Bien qu’un semblant de dynamique s’était installé dans le secteur automobile au tout début de l’année dernière, à travers lequel beaucoup d’espoir avait été nourri pour un retour à la normale, l’activité au cours de l’année 2024 a connu un rythme en dents de scie.
L’arrêt inattendu des importations de véhicules neufs dans le cadre de l’exercice de l’année 2024, les lenteurs administratives liées aux opérations de dédouanement et, par conséquent, le retard dans les livraisons de commande des clients signent, comme indiqué par les spécialistes du domaine automobile, un rétropédalage. La situation qui prévaut est pénalisante à bien des égards.
D’abord, les représentants de marque qui, à défaut de recevoir leur quota de véhicules qui fait tourner la machine économique risquent de mettre la clé sous le paillasson pour des raisons de non rentabilité. Bien qu’il soit encore tôt pour le dire, il n’en demeure pas moins que la plupart de ces opérateurs se maintiennent à perfusion au vu des changements actuels. Sous un autre angle, il y a aussi le client qui peine à se faire livrer son véhicule. A en croire les témoignages de certains clients, les commandes de véhicules effectuées chez des concessionnaires depuis plus de quatre mois n’ont toujours pas été livrées.
Dans tout ce magma incohérent, il reste à dire que le client est le maillon faible de la chaîne de l’activité automobile. Une réalité qui impose aux clients, ayant déjà effectué leur commande, un choix cornélien : celui de patienter jusqu’à la livraison des véhicules ou renoncer à la commande avec les conséquences qui en découlent.
Ce sont autant de préoccupations qui alimentent le débat depuis quelques mois. C’est dans ce sillage qu’un parlementaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Azzedine Zehouf, a saisi, dans un courrier officiel datant du 17 juillet, le ministère de l’Industrie et de la Production Pharmaceutique sur la nécessité de prendre des mesures urgentes pour trouver les mesures nécessaires à ces problèmes, et, en parallèle, obliger les concessionnaires automobiles à respecter les clauses des contrats, notamment en ce qui concerne les garanties et les droits des citoyens sur les délais de livraison de véhicules.
Le député s’est interrogé également sur la possibilité de réévaluer les indemnités pour les concessionnaires en raison du préjudice subi par les consommateurs, actuellement fixées à 10% dans le cahier des charges. Le ministre de l’Industrie, Ali Aoun, a expliqué dans une réponse à notre lettre que son département avait mis en place des mesures concrètes pour remédier à la situation.
Les explications du ministère de l’Industrie
«En réponse à votre question écrite n°5164, M. le député Zehouf Azzedine, j'ai l'honneur de vous informer que le ministère de l'Industrie et de la Production pharmaceutique a publié un communiqué le 8 avril 2024, dans lequel tous les concessionnaires agréés étaient invités à respecter scrupuleusement les termes de leurs cahiers des charges, en particulier en ce qui concerne les délais de livraison, et à ne pas faire de fausses déclarations sur la disponibilité des véhicules.
En cas de non-respect de cet engagement, le ministère de l'Industrie et de la Production pharmaceutique prendra des actions légales et réglementaires, pouvant aller jusqu'au retrait de l'agrément.
De plus, le ministère a lancé une plateforme numérique dédiée aux réclamations visant à traiter les plaintes des citoyens qui n’ont pas reçu leurs voitures dans les délais impartis.
Cette plateforme vise à surveiller de près les opérations d’importation et de vente. Les concessionnaires agréés ont été convoqués par notre département ministériel et ont été informés de la manière d’utiliser cette plateforme efficacement et sur la manière de traiter les plaintes via cette plateforme, en mettant l’accent sur la nécessité de traiter toutes les plaintes dans les plus brefs délais».
Tel est le contenu de la réponse de M. Aoun. Donc, Il y a, semble-t-il, une tension permanente entre la volonté de répondre aux besoins du marché, d’une part, et celle de développer l’industrie locale pour s’affranchir des importations, d’autre part, tout cela dans un contexte où le véhicule reste une condition mobilitaire indispensable et les alternatives peinent à se développer.
Par Aziz Kharoum
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