Service civil : Un dispositif fortement décrié par les médecins spécialistes

10/02/2022 mis à jour: 00:01
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Conçu pour remédier aux déserts médicaux dans les régions isolées du pays, le service civil continue de nourrir la grogne des médecins praticiens de santé publique, lesquels réclament son abrogation. Les autorités, quant à elles, reconnaissaient les limites de ce dispositif et promettaient une révision de la loi, qui contraint les jeunes médecins, à la fin des six années de spécialisation, à exercer entre un et quatre ans dans des régions reculées du pays.

«La disposition du service civil concerne actuellement une vingtaine de spécialités médicales et chirurgicales. Cela fait pratiquement près de 40 ans qu’on propose une fausse solution à un réel problème qui n’a jamais été réglé jusqu’à aujourd’hui. Lorsque le dispositif a été mis en place de manière temporaire, c’était dans l’objectif d’arriver, à travers la formation sur une période de 10 à 20 ans, à combler le déficit et assurer une couverture équilibrée et équitable pour tous les citoyens en matière d’accès aux soins, notamment les soins spécialisés.

Malheureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui», a déploré Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), dans une déclaration à El Watan. Depuis le début des années 2000, le SNPSP a toujours milité en faveur de l’abrogation «progressive» de ce diapositif. «Si on avait commencé à lever ce dispositif, à condition de mettre en place d’autres solutions, on serait arrivé au bout d’une dizaine d’années à une autre démarche. Malheureusement, rien n’a été fait. A chaque fois, des propositions ont été faites et les recommandations ont été validées et remises aux autorités publiques et sanitaires. Mais, les solutions n’arrivaient pas», a-t-il dénoncé.

Outre l’abrogation du service civil, le SNPSP réclame la mise en place de mécanismes d’incitation financière et un cadre réglementaire «flexible» pour inciter les médecins à aller travailler dans les régions isolées du pays. «Les salaires proposés actuellement au personnel médical sont dérisoires et ne reflètent pas le niveau des qualifications ni celui de la responsabilité engagée par ces professionnels.

C’est ce qui explique, en partie, cette hémorragie des compétences du secteur public vers le privé et plus grave encore, cet exode des compétences médicales algériennes vers la France et ailleurs (pays du Golfe, Allemagne, Canada et Turquie)», a expliqué notre interlocuteur. Selon lui, chaque année, des milliers des médecins algériens s’inscrivent aux concours d’équivalence des compétences en France.

Cette année, entre 1000 et 1200 médecins algériens ont réussi l’épreuve d’équivalence des compétences et partiront travailler en France, d’après lui. «Ce phénomène prend de l’ampleur depuis quelques années. A défaut de solutions localement et à défaut de projections qui pourraient rassurer les patriciens médicaux, ce phénomène risque de s’amplifier. Et on va assister, dans les prochaines années, à un exode massif de ces praticiens si des solutions n’arrivent pas ou tardent à se concrétiser», a mis en garde Lyes Merabet.

Au sujet du service militaire auquel ils sont soumis, le président SNPSP considère que les médecins spécialistes doivent être rémunérés de manière conséquente. En août dernier, le président Tebboune s’était engagé à réviser le texte de loi sur le service civil alors que le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, soutenait, une année auparavant, que ce dispositif a «trop duré» et a montré «ses limites» sur le terrain. Selon lui, ce dispositif n’est plus obligatoire et le président de la République «a bien signifié» que tout médecin spécialiste qui souhaite travailler dans le Sud sera accompagné de mesures «incitatives», notamment salariales, sociales et professionnelles.

Jusqu’ici, les mesures promises par le chef de l’Etat tardent à voir le jour. Pour rappel, des médecins résidents avaient organisé une grève illimitée de plusieurs mois en 2018. Outre l’abandon des services civil et militaire obligatoires, ils revendiquaient l’amélioration des conditions de travail, une réforme de leur formation et la révision du statut de résident. Plusieurs manifestations, organisées par le Collectif autonome des médecins résidents algériens, avaient été réprimées par les autorités publiques, notamment à Alger. 

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