claires du droit humanitaire» dans le territoire palestinien, bombardé sans discontinuer et où l’aide «n’arrive que parcimonieusement».

L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a également déclaré qu’il y avait un besoin urgent de carburant, qui n’a pas été acheminé avec l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza. «Le carburant est très urgent. Sans lui, les camions eux-mêmes ne pourront pas circuler et sans lui, les générateurs ne peuvent pas fournir d’électricité aux hôpitaux, aux boulangeries et à une usine de dessalement», a déclaré Tamara Rifai, porte-parole de l’agence.

La situation est devenue intenable sachant qu’un tiers des hôpitaux de Ghaza sont maintenant hors service à un moment où la charge médicale est énorme, et qu’environ deux tiers des cliniques ne fonctionnent pas.

Le porte-parole des autorités sanitaires palestiniennes à Ghaza, Ashraf Al-Qudra, ne fait pas dans la nuance et a prévenu, mardi, que les groupes électrogènes des hôpitaux cesseraient de fonctionner dans 48 heures.

Le pronostic vital des habitants «est réellement engagé». Le ministère avait auparavant déclaré que «le fait de ne pas fournir suffisamment de carburant aux hôpitaux de la bande de Ghaza les poussera, dans les heures à venir, à réorienter les prestations de santé vers les services de soins vitaux». Il a ajouté que «l’aide médicale doit être acheminée conformément aux priorités du ministère de la Santé et aux demandes qu’il a adressées aux organisations internationales».

Un drame humain total sachant que les frappes aériennes intenses ont détruit des quartiers entiers, tuant 5087 Palestiniens, dont 2055 enfants et 1119 femmes, et en blessant 15 273. Environ 1500 personnes sont portées disparues, probablement «encore sous les décombres». Etre coincé sous les décombres limite l’approvisionnement en oxygène et peut entraîner des difficultés respiratoires.

Les victimes peuvent souffrir d’hypoxie, une carence en oxygène, ce qui peut être mortel si l’aide n’arrive pas rapidement. Au fil du temps, les corps se dégradent, ce qui complique leur identification.

Les familles et les proches des personnes disparues sous les décombres vivent une angoisse insoutenable. Ils espèrent toujours un miracle et cherchent frénétiquement des informations sur leurs proches disparus. Les décès tragiques ont créé un sentiment de deuil et de traumatisme collectif qui va persister pendant de nombreuses années.

Lutter pour survivre au milieu des décombres...

Certains témoignages sont poignants. «J’aimerais pouvoir embrasser mon fils avant qu’on m’apprenne qu’il a été tué», déclare un Palestinien. Un autre, qui a du mal à desserrer l’étau de l’anxiété, ajoute : «On en a marre d’attendre de savoir si certains de nos proches font partie des tués. Mes yeux n’en peuvent plus.»

L’aide humanitaire qui entre dans la bande de Ghaza sera destinée exclusivement aux zones du sud de l’enclave et ne comprendra pas de carburant. Les secours ont commencé à être distribués mais les responsables humanitaires continuent de mettre en garde contre une catastrophe humanitaire alors que les réserves de nourriture, d’eau et de carburant s’épuisent.

L’Organisation mondiale de la santé a déclaré «qu’il n’y a aucune garantie de sécurité» pour les livraisons d’aide aux hôpitaux du nord de Ghaza. «Il n’est donc pas possible actuellement de fournir de l’aide à cette partie de la bande de Ghaza», a déclaré Rick Brennan, directeur régional des urgences de l’OMS pour la région de la Méditerranée orientale.

De son côté, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a confirmé hier que 120 nouveau-nés placés dans des incubateurs sont menacés en raison de la pénurie aiguë de carburant nécessaire au fonctionnement des groupes électrogènes dans les hôpitaux.

Les hôpitaux de la bande de Ghaza souffrent de graves pénuries de carburant, d’eau et de médicaments. 1000 cas de dialyse sont également menacés si les générateurs cessent de fonctionner. Selon le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), Ghaza enregistre environ 160 naissances par jour, notant qu’il y a 50 000 femmes enceintes dans l’enclave de 2,4 millions d’habitants.

Selon un médecin travaillant à l’hôpital Al Najjar de Rafah, il y a eu une tentative jeudi dernier pour sauver un fœtus dont la mère a été tuée dans un bombardement israélien sur la maison familiale, alors qu’elle était enceinte de sept mois.

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