Restitution des archives algériennes : Lancement prochain d’une plateforme numérique

06/05/2024 mis à jour: 03:34
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Photo : D. R.

Une ère nouvelle s’ouvre pour les chercheurs algériens avec l’annonce imminente de la mise en service d’une plateforme numérique dédiée aux archives nationales. Cette initiative, saluée par la communauté universitaire, marque un tournant décisif dans l’accès à la mémoire collective du pays.

Cette avancée majeure a été révélée, hier, par Mohamed-Lahcen Zeghidi, professeur d’histoire à l’université d’Alger et coprésident de la commission conjointe d’historiens algériens et français «Histoire et mémoire», lors de l’ouverture d’un colloque national tenu à l’université Abdelhamid Mehri de Constantine sur «L’agression française contre l’identité et le patrimoine national».

Cette plateforme numérique, qui sera accessible dès la prochaine année universitaire, permettra aux chercheurs de consulter l’ensemble des archives algériennes numérisées par la commission. Cette initiative met fin à un véritable calvaire pour les chercheurs qui, jusqu’alors, devaient se contenter de sources fragmentaires et dispersées ou bénéficier d’une autorisation du ministère de la Défense française pour consulter les archives.

Ce n’est pas tout, a ajouté le même interlocuteur, car les chercheurs algériens pourront désormais consulter tout ce qui a été écrit sur l’Algérie au cours des XIXe et XXe siècles. 

La partie algérienne de la commission conjointe «Histoire et mémoire» ne ménage pas ses efforts pour reconstituer le patrimoine national pillé durant la colonisation française. Au-delà de la numérisation des archives, ses membres s’emploient à rapatrier les archives papier originales. «C’est notre engagement», a affirmé M. Zeghidi, soulignant la priorité accordée à la préservation de l’identité algérienne.

Les efforts de la commission ont déjà porté leurs fruits. Des progrès significatifs ont été réalisés, notamment dans la reconnaissance de la primauté de l’Algérie dans les échanges entre chercheurs algériens et français. La commission veille également à ce que les références documentaires soient hébergées en Algérie, tout en s’assurant du rapatriement des archives physiques et ne pas se contenter du numérique. 

Le combat pour la mémoire nationale est au cœur des préoccupations de la commission. M. Zeghidi a rappelé les crimes commis par la colonisation française dans le but d’anéantir l’identité algérienne. Il a souligné l’impossibilité d’une relation saine et prospère entre les deux pays tant que des pans entiers de la mémoire nationale demeurent spoliés et séquestrés en France.

Guidée par des directives claires, la commission déploie des efforts pour recouvrer le patrimoine volé par l’occupant. Un travail méticuleux de collecte d’informations scientifiques a été mené à travers des colloques et des rencontres. M. Zeghidi a rappelé les visées assimilationnistes de la colonisation française, qui s’est attaquée à l’identité algérienne dans ses dimensions multiples : langue, terre, culture, histoire et avenir.

La mobilisation de la commission a permis de récupérer plus de 2 millions de documents algériens datant d’avant 1830, ainsi que certains biens matériels. La cinquième réunion de la commission, prévue dans dix jours à Alger, permettra de définir la nature des trésors qui seront prochainement restitués à l’Algérie. 

Au-delà de la simple récupération d’archives, la commission mène une véritable «guerre pour la mémoire», comme l’a souligné M. Zeghidi. «Nous avons certes recouvré notre indépendance et notre liberté, mais une partie importante de notre souveraineté nous échappe encore, une partie essentielle de notre identité et de notre référence. Il s’agit de ces archives», a-t-il affirmé.

Et d’indiquer que le directeur général des Archives a promis de les rendre accessibles à tous les chercheurs pour l’obtention de n’importe quel document ou dossier nécessaires.

La première visite, qui sera organisée par la commission, a été accordée à l’université de Constantine. Il y aura également des bourses à l’étranger au profit des chercheurs, à condition qu’ils maîtrisent la langue étrangère. 

 

 

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