Reporters sans frontières (RSF) a fermement condamné l’expulsion de deux journalistes espagnols par les autorités d’occupation marocaines à Dakhla, dans la partie occupée du Sahara occidental. Les deux reporters s’étaient rendus sur-place pour enquêter sur la situation des droits de l’homme dans la région, mais ont été expulsés avant d’avoir pu mener leur mission.
Dans un communiqué, RSF a révélé que Francisco Carrion, du journal El Independiente, et José Carmona, de Publico, ont été contraints de quitter Dakhla par les autorités marocaines, alors qu’ils réalisaient un reportage sur les conditions de vie de la population sahraouie.
L’organisation a dénoncé cette expulsion arbitraire, soulignant qu’ils ont été sanctionnés «pour avoir exercé leur métier de journaliste». Le communiqué précise que leur voyage avait été motivé par le lancement, depuis le 8 janvier, de nouvelles liaisons aériennes directes par Ryanair vers Dakhla, une initiative perçue comme une tentative de normalisation de l’occupation marocaine, en violation du droit international.
José Carmona a été le premier à tenter d’accéder au territoire, le 18 janvier, accompagné de deux membres de la Coordination d’Etat des associations de solidarité avec le Sahara (CEAS-Sahara). «Dès notre arrivée, nous avons réalisé que nous étions sous surveillance constante de la police marocaine», a-t-il confié à Publico, décrivant une camionnette qui les suivait en permanence.
Alors qu’ils réalisaient un entretien dans une maison, les forces d’occupation marocaines ont fait irruption et les ont contraints, sous la menace, à monter dans un taxi avant d’être expulsés de la ville sur ordre du gouvernement marocain. Après avoir été forcés de quitter Dakhla, ils ont dû rester à Agadir jusqu’au lundi suivant, avant de regagner Madrid.
Malgré cette expulsion, Francisco Carrion a tenté à son tour de se rendre à Dakhla le 5 février, mais il a été immédiatement arrêté à son arrivée à l’aéroport. Il a été interrogé par les forces d’occupation, son passeport confisqué – ne lui ayant été rendu qu’à son retour à Madrid – et il a été contraint de signer un document officialisant son expulsion.
RSF a dénoncé ces pratiques comme une nouvelle tentative du Maroc d’imposer un blocus médiatique sur le Sahara occidental occupé, empêchant les journalistes d’accéder au territoire afin de cacher la répression exercée contre le peuple sahraoui.