Scandales des services de renseignement du Makhzen en Europe : Un espion marocain condamné par la justice allemande

03/09/2023 mis à jour: 21:09
APS
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Photo : D. R.

Les scandales d'espionnage du régime du makhzen continuent de retentir en Europe, notamment en Allemagne où un Marocain a été condamné, jeudi dernier, dans une affaire d'espionnage de partisans du «Hirak du Rif» qu'a connu le nord du Maroc entre 2016 et 2017, lequel constitue une tache sombre dans l’histoire des droits de l’homme dans le royaume. Selon une porte-parole du tribunal de Düsseldorf (ouest de l'Allemagne), un Marocain, âgé de 36 ans, a été condamné à un an et neuf mois de prison avec sursis dans une affaire d'espionnage en Allemagne de partisans du «Hirak du Rif», sachant que le condamné a purgé neuf mois en détention préventive et doit également s'acquitter d'une amende de 4300 euros.

Le parquet fédéral avait affirmé que le Marocain, arrêté le 14 novembre à Cologne (ouest du pays), par des agents de l'Office fédéral de lutte contre la criminalité, effectuait des activités d'espionnage pour le compte des services de renseignement marocains, ciblant un groupe de militants du Rif, en contre- partie de titres de voyage sur des vols spéciaux.

Le scandale des services secrets marocains qui a éclaté en Allemagne vient s'ajouter à la série noire d'affaires d'espionnage impliquant le makhzen en Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique, contre des militants du Rif, ayant fui l'oppression du régime marocain. Suite à cette série de scandales, le parquet fédéral de Karlsruhe (Sud) avait décidé, en juin dernier, d'intenter une action en justice contre un citoyen marocain pour espionnage pour le compte des services de renseignement marocains, ciblant des partisans du «Hirak du Rif» établis en Allemagne.

Le Parquet a précisé que les services de renseignement marocains avaient contacté l'accusé, en mars 2020, qui leur a transmis, dans le cadre de ses activités d'espionnage, des informations sur plusieurs personnes, en contrepartie de titres de voyage d'un montant de près de 5000 euros.

Le régime du makhzen et ses services de renseignement continuent à traquer les militants du mouvement du «Hirak du Rif», après les graves violations commises lors de cette protestation populaire déclenchée fin 2016 au nord du royaume, suite au décès d'un poissonnier, jeté puis broyé dans un camion-benne à ordures, après s'être opposé à la saisie de sa marchandise.

La colère qui a éclaté après la mort du poissonnier s'est vite transformée en grandes protestations (Hirak du Rif) entre 2016 et 2017, à travers lesquelles les habitants du Rif ont voulu exprimer leurs revendications socioéconomiques, mais ces manifestations pacifiques ont été réprimées par les forces du régime du makhzen et des centaines de citoyens ont été arrêtés et condamnés à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison, dont le leader du mouvement, Nasser Zefzafi.

Les activités d'espionnage du régime du makhzen menées aussi bien à l'intérieur du royaume qu'à l'étranger résonnent encore, après le scandale du «Maroc Gate» qui a éclaté au sein du Parlement européen et qui constitue l'une des plus grandes affaires de corruption dans l'histoire de l'institution continentale, ayant permis de dévoiler, au grand jour, le vrai visage criminel du makhzen, sa stratégie et ses tentatives, en vue de légitimer sa politique de colonisation au Sahara occidental et de répression menée contre ses opposants qui revendiquent les libertés individuelles et collectives et la chute de la monarchie.

Le scandale du makhzen en Allemagne intervient, après une série de scandales impliquant le Maroc, d’autant plus que le Parlement européen a confirmé, dernièrement, l’implication du royaume marocain dans l’espionnage de responsables en Espagne et en France. Récemment, le scandale impliquant le Maroc à travers l’utilisation du logiciel d’espionnage sioniste «Pegasus» est revenu sur le devant de la scène, dans le sillage de la publication d’un nouveau rapport de la Commission du Parlement européen qui reconnaît l’implication du makhzen dans des activités d’espionnage ciblant des personnalités médiatiques et politiques marocaines et étrangères.

La Commission «PEGA», créée par le Parlement européen en vue d’enquêter sur l’utilisation du programme «Pegasus» et d’autres programmes en Europe, a dévoilé, dans son rapport, l’implication de Rabat dans les opérations de mise sur écoute téléphonique de responsables espagnols, à leur tête le chef du gouvernement et les deux ministres de la Défense et de l’Intérieur. En juillet 2021, une enquête mondiale menée par des médias internationaux a révélé l’utilisation par les services marocains du programme d’espionnage «Pegasus» mis au point par la société sioniste «NSO Group».

Parmi les victimes de ce programme, figurent des journalistes marocains et internationaux, ainsi que des politiciens étrangers, soit environ 100 000 personnalités politiques et médiatiques avaient été ciblées par ce programme. Les activités d’espionnage du régime du makhzen ont suscité plusieurs réactions et le lancement de poursuites judiciaires, notamment d'organisations des droits de l’homme dans plusieurs pays.

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