Des dizaines d’enseignants des trois paliers du secteur de l’éducation de la wilaya de Constantine ont organisé, dimanche matin, un important mouvement de protestation. Pancartes dans les mains portant entre autres des slogans hostiles aux responsables du secteur dans la wilaya, les protestataires se sont regroupés sous la bannière du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), devant le siège de la direction de l’éducation pour fustiger «l’abus dont ils font l’objet depuis des mois».
En colère, ils affirment ne plus voir le bout du tunnel profitant de ce sit-in afin d’exprimer leurs ras-le-bol face à l’inertie de la direction de l’éducation vis-à-vis des problèmes qu’ils ont soulevés depuis plus d’un an. «Ce sit-in est le deuxième, après celui organisé au mois d’octobre dernier, à travers lequel nous dénonçons la non-concrétisation des contenus des PV de toutes les réunions organisées au sein de la direction de l’éducation», a déclaré à El Watan, Rabah Boudjahcha, coordinateur du Cnapeste dans la wilaya de Constantine.
Et de poursuivre que plus de sept rencontres tenues au niveau de la direction de l’éducation étaient infructueuses, ponctuées de promesses non tenues, provoquant la frustration des enseignants. Parmi les problèmes soulevés dans ce secteur et dénoncés par les protestataires, notons les retenues sur salaires, qualifiées d’abusives jamais réglées et le non-versement des salaires pour d’autres. «Il y a le cas d’une enseignante affectée au collège Souidani Boudjemaâ qui n’a pas perçu son salaire depuis 20 mois», a souligné notre interlocuteur.
Les manifestants ont qualifié cette situation d’inadmissible, particulièrement avec la baisse du pouvoir d’achat. Au moment où ils réclament des augmentations des salaires et des primes, fulminent certains, environ un million de centimes est retenu chaque mois. A tout cela, s’ajoutent les erreurs commises dans les décisions de mutation des enseignants pour l’année scolaire 2022-2023. Jusqu’à présent, ces erreurs n’ont pas été corrigées ayant des conséquences néfastes sur le rendement de l’enseignant. Les conditions de travail ont été qualifiées d’insupportables par nos interlocuteurs.
Ces derniers incombent l’entière responsabilité à la mauvaise gestion et la non-prise en charge sérieuse de ce genre de problèmes par le premier responsable du secteur. «Comme vous remarquez, tout commence par un cas individuel, mais la négligence et la fuite vers l’avant des responsables ont provoqué l’accumulation des problèmes. C’est pourquoi le secteur connait depuis des mois une effervescence particulière et qui risque d’exploser», a déclaré à El Watan une enseignante rencontrée sur les lieux. Les manifestants avaient scandé haut et fort la nécessité du départ du directeur de l’éducation et son secrétaire général.
En colère, ils ont révélé également un acharnement planifié par certains directeurs d’établissement à l’encontre des enseignants affiliés au Cnapeste, allant jusqu’à la perturbation du programme pédagogique des élèves. Ces derniers sont pris en otages dans des problèmes qui affectent leur scolarité. «C’est une réalité. Un travail planifié est en train d’être mené au sein de certains établissements scolaires à l’encontre des gens affiliés au Cnapeste pour atteindre à la crédibilité du syndicat», a confirmé M. Boudjahcha. Et de menacer, au cas de non-prise au sérieux les problèmes posés comme le stipulent les lois, d’aller vers l’escalade, commençant par des sit-in devant le cabinet du wali.