Le numéro un nord-coréen a lancé de nouvelles menaces de frappes nucléaires contre Séoul et ordonné l’accélération des préparatifs militaires en vue d’une «guerre» pouvant «être déclenchée à tout moment» sur la péninsule.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a ordonné aux hauts responsables militaires de son pays d’«anéantir» la Corée du Sud et les Etats-Unis dans le cas où ces pays initieraient une confrontation armée, a rapporté hier l’agence d’Etat KCNA, relayée par l’AFP.
«Si l’ennemi opte pour une confrontation et une provocation militaire contre la (République populaire démocratique de Corée), notre armée doit lui porter un coup mortel pour l’anéantir complètement en mobilisant tous les moyens les plus puissants (...) sans un moment d’hésitation», a-t-il déclaré lors d’une réunion avec les principaux commandants nord-coréens organisée dimanche à Pyongyang, selon KCNA.
Dans un long discours tenu le même jour au terme d’une grand-messe de fin d’année fixant les orientations stratégiques du pays, le numéro un nord-coréen a lancé de nouvelles menaces de frappes nucléaires contre Séoul et ordonné l’accélération des préparatifs militaires en vue d’une «guerre» pouvant «être déclenchée à tout moment» sur la péninsule, d’après la même source.
Comme il a accusé Washington de «divers types de menaces militaires» et ordonné de «mobiliser tous les moyens et forces physiques, y compris la force nucléaire, en cas d’urgence», contre la Corée du Sud.
Aussi, il a affirmé ne plus rechercher la réconciliation et la réunification avec le Sud, soulignant la «situation de crise persistante et incontrôlable» qui, selon lui, a été déclenchée par Séoul et Washington.
Les deux alliés ont renforcé leur coopération en matière de défense face à une série record d’essais d’armements de Pyongyang en 2023.
Lundi, le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, a promis de tenir à distance les provocations militaires de Pyongyang au moyen d’un système étendu de dissuasion conjoint avec Washington, dont la mise en œuvre est prévue pour le premier semestre 2024.
Ce système «dissuadera fondamentalement toute menace nucléaire» ou de missile émanant de la Corée du Nord, a-t-il déclaré lors de son discours du Nouvel An.
«Vol de technologie»
En novembre 2023, Pyongyang a mis sur orbite un satellite de reconnaissance militaire, gravé dans sa constitution son statut de puissance nucléaire et testé le missile balistique le plus puissant de son arsenal.
Les Occidentaux, le Japon et la Corée du Sud ont dénoncé ce lancement, tout comme le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, jugeant que l’utilisation de technologies de missiles balistiques violait les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
En conséquence, Séoul a annoncé la suspension d’un accord qui a été conclu en 2018 par les deux pays pour réduire les tensions militaires. La Corée du Sud, le Japon et les Etats-Unis ont intensifié ces dernières semaines leur coopération en matière de défense, notamment sur les questions liées à la cybersécurité.
Les trois alliés soupçonnent Pyongyang d’avoir engrangé l’an dernier quelque 1,7 milliard de dollars (1,5 milliard d’euros) par le biais des cryptomonnaies, qui serviraient à financer son programme illégal d’armes nucléaires et de missiles.
La Corée du Nord, visée par différentes sanctions internationales, a tiré le 18 décembre un missile balistique de longue portée, potentiellement capable de frapper les Etats-Unis quelques heures seulement après un autre lancement tard dans la nuit d’un missile à courte portée.
Ces deux tirs consécutifs interviennent quelques jours après des mises en garde de Séoul et Washington, qui ont averti Pyongyang que «toute attaque nucléaire» contre les Etats-Unis ou leurs alliés entraînerait la fin du régime de Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen.
Ce dernier a affirmé par la suite qu’il n’hésitera pas à répliquer par l’arme atomique si son pays est «provoqué» par des armes nucléaires.
Fin décembre, la Corée du Sud a sanctionné le patron du service de renseignement nord-coréen, pour des activités illégales en ligne suivant le tir de missile de Pyongyang mi-décembre, le dernier en date.
Ri Chang Ho, le directeur du Bureau général de reconnaissance, est accusé par Séoul d’avoir «gagné des devises étrangères à travers des activités illégales en ligne et le vol de technologie», selon le ministère des Affaires étrangères sud-coréen.
Son engagement a contribué à «générer des revenus pour le régime nord-coréen et à procurer des fonds pour ses activités nucléaires et liées aux missiles», a précisé le communiqué.
L’agence dirigée par Ri Chang Ho est soupçonnée de superviser des groupes de piratage informatique, Kimsuky, Lazarus et Andariel, déjà sous le coup de sanctions de la part de la Corée du Sud.
En plus du patron du renseignement, Séoul a sanctionné sept autres Nord-Coréens, dont l’ancien diplomate basé en Chine, Yun Chol, pour leur implication dans le commerce de lithium 6, un métal utilisé par le secteur nucléaire et soumis à des sanctions des Nations unies.
Les individus sanctionnés ne peuvent conduire des transactions financières et de change avec des Sud-Coréens sans l’autorisation de Séoul, une mesure jugée symbolique par les analystes en raison du commerce très limité entre les deux pays.
En 2022, le Nord s’est déclaré puissance nucléaire «irréversible» et a annoncé à plusieurs reprises qu’il n’abandonnerait jamais son programme nucléaire, que le régime considère comme essentiel à sa survie.