Le rapport indique que l’air de l’Algérie est loin d’être autant pollué que celui de l’Egypte, Bahreïn ou encore le Koweït.
Le 5e rapport annuel sur la qualité de l’air dans le monde en 2022 vient d’être publié. Réalisé par IQAir, une entreprise suisse de technologie de la qualité de l’air, spécialisée dans la protection contre les polluants atmosphériques, le rapport s’est basé sur l’analyse des données de quelque 30 000 stations de surveillance de la qualité de l’air, réparties sur 7323 sites dans 131 pays, territoires et régions.
A cet effet, Frank Hammes, PDG mondial d’IQAir a expliqué : «Plus de la moitié des données mondiales sur la qualité de l’air ont été générées en 2022 par des efforts communautaires de base.» Selon lui, lorsque les citoyens s’impliquent dans la surveillance de la qualité de l’air, il est constaté un changement de conscience et l’effort conjoint pour améliorer la qualité de l’air s’intensifie.
De son côté, Aidan Farrow, chercheur principal sur la qualité de l’air à Greenpeace International a assuré, quant à lui, que trop de gens dans le monde ignorent qu’ils respirent de l’air pollué.
«Les moniteurs de pollution atmosphérique fournissent des données concrètes qui peuvent inspirer les communautés à exiger des changements et à demander des comptes aux pollueurs, surtout que le monde mérite que sa santé soit protégée de la pollution de l’air», a-t-il poursuivi.
Le rapport a donc révélé, en premier lieu, que seuls six pays, soit 5% des pays de la planète respectent les directives de l’OMS sur la pollution de l’air fixés à 2,5 PM ou une moyenne annuelle de 5 µg/m3 ou moins.
Il s’agit de l’Australie, l’Estonie, la Finlande, la Grenade, l’Islande et la Nouvelle-Zélande. A contrario, les pays les plus pollués en 2022 sont d’abord le Tchad avec 89,7 µg/m3, soit 17 fois plus supérieur à la directive annuelle de l’OMS.
En second, il y a l’Irak avec 80,1 µg/m3, soit 16 fois supérieur à la recommandation annuelle de l’OMS. Le Pakistan arrive en troisième position avec 70,9 µg/m3, soit 14 fois plus supérieur à la directive annuelle PM2,5 de l’OMS.
On retrouve le Bahreïn en quatrième position avec 66,6 µg/m3, soit 13 fois plus supérieur à la directive annuelle de l’OMS. Enfin, le Bangladesh avec ses 65,8 µg/m3, soit 13 fois plus supérieur à la directive annuelle de l’OMS. Le rapport indique aussi que 118 des 1.1 pays et régions, soit 90% ont dépassé la valeur indicative annuelle de PM2,5 de l’OMS.
Le rapport nous renseigne également sur les villes les plus polluées du monde, et celles-ci se situent majoritairement, selon le rapport, en Asie et sont au nombre de huit des dix villes du monde avec la pire pollution atmosphérique.
Louables efforts
En ce qui concerne l’Algérie, elle disposerait, selon le rapport, de l’air le plus propre parmi les pays arabes.
Classée à la 58e place entre la Thaïlande et la Malaisie avec un taux de 17,8 microgrammes par mètre cube d’air, soit seulement 4 fois plus supérieur que la valeur indicative annuelle de PM2,5 de l’OMS, l’air de l’Algérie est loin d’être autant pollué que celui de l’Egypte, le Bahreïn, ou encore le Koweït.
Au top du classement, on retrouve le Tchad avec un taux de 89,7 microgrammes par mètre cube d’air, soit plus de 10 fois supérieur que la valeur indicative annuelle de PM2,5 de l’OMS.
Par ailleurs, le Guam, un territoire insulaire américain de Micronésie situé dans la partie ouest de l’océan Pacifique, clos le classement avec un taux de 1,3 microgrammes par mètre cube d’air, décrochant le titre de la région où l’air est le moins pollué du monde.
De son côté, Farid Rahal, maître de conférences à l’université des sciences et technologie d’Oran, estime que l’Algérie réalise de louables efforts en matière environnementale, notamment en visant à exploiter son grand potentiel de production d’énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique et bioélectrique.
«L’objectif est d’inclure 27% de production d’énergie renouvelable dans son mix énergétique d’ici 2030», assure le chercheur.
Selon lui, ces efforts pourront impacter positivement la qualité de l’air en Algérie car la pollution atmosphérique est due, principalement aux émissions issues de la combustion de sources d’énergie fossiles comme le pétrole ou le gaz, que ce soit dans l’industrie, le secteur des transports ou bien le secteur résidentiel.
«Cependant, beaucoup d’efforts restent à accomplir, notamment en ce qui concerne la pollution atmosphérique, qui est jusqu’à présent invisible car il n’existe pas actuellement de réseaux de surveillance en continu de la qualité de l’air en Algérie.
Malgré le fait que les villes d’Alger, Annaba et Oran en étaient dotées dans les années 2000. Cependant, le coût exorbitant de maintenance de ces équipements a fait qu’ils ne sont plus opérationnels», se désole M. Rahal.
Ce dernier a par ailleurs précisé que le projet Apomos (Air Pollution Monitoring System) que l’Université de l’USTO-MB et l’entreprise Sonatrach développent conjointement «pourrait contribuer à mieux maîtriser la pollution de l’air, qui est considérée comme un risque majeur par le législateur algérien».