La crise énergétique en Europe est loin d'être terminée, et les risques de rupture d’approvisionnement et de prix élevés persisteront au cours des quatre prochains hivers, a notamment déclaré le vice-président du groupe français Engie et président de l'association Eurogas.
Didier Holleaux, qui s’exprimait dans une interview accordée Natural Gas world (NGW) en marge de la conférence LNG2023 qui s’est tenue récemment à Vancouver, au Canada, a ainsi averti que «l'Europe sera confrontée à plusieurs hivers potentiellement difficiles en termes de sécurité d'approvisionnement en gaz, ce qui doit pousser les autorités des pays concernés à agir en conséquence».
Le même responsable estime que ce sont les conditions météorologiques et un hiver inhabituellement doux qui sont en grande partie «à remercier pour les prix relativement bas actuellement, plutôt que la politique, et les mesures prises par les autorités de l'UE pour faire baisser les prix du gaz». Il souligne en outre que les prix actuels du gaz sont nettement plus élevés que le seuil considéré comme normal dans les années précédant la pandémie de Covid-19.
Pour le président d’Eurogas, «le temps froid de l'hiver prochain, associé à une forte demande asiatique», pourrait entraîner de graves problèmes. «Nous sommes sortis de l'hiver et le prix du gaz sur le marché au comptant a commencé à baisser, donc les politiciens semblent croire que la crise est terminée», dit-il. «Non, la crise n'est pas terminée, et les quatre prochains hivers sont encore des hivers à haut risque.
Et le prix actuel est encore très élevé par rapport au prix moyen des décennies précédentes, et c'est un grand défi pour l'industrie européenne, qui est en concurrence avec d'autres industries dans d'autres parties du monde», prévient-il. Holleaux estime également qu'il est encore trop tôt pour dire si la plateforme conjointe – nouvellement lancée par la Commission européenne pour l'acquisition de gaz avant l'hiver prochain – peut être considérée comme un succès.
Le point de vue d'Eurogas, selon Holleaux, est également que le plafond des prix TTF que l'UE a introduit après la flambée des prix d'août 2022 a été fixé si haut et si tard dans la saison qu'il n'a eu aucun impact sur le marché. Holleaux pointe également des messages mitigés dans les prévisions énergétiques de l’UE, ce qui a entravé la signature de contrats à plus long terme pour un nouvel approvisionnement en gaz.
L'objectif principal devrait être, selon lui, de faciliter la signature de nouveaux contrats à long terme par les acheteurs.