Une importante zone de libre-échange est le grand espoir pour l’Afrique pour amorcer son développement. Ce marché, qui concerne 1,3 milliard de personnes, serait susceptible de devenir le plus grand marché mondial avec un PIB combiné de 3400 milliards de dollars. Il faut rappeler, selon la Banque mondiale, d’ici 2035, il y a nécessité de créer en Afrique 18 millions d’emplois supplémentaires et sortir jusqu’à 50 millions de personnes de l’extrême pauvreté. Actuellement, le commerce intra-africain ne représente que 15% des échanges totaux du continent. La Zone de libre-échange, dite Zlecaf, devrait favoriser les investisseurs et améliorer le commerce intra-africain, qui ne représente que 15% des échanges totaux du continent. Il faut dire que les conflits entre Etats, les affrontements ethniques et les agissements du terrorisme intégriste ont sensiblement aggravé les difficultés historiques du continent. Sont venus s’ajouter les impacts de la dernière pandémie de Covid-19 et les retombées de la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Dans cette zone de libre-échange, le projet qui occupera une place de choix sera sans conteste la route transsaharienne, qui devra désenclaver les zones isolées et booster le commerce entre une dizaine de pays. Elle doit traverser l’Algérie sur 3400 km, le Mali sur 1974 km, le Niger sur 1635 km, le Nigeria sur 1131 km, le Tchad sur 900 km et enfin la Tunisie sur 900 km. L’Algérie, le Niger, la Tunisie ainsi que le Nigeria ont achevé leurs sections s’étendant sur un total de 7066 km, le Nigeria a d’ailleurs innové en aménageant la moitié de sa section en voie rapide. Le Mali a réalisé 1236 km de route bitumée sur un programme prévoyant le revêtement de 1974 km. Le Tchad, qui devra achever sa part, est encore loin d’avoir finalisé sa section.
S'il y a un volume d’échanges commerciaux faible entre les pays sahéliens et ceux du Maghreb, le Niger enregistre 20% de ses échanges commerciaux avec le Nigeria tandis que le Mali est le principal exportateur en coton et en riz des pays sahéliens. La Mauritanie est un fournisseur majeur en produits de la pêche (20% du total de ses volumes d’exportation) et en minerai de fer (55% du volume total de ses exportations). L’Algérie et la Tunisie, quant à elles, ont un important commerce entre elles mais devraient améliorer leur commerce grâce à la route transsaharienne.
LA route chère à boumediène
Dans sa tranche en Algérie, il ne reste plus de 7 km sur les 2300 km réalisés des 10 000 km de cette rocade stratégique, dont le coup d’envoi a été donné le 22 juin 1978 par le défunt président Houari Boumediène. Globalement, la route traverse dix wilayas. Elle est en outre longée par un câble de fibre optique qui permettra d’introduire et d’améliorer la numérisation dans les pays africains concernés. La seconde étape, du moins celle qui concerne les tronçons achevés, est la mise en place des mécanismes de gestion économique de la route. Il s’agira de lever les entraves susceptibles d’être rencontrées par les transporteurs de marchandises entre les pays. En Algérie, le projet est suivi par un comité de liaison de la route transsaharienne, qui deviendra un comité économique de coordination avec les pays concernés pour trouver des mesures de facilitation des échanges depuis les ports jusqu’au plus profond de l’Afrique. Le projet a été évoqué dès les années 1960.
L’autre grand projet majeur au niveau du continent africain est le gazoduc entre le Nigeria et l’Algérie, ambitionnant de transporter à terme des milliards de mètres cubes en passant par le Niger. L’Algérie pourra ensuite envoyer vers les pays de l’Union européenne ce gaz nigérian. Le gazoduc aura une longueur de 4128 km, dont 1037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2310 km en Algérie. Ce gazoduc améliorera considérablement la part de l'Afrique dans la consommation énergétique de l’Europe. Il est concurrencé par un projet entre le Nigeria et le Maroc, mais jugé irréalisable car estimé, selon l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), a plus de 30 milliards de dollars d’investissement et plus de 15 années pour la réalisation.
Selon une étude publiée fin janvier dernier par le Forum des pays exportateurs de gaz, la production de gaz naturel en Afrique devrait doubler d’ici à l’année 2050. Le continent serait susceptible d’attirer des investissements de l’ordre 1700 milliards de dollars dans l’amont gazier (exploration préliminaire jusqu’à l’extraction des ressources gazières). Les investissements devraient également prendre en charge la progression de la consommation locale. Celle-ci devrait enregistrer une croissance de 152% pour atteindre 415 milliards de mètres cubes en 2050 sous l’effet de l’accélération de la croissance économique et de l’augmentation de la population urbaine.