Sabah Ferdi. Chercheuse et archéologue : «L’IA ne remplace pas l’expertise humaine»

18/11/2024 mis à jour: 20:56
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La chercheure émérite au CNRA (Centre national de recherches archéologiques), Ferdi Sabah, représentante algérienne de la rive sud de la Méditerranée, a été  conviée à  participer à  la dernière conférence du COMEN (Colloques interculturels méditerranéens), une manifestation culturelle organisée à Naples (Italie) du 13 au 15 octobre 2024, sous le thème : «Intelligence artificielle et les scénarios possibles, seront-ils un monde meilleur ?»  L’archéologue algérienne, qui participe pour la seconde fois, a mis l’accent dans sa conférence sur l’antiquité classique, l’IA et le dialogue interculturel. 
 

 

Propos recueillis par M’hamed H.

 

L’utilisation de l’intelligence artificielle est-elle fiable pour les sciences du patrimoine ?

L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans les sciences du patrimoine et de l’Antiquité classique peut être utile, mais doit être abordée avec prudence. L’IA peut être un outil puissant pour analyser de grandes quantités de données, identifier des motifs et générer des hypothèses. Dans le domaine de l’archéologie, par exemple, l’IA peut aider à la cartographie des sites, à l’analyse des artefacts et même à la reconstruction de monuments anciens. Cependant, il est important de reconnaître les limites de l’IA dans ce contexte. Les données disponibles sur le patrimoine matériel et notamment dans les sciences de l’Antiquité classique peuvent être fragmentaires, sujettes à l’interprétation et souvent incomplètes. Par conséquent, l’IA peut fournir des résultats intéressants, mais ceux-ci doivent être examinés et évalués par des chercheurs spécialises dans le domaine. L’utilisation de l’IA peut fournir des indications et des perspectives nouvelles, mais elle ne peut pas remplacer le jugement et l’expertise humains dans l’interprétation des données historiques et archéologiques. 

L’IA est un outil précieux pour aider à la restitution des environnements du passé antique de plusieurs manières ; d’abord par la reconnaissance d’objets et de motifs ; les algorithmes d’apprentissage automatique peuvent être formés pour reconnaître des objets spécifiques dans des images, ce qui peut être utile pour identifier des artefacts dans des fouilles archéologiques ou pour reconstruire des environnements anciens à partir de représentations artistiques. L’IA peut analyser de grandes quantités de données, telles que des textes historiques, des relevés topographiques ou des données archéologiques, pour identifier des modèles et des tendances qui peuvent aider à reconstituer des environnements anciens. En utilisant des techniques de modélisation 3D et de rendu graphique avancées, l’IA peut participer a recréer des environnements anciens de manière virtuelle. Cela peut permettre aux chercheurs et au grand public d’explorer et d’interagir avec ces environnements comme s’ils étaient réels. L’IA peut être également utilisée pour traduire et analyser des textes anciens, ce qui peut fournir des informations supplémentaires sur les environnements et les événements du passé. Enfin, l’IA peut être employée pour simuler des processus historiques, tels que l’évolution des villes ou des paysages, ce qui peut aider à mieux comprendre la manière dont les environnements du passé ancien ont pu être formés et évoluer au fil du temps. En combinant ces différentes approches, l’IA peut apporter une contribution significative à la restitution des environnements du passé antique, en aidant les chercheurs à mieux comprendre et à visualiser ces environnements de manière plus précise. Cependant, il est important de noter que l’IA ne remplace pas l’expertise humaine et doit être utilisée de manière critique en combinaison avec d’autres méthodes de recherche.


L’IA peut-elle aider au dialogue entre les différentes cultures ?

L’intelligence artificielle peut jouer un rôle crucial dans la promotion du dialogue interculturel, la prévention des conflits et la promotion de la paix. Les cultures peuvent être pluralistes et sont continûment conflictuelles entre elles, et certaines peuvent exercer une influence dominante sur d’autres. Dans ce contexte, l’intelligence artificielle peut jouer un rôle important pour favoriser le dialogue interculturel et faciliter la communication entre des cultures diverses de plusieurs façons dans la reconnaissance et le respect de la diversité culturelle, dans la facilitation de la compréhension mutuelle et la réduction des malentendus et les préjuges, dans la promotion de la diversité dans les médias et la culture et dans la facilitation de la collaboration interculturelle. 

En intégrant ces principes dans le développement et l’utilisation des technologies de l’IA, il est possible de favoriser un dialogue interculturel plus inclusif et une communication plus facile entre des cultures diverses, contribuant ainsi a promouvoir la compréhension mutuelle, le respect et la coopération à l’échelle mondiale. Cependant, il est crucial de veiller à ce que l’utilisation de l’IA soit éthique et respectueuse des droits fondamentaux, et de prendre en compte les préoccupations liées à la vie privée et à la sécurité lors de son déploiement.    

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