Ses patrouilleurs participent à introduire des stupéfiants en Espagne : La marine royale marocaine secouée par un nouveau scandale de trafic de drogue

21/03/2024 mis à jour: 01:09
APS
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De nombreux responsables politiques et militaires marocains sont éclaboussés par des affaires de drogue

 L’agence européenne pour la gestion de frontières extérieures Frontex a désigné le Maroc comme un des principaux pays pourvoyeurs de la migration irrégulière, de trafiquants de migrants, mais surtout comme pays d’origine et d’envoi de la résine de cannabis saisie en Europe. 
 

Un nouveau scandale autour d’un trafic de drogue entre la Péninsule ibérique et le Maroc secoue la marine royale marocaine, accusée de complicité dans ce trafic à travers la participation de ses patrouilleurs à l’opération d’introduction des stupéfiants en Espagne, rapporte le journal espagnol El Espanol. 

Selon ce journal, des photographies récupérées du téléphone d’un des trafiquants ayant pris part à l’opération montrent un patrouilleur de la marine royale marocaine participer au transport de la drogue et au guidage des bateaux, exploités par les narcotrafiquants pour l’introduction de la drogue en Espagne. 

Le journal affirme, à ce titre, que ces images, montrant un patrouilleur marocain, chargé de balles de haschisch, assurer le rôle de «navire-mère» pour les bateaux de drogue, ne sont que «la face cachée de l’iceberg». «Ce n’est pas la première fois qu’une affaire de patrouilleurs transportant du haschich est révélée par nos services», a déclaré au journal un membre de la garde civile espagnole. Selon la même source, «il a été possible, à certaines occasions, de prouver une collusion entre des trafiquants de drogue et des membres corrompus de la police ou de l’armée marocaine». 

«Lorsque le Maroc a procédé à un nettoyage et a arrêté 30 policiers corrompus à Nador, les bateaux ont reçu l’ordre de changer de lieu de collecte de la drogue, et ils allaient charger les ballots ailleurs», affirme un commandant, qui a passé des décennies à lutter contre le trafic de drogue, cité par le journal. Cela confirme, a-t-il poursuivi, «la capacité du trafic de drogue à pénétrer sur tout le territoire marocain et à infiltrer les institutions». Mettant en doute la volonté des autorités du Maroc à mettre un terme à ce trafic, le journal souligne les complicités existantes entre les trafiquants et les membres des services de sécurité de ce pays, censés, pourtant, leur mener la guerre. 

En effet, dans cet article publié par le journal El Espanol, la garde civile espagnole dénonce le refus de coopération des services de sécurité marocains et les faux-semblants de la répression, annoncés à grands coups de publicité. «La collaboration d’agents marocains avec des trafiquants de haschisch dans le détroit est un secret de polichinelle», écrit le journal, qui affirme que la corruption au sein de la marine royale et de la gendarmerie marocaine est «systémique». «Avec les bas salaires de l’armée au Maroc, tout le monde tombe dans les réseaux de la drogue», soutient le journal, citant des spécialistes de la police nationale et de la garde civile. Rappelant que le Maroc est le premier producteur mondial de haschich, le journal soutient que «cela n’aurait pas pu se faire sans la collaboration ou l’inaction des agents et des forces de sécurité marocains». 

En plus du manque d’engagement des autorités marocaines à lutter contre le trafic de drogue, le journal espagnol relève le refus de coopération des services de sécurité marocains avec leurs homologues espagnols lorsque ces derniers sollicitent leur collaboration. «Bien qu’il ait reçu des millions de dollars de fonds européens pour lutter contre le trafic de drogue, le Maroc a ignoré, ces dernières années, les demandes persistantes d’extrader vers l’Espagne le plus grand baron du haschich du pays», affirme le journal. 

Selon ce média, l’un des exemples les plus édifiants de ce manque de collaboration est le cas «El Messi del hashi». Des policiers interrogés par le journal ont affirmé avoir réussi à localiser l’endroit exact où se cachait ce baron de la drogue, mais en dépit des informations fournies par l’Espagne, le Maroc a ignoré à maintes reprises les demandes formelles d’extradition. «Nous avons voyagé là-bas, nous nous sommes rencontrés, nous leur avons transmis toutes les informations dont nous disposions. Même des photographies de ce à quoi ressemble la maison. Mais au final, le Maroc, c’est le Maroc», regrettent les sources, citées par ce journal. 

En effet, le Maroc est l’un des principaux points d’entrée de la drogue en Europe, en particulier la région espagnole d’Andalousie (sud), en raison de sa proximité avec ce pays où est produite la résine de cannabis, ensuite exportée vers l’Espagne. D’ailleurs, deux gardes civils espagnols sont morts, dernièrement, percutés par un bateau de narcotrafiquants lors d’une course-poursuite dans le port de Barbate (sud-ouest). 

L’agence européenne pour la gestion de frontières extérieures Frontex a désigné le Maroc comme un des principaux pays pourvoyeurs de la migration irrégulière, de trafiquants de migrants, mais surtout comme pays d’origine et d’envoi de la résine de cannabis saisie en Europe. 

Selon Frontex, le Maroc occupe également la première place au classement des dix principaux pays de nationalité des trafiquants de migrants. En juin 2021, le Parlement européen a adopté à une large majorité une résolution dénonçant les pressions exercées sur l’Espagne par le Maroc qui utilise la carte migratoire et le trafic de drogue pour contraindre les responsables espagnols à s’aligner sur ses positions, notamment sur la question du Sahara occidental. 
 

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