La célébration, demain, de la Journée nationale du Chahid sera une autre occasion d’interroger l’histoire et de mieux connaître le parcours de ses artisans dont le combat et le sacrifice ont rendu possible et inéluctable l’indépendance nationale.
Les nouvelles générations, contrairement à une idée reçue, sont avides de prendre connaissance et conscience du legs historique de leurs aînés qui ont mené des luttes ininterrompues jusqu’à mettre un terme à la nuit coloniale et recouvrer la souveraineté nationale. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit a annoncé, mercredi dernier, l’organisation prochaine d’un «séminaire sur la Mémoire et la problématique de l’écriture de l’histoire nationale», avec la participation de laboratoires de recherches spécialisés et d’experts issus des différentes universités du pays.
Cet engagement fort des autorités qui entendent faire contribuer tout le potentiel intellectuel et universitaire que compte le pays est extrêmement opportun et salutaire dans un contexte où les efforts de sauvegarde et de transmission de la mémoire ont longtemps pâti de contingences et d’événements internes et externes.
Lors des épreuves vécues par le pays, bien après l’accès à l’indépendance, les acteurs de la Révolution de Novembre 1954 ont continué à répondre à l’appel de la nation. Il faudra rappeler et, un jour examiner sous l’angle historique, leur mobilisation, pendant la chaotique et l’ultime décennie du siècle dernier, pour encadrer les forces patriotiques qui s’étaient levées pour maintenir et rendre pérennes les bases de la République. Les délégués à la sécurité étaient alors d'anciens moudjahidine et les effectifs des jeunes résistants étaient pétris des valeurs de patriotisme et d’attachement à l’idéal de liberté et de vie dans la communauté nationale.
C’est la symbolique de cette osmose qu’il faudra récréer et transmettre, à travers l’école et dans la vie publique, aux nouvelles générations.
L’aspect pédagogique et didactique doit prendre toute sa place dans les haltes historiques observées au cours de l’année. Les dates commémorées sont liées à des faits et à des personnes qui, à un moment précis de l’histoire, ont pris l’envergure de héros. La Journée nationale du Chahid, célébrée le 18 février, rappelle ainsi la date de création de l’Organisation spéciale (OS) en 1947. Son premier président, Mohamed Belouizdad, fut parmi ceux qui jetèrent les bases de la lutte armée pour l’indépendance nationale. Il était âgé de 23 ans et mort trop tôt, en 1952, emporté par la maladie.
Son parcours et sa personnalité inspirante méritent d’être consignés dans les cours d’histoire. Des témoignages épars d’acteurs du Mouvement national attestent du rôle décisif et des valeurs exceptionnelles de ce jeune militant qui se consuma dans la préparation du combat libérateur.
De nombreux autres héros et héroïnes attendent d’être tirés de l’oubli, leur parcours relaté et leur sacrifice remémoré. Il n’est pas rare que la quête de leur biographie s’arrête aux structures et aux établissements baptisés de leur nom. Les commémorations ont parfois cette caractéristique de donner une plus grande résonance à des séquences historiques marquées d’un fort apport documentaire ou intellectuel d’Outre-Méditerranée.
Le silence était lourd, il y a quelques années, un jour commémorant une date historique, dans un village qui peut pourtant s’enorgueillir de compter parmi ses nombreux martyrs, une jeune héroïne qui réduisit, au prix de sa vie, un jour d’été 1957 à Alger, la soldatesque coloniale à sa portion criminelle.
En la défenestrant après l’avoir torturée, les derniers maillons du système colonial se mettaient définitivement hors de l’histoire.