Les autorités de la wilaya de Béjaïa ont reconsidéré l’important potentiel des vestiges culturels et historiques de la région, notamment, les sites implantés au chef-lieu de wilaya. Des entreprises de restaurations ont engagé une véritable course contre la montre afin de parachever les sites archéologiques et historiques de la ville pour les ouvrir au public avant la saison estivale.
Aujourd’hui, les visiteurs ont retrouvé la Casbah de Béjaïa, une citadelle occupant une surface d’environ deux hectares comportant plusieurs bâtiments d’époque berbère ou espagnole, des traces de l’air des Ottomans et enfin de l’époque française.
Reportage réalisé par Nordine Douici
La wilaya de Béjaïa a engagé plusieurs investissements et opérations de viabilisation nécessaires pour garantir une villégiature de qualité aux milliers d’estivants qui visitent la région cette saison. En dehors du sempiternel problème de congestion des routes menant vers les villes côtières, et qu’aucun plan de transport conjoncturel n’a réussi à contenir, l’intention des autorités d’améliorer les conditions est, en tout cas, palpable.
Les opérations inscrites concernent essentiellement l’aménagement des accès vers les plages, l’installation des bacs à ordures, l’électrification et l’AEP et l’aménagement des parkings accusent toutefois un retard au niveau d’un certain nombre de plages publics, notamment, à l’Ouest, où les débris, engendrés par les dernières opérations de démolition des constructions illicites, jonchent toujours les rivages.
Beaucoup de visiteurs et même la population locale se disent étonnés, voire offusqués par l’engagement de lourds travaux d’aménagement des routes par l’administration en pleine saison estivale. Les villes proches du littoral sont devenues des chantiers ouverts. Pour les atteindre, les familles sont obligées de patienter des heures entières sous la canicule, respirant la fumée de bitume.
Des projets d’aménagement des axes importants de la wilaya, comme la RN12, le bitumage de la RN75 reliant Amizour - la A20 et Béjaïa, la réfection de quelques tronçons sur la RN24, l’aménagement du carrefour de Tala Hamza donnant sur la RN9, par laquelle transite l’essentiel du trafic vers les plages de l’est et de l’ouest de Béjaïa, sont en grande partie à l’origine des bouchons, en sus de l’impressionnant rush des estivants.
La sécurité routière est compromise sur ces mêmes voies de communication à cause de l’absence de l’éclairage et de la signalisation comme le tronçon Béjaïa-Oued Ghir, dont se dédouanent l’APC de Oued Ghir, la commune de Béjaïa et la DTP.
Mais cela n’a pas empêché des centaines de vacanciers de braver ces obstacles pour aller, qui pour se rafraîchir au niveau des somptueuses plages de sable et de galets du littoral bougiote ou découvrir son arrière-pays pittoresque. Les améliorations et les nouveautés en tout genre, effectuées durant l’année ont, en partie, encouragé plusieurs familles à s’y rendre.
Débarquement de 17 020 émigrés depuis juin
Depuis le début de la période des congés en France, le port de Béjaïa connaît une effervescence dans le transport maritime, avec l’arrivée des Algériens établis en Europe, notamment, en France. Cette année, la compagnie maritime française Corsica Linea s’est retrouvé seule sur le marché, notamment la ligne Sète-Marseille-Béjaïa, en l’absence de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), l’armateur public de ferries algérien, dont les bateaux sont immobilisés à cause de pannes répétitives, indique-t-on. Le transporteur français a débarqué l’essentiel du flux des voyageurs en provenance de Marseille à destination de Béjaïa.
Une opportunité commerciale qui a permis à la compagnie de satisfaire la traversée de pas moins de 17 020 passagers et 6858 véhicules depuis la fin du mois de juin 2024 au 4 août 2024. La cadence des rotations et le nombre de voyageurs ont connu une constante augmentation de juin à ce jour, allant d’une moyenne de 956 passagers par traversée en juin à 1450 en juillet, à raison de 6 rotations par mois.
Ainsi, les autorités ont reconsidéré l’important potentiel des vestiges culturels et historiques de la région, notamment, les sites implantés au chef-lieu de wilaya.
Des entreprises de restaurations ont engagé une véritable course contre la montre afin de parachever les sites archéologiques et historiques de la ville pour les ouvrir au public avant la saison estivale. Aujourd’hui, les visiteurs ont retrouvé la Casbah de Béjaïa, une citadelle occupant une surface d’environ deux hectares comportant plusieurs bâtiments d’époque berbère ou espagnole, des traces de l’air des Ottomans et enfin de l’époque française. Même la mosquée Ibn Khaldoun, où «l’érudit lui-même y a officié en tant qu’imam et jurisconsulte en 1365» est ouverte aux fidèles. La valorisation et la restauration des sites historiques se sont étendues au mont Gouraya dont le mausolée de Yemma Gouraya a été complètement rétabli au même titre que les 7 portes de la ville à l’image de la porte sarrasine, porte des étendards, entre autres.
La ville a connu de nombreuses opérations d’aménagement et d’embellissement avec l’aménagement de plusieurs placettes publiques, accueillant animation nocturne et exposition-vente permanente des produits du terroir et d’artisanat.
