Restructuration de la dette des pays à faible revenu : Les discussions du G20 patinent

19/07/2023 mis à jour: 03:33
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Photo : D. R.

Les accords de restructuration de la dette pour les pays à faible revenu ont été  l’une des priorités du groupe des vingt grandes économies, mais les discussions ont peu progressé.

La Chine, deuxième économie mondiale et principal bailleur de fonds de plusieurs pays d’Asie et d’Afrique en difficulté et à faible revenu, s’est jusqu’à présent opposée à un accord multilatéral commun sur la question, a rapporté hier la presse internationale. 

Plus de la moitié des pays à faible revenu sont proches du surendettement ou en situation de surendettement, soit deux fois plus qu’en 2015, a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen.

Mme Yellen a indiqué dimanche, en marge du G20, que l’accord sur la dette de la Zambie avait été «trop long à négocier» et ajouté espérer que le traitement de celle du Ghana et du Sri Lanka pourrait être «finalisé rapidement». 

Les grands argentiers du G20 se sont attaqués hier, selon l’AFP, à la réforme fiscale et aux bailleurs multilatéraux, sans grand progrès sur la restructuration de la dette, tandis que la Banque mondiale s’est alarmée des fractures croissantes entre pays riches et pays pauvres.

Les récentes crises, du Covid-19 à l’envolée du coût de la vie, ont entraîné 165 millions de personnes dans la pauvreté depuis 2020, a récemment affirmé l’ONU, qui appelle à une «pause» des remboursements des dettes des pays en développement afin d’inverser la tendance.

Le changement climatique fait le reste et expose à la crise des pays les plus pauvres et les moins à même de surmonter la situation. La ministre indienne des Finances, Nirmala Sitharaman, qui préside et accueille la réunion à Gandhinagar, dans l’Etat indien du Gujarat (ouest), a ouvert les débats lundi en rappelant aux dirigeants financiers que leur incombait «la responsabilité d’orienter l’économie mondiale vers une croissance forte, durable, équilibrée et inclusive».

Pour sa part, le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, s’est alarmé hier du danger de fracture, en l’absence de progrès dans la lutte contre la pauvreté. 

«Ce qui me tient éveillé la nuit, c’est la méfiance qui, en silence, divise le Nord et le Sud de la planète à un moment où nous avons besoin de nous unir», a déclaré M. Banga aux ministres, pendant leurs discussions sur les structures financières internationales.

Un rapport de l’ONU publié mercredi dernier note que quelque 3,3 milliards de personnes, soit près de la moitié de l’humanité, vivent dans des pays qui dépensent plus en paiement des intérêts de la dette que pour l’éducation ou la santé.

Le Pnud appelle ainsi à une «pause» pour rediriger le remboursement des dettes vers le financement de mesures sociales destinées à contrer les effets des chocs économiques, estimant que la «solution n’est pas hors de portée pour le système multilatéral».

En guise de réponse, la Banque mondiale envisage d’accroître sa capacité de prêt, notamment en levant des capitaux hybrides auprès des actionnaires, mais elle a déclaré que l’économie future ne pouvait pas reposer sur une expansion au détriment de l’environnement.

«La vérité est simple: nous ne pouvons pas endurer une autre période de croissance à forte intensité d’émissions» de CO2, a martelé M. Banga, Américain d’origine indienne qui a pris ses fonctions à la Banque le mois dernier, nommé par le président américain Joe Biden.

Selon les Etats-Unis, les efforts déployés pour réformer les bailleurs de fonds multilatéraux, tels que la Banque mondiale et les institutions régionales, pourraient débloquer 200 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. 

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