L’ère des plages privées
Elles ont pour nom : Agrakal Beach (Boulimat), La Corniche Beach (Melbou), Paradis Beach Club (Tichy) ou encore Atlantis Beach (Boukhlifa)… Au total, elles sont 16 concessions accordées sur les 26 lots mis à la disposition des investisseurs, à travers 15 plages sur les 35 autorisées. Des parcelles, représentant un tiers de la surface totale de la plage, sont louées exclusivement à des entreprises hôtelières ou simplement à des particuliers. Ces derniers ont été encouragés par le retour, l’an dernier, au régime des concessions par adjudication ouverte, régit par la loi 03-02 du 17 février 2003 et le décret exécutif 04-274 du 5 septembre 2004 fixant les conditions d’exploitation touristique des plages ouvertes à la baignade. Le directeur du tourisme et des industries artisanales de la wilaya, Nour Zoulim, qui a donné un véritable coup d’accélérateur à ce dossier, depuis son installation à la tête de cette direction, est persuadé que ce «dispositif est une aubaine à la fois pour les estivants et les communes du littoral.
Ces investissements privés ont permis, à ce jour, d’engranger pas moins de 30 millions de dinars qui renfloueront les caisses des municipalités de Beni Ksila, Toudja, Béjaia (Boulimat), Tichy (Acherchour), Boukhlifa (Djoua) et Melbou où sont installés ces investissements».
Le premier à s’être installé n’est que le détenteur du prix Algeria Tourism Awards de 2022 des meilleurs investisseurs, en l’occurrence l’hôtel Atlantis (Aéroport Béjaïa) qui gère la plage aménagée de Djoua, dans la commune de Boukhlifa à l’est de Béjaïa. Il est suivi la même année, c’est-à-dire, en 2023, par Benkhellat Tayeb, investisseur et gérant du Paradis Beach club de Tichy. A l’extrême est de la région, précisément à Melbou, une autre plage privée de 4000 m² est aménagée par le propriétaire du tout nouvel établissement hôtelier La Corniche hôtel-appart, situé à l’entrée de la ville de Melbou. Bien qu’il vienne tout juste de se lancer, l’établissement enregistre déjà ses premiers clients, entre particuliers et aussi des entreprises publiques et étrangères dans le cadre de conventions.
(Une des plage privée Agrakal Plage Boulimat)
L’hôtel propose des appartements à partir de 18 000 DA la nuitée pour profiter des services. A l’ouest, notamment, à Boulimat, des studios, des appartements ou des chambres sont cédé entre 6000 DA à 13 000 DA la nuitée en cette période de haute saison.
Rencontrée en compagnie de Abdeslam Nabet, le gérant, dans la cafétéria de ce prestigieux hôtel de trois-étoiles, B. Abderrazak, président de la commission supérieure des œuvres sociales de l’ENTP, filiale de Sonatrach, se dit intéressé par les conditions d’accueil et le cadre naturel qu’offre ce littoral de Melbou et compte bien trouver un accord pour faire profiter les familles des ouvriers de l’entreprise. «Car le cadre est convivial et, surtout, tout prêt de la plage de l’hôtel qui propose des services à la hauteur des attentes de notre personnel. Nous comptons faire profiter 200 familles pour passer des vacances à Béjaïa», a-t-il confié.
Cela dit, les estivants ont l’embarras du choix. Ceux qui ne souhaitent pas louer les services proposés par les gérants des plages privées, peuvent s’installer en toute sécurité sur les deux autres tiers des plages concédées en concession, sans se voir obligés de louer des tables chez les parasoliers, une activité saisonnière qui n’est pas près de disparaître tout comme les parkings illicites. L’engouement des familles vers ces espaces prouve en tout cas que la demande sur ce type de plages existe, malgré les tarifs discutables des services proposés.
L’arrivée de ces enseignes hôteliers et autres investisseurs dans ce créneau est salué par de nombreux vacanciers qui privilégient en premier lieu l’hygiène, la qualité d’accueil et des services moyennant des tarifs qui, faut-il le dire, ne sont pas à la portée de tout le monde. «Etant fonctionnaire et père de 3 enfants, je ne peux pas me permettre de louer tous les jours une tente ou des chaises transat à 1000 DA et 4000 DA, et de manger dans l’enceinte avec des prix supérieurs à ceux appliqués dans le commerce», dira un père de famille.
Pour une autre catégorie d’estivants, les formules proposées, même sur un long séjour, conviendrait parfaitement. À l’intérieur de la surface concédée, les gérants proposent pour le confort des estivants des tables avec parasol et chaises, des tentes et des espaces solarium, la restauration, des sanitaires, des douches ainsi que des aires de jeux pour enfants. Chez d’autres concessions, on trouve même un barbier et une infirmerie, on y organise également des galas nocturnes et autres activités destinées aux enfants.
Activités aériennes et aquatiques
Loin du brouhaha des villes balnéaires et des plages surpeuplées, des groupes de vacanciers préfèrent quitter les sentiers battus, pour se rendre sur les hauteurs, en montagne pour aller découvrir des lieux peu visités jusqu’ici. Beaucoup donc on jeté leur dévolu sur des activités comme les randonnées pédestres qui les conduisent vers les féeriques chutes de Laâlam, de Darguina où des circuits touristiques peu connus même par les autochtones et qui méritent d’être aménagés et de figurer dans les prospectus des agences de voyage.
D’autres privilégiés optent pour des activités aériennes et aquatiques en s’inscrivant pour des balades en mer, à bord de bateau, de jet-ski ou en kayak au niveau de Boulimat et des Aiguades, pour un circuit à 2000 DA et jusqu’à 20 000 DA par personne ou en groupe. Des descentes en parapente depuis le sommet d’Aokas sont également organisées par des clubs de sports aériens et qui attirent de plus en plus d’amateurs des sensations fortes. Pour ceux qui privilégient «le tourisme rural» et de découvrir des aspects de «l’agrotourisme», des fermes et des villages authentiques sont également ouverts au public, comme la ferme de Djerba, à Boulimat, ou le village ancien de Djebla, à Beni Ksila